![Zelensky appelle les Européens au sursaut face à Trump et la Russie](/images/bibli/1920/1280/2/afp2024110736lr2jvv1highrescombousvotediplomacytrumpzelensky.jpg)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé samedi ses alliés européens au sursaut face à la Russie pour éviter un accord forgé par les Américains "dans le dos" de l'Ukraine.
"Je crois vraiment que le moment est venu de créer les forces armées de l'Europe", a exhorté le dirigeant dans un discours à la conférence de Munich sur la sécurité, devant un parterre de responsables politiques internationaux.
"Le temps où l'Amérique soutenait l'Europe simplement parce qu'elle l'avait toujours fait est révolu", a-t-il prévenu.
Sans concertation avec les Européens, qui soutiennent Kiev depuis trois ans aux côtés des États-Unis, le président américain Donald Trump a eu un premier entretien cette semaine avec son homologue russe Vladimir Poutine. Et s'il en a informé Volodymyr Zelensky, il n'a pas cherché à s'entendre au préalable avec lui sur une stratégie de négociation.
Ces initiatives inquiètent les partenaires traditionnels de Washington. Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron a convié des dirigeants européens à une réunion lundi à Paris, a annoncé Varsovie qui sera représentée.
Le chef de l'Otan, Mark Rutte, a également confirmé sa présence. Les Européens doivent montrer leur "utilité" s'ils veulent peser dans, a fait valoir le patron de l'Alliance qui ne cesse d'appeler le Vieux Continent à prendre en main sa défense.
"Nous perdons tous."
Les dirigeants de l'UE sont convaincus que la sécurité du continent se joue dans de futurs pourparlers sur l'Ukraine que l'administration américaine veut accélérer, mais ils peinent à imposer leur voix.
Lors de leur conversation, le locataire de la Maison-Blanche "n'a pas mentionné une seule fois que l'Amérique a besoin de l'Europe à la table des négociations", a mis en garde Volodymyr Zelensky. "Trump n'aime pas les amis faibles, il respecte la force", a-t-il souligné.
Face au risque d'être marginalisés, "je vous exhorte à agir pour votre propre bien", a lancé le président ukrainien. "L'Amérique n'offrira pas de garanties (de sécurité) à moins que les propres garanties de l'Europe ne soient solides", a-t-il insisté.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a réagi sur X en estimant que "l'Europe a besoin de toute urgence de son propre plan d'action concernant l'Ukraine et notre sécurité, sinon d'autres acteurs mondiaux décideront de notre avenir".
Mark Rutte a assuré que les dirigeants européens "entraient maintenant dans la phase de planification concrète" de garanties de sécurité possibles pour l'Ukraine.
Pour M. Zelensky, il ne faut "pas de décisions sur l'Ukraine sans l'Ukraine, pas de décisions sur l'Europe sans l'Europe", car "si nous sommes exclus des négociations concernant notre propre avenir, alors nous perdons tous".
Il a annoncé avoir refusé de signer un accord avec les États-Unis portant sur des minerais ukrainiens, estimant qu'il ne "protégeait pas" à ce stade son pays et devait comporter "des garanties de sécurité" pour l'Ukraine.
Les Américains cherchent à boucler un tel accord sur les minerais ukrainiens qui permettrait de "rembourser", en partie, les États-Unis pour l'aide fournie à Kiev.
"Pas suffisant"
Selon lui, le président russe Vladimir "Poutine ne peut pas offrir de réelles garanties de sécurité, pas seulement parce que c'est un menteur, mais parce que le pouvoir russe dans son état actuel a besoin de la guerre pour se maintenir".
Son avertissement vaut aussi pour Donald Trump: Vladimir Poutine "essaiera de faire en sorte que le président américain se tienne sur la Place Rouge le 9 mai (jour des célébrations en Russie de la victoire sur l'Allemagne nazie, ndlr) non pas comme un leader respecté, mais comme un gadget dans sa propre performance".
Il n'a cependant révélé aucun détail de sa première rencontre, vendredi, à Munich avec le vice-président américain JD Vance.
"Ce n'est pas une perte de temps", mais "ce n'est pas suffisant", et "nous devons parler davantage", a juste dit le président ukrainien, qui réclame à Washington "un plan" concerté avec les Européens avant toute discussion avec la Russie.
L'armée russe a revendiqué samedi la prise d'une nouvelle petite localité dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, où ses troupes progressent face aux forces de Kiev moins nombreuses et moins équipées.
Zelensky refuse un accord avec Washington sur les minerais
De plus, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi avoir refusé de signer un accord avec les États-Unis portant sur des minerais ukrainiens, estimant qu'il ne "protégeait pas" à ce stade son pays.
"Je n'ai pas autorisé les ministres à signer l'accord parce qu'il n'est pas prêt. À mon avis, il ne nous protège pas", a-t-il déclaré en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, ajoutant qu'un tel accord devait comporter "des garanties de sécurité" pour l'Ukraine.
Mais "je ne vois pas encore dans le document ce lien" entre minerais et protection, a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a déclaré jeudi qu'il espérait parvenir à un accord sur les minerais ukrainiens qui permettrait de "rembourser", en partie, les États-Unis pour l'aide fournie à l'Ukraine afin de financer la guerre contre la Russie.
"Une partie de cet argent servira à rembourser le contribuable américain pour les milliards de dollars qui ont été dépensés dans ce pays", a-t-il déclaré au lendemain de l'appel téléphonique entre Trump et Vladimir Poutine qui a rebattu les cartes de la guerre en Ukraine.
Une autre partie "sera réinvestie en Ukraine pour reconstruire tout ce qui a été détruit", avait affirmé M. Rubio.
Donald Trump, qui critique depuis longtemps les aides américaines envoyées à l'Ukraine depuis le début de la guerre avec la Russie, a laissé entendre au début du mois qu'il souhaitait un accord sur l'accès aux ressources minières ukrainiennes comme condition au maintien du soutien des États-Unis.
L'Ukraine possède d'importantes ressources en lithium et en titane qui sont essentielles pour les technologies de pointe, notamment l'aérospatiale et les véhicules électriques.
Avec AFP
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