Le cabinet de sécurité israélien discute de la trêve lundi après une visite de Rubio
Des Palestiniens déplacés marchent vers la ville de Gaza en traversant le corridor de Netzarim depuis le sud de la bande de Gaza le 27 janvier 2025. © Eyad Baba/ AFP

Le cabinet israélien doit se réunir lundi pour discuter de la suite de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, et a annoncé envoyer des négociateurs au Caire, après des entretiens à Jérusalem avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio.

M. Rubio, qui doit se rendre lundi en Arabie saoudite, a affiché un front uni avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou face à leurs ennemis communs.

"Le Hamas ne peut pas rester une force militaire ou gouvernementale (...) il doit être éliminé", a souligné le secrétaire d'État. M. Netanyahou lui a fait écho en menaçant d'ouvrir les "portes de l'enfer" au Hamas et de "finir le travail" avec l'Iran, allié du mouvement palestinien.

Coup sur coup, le bureau de M. Netanyahou a annoncé une réunion du cabinet de sécurité lundi pour discuter de la deuxième phase de l'accord de trêve, censée déboucher sur la libération de tous les otages et une fin définitive de la guerre.

Et l'envoi d'une équipe de négociateurs israéliens lundi au Caire, afin de discuter de la poursuite de l'application de la première phase de l'accord.

Celle-ci est entrée en vigueur le 19 janvier après 15 mois de guerre  à Gaza. 

La trêve a failli voler en éclats il y a quelques jours après des menaces du Hamas de suspendre les libérations d'otages et d'Israël de reprendre la guerre, les deux camps s'accusant de violations de l'accord.

Mais après des efforts des médiateurs qatari et égyptien, le Hamas a libéré samedi trois otages israéliens et Israël 369 prisonniers palestiniens, le sixième échange depuis le 19 janvier.

"Dépravation" 

Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 70 sont encore retenues à Gaza dont au moins 35 mortes selon l'armée.

M. Rubio a condamné le fait que le Hamas détient toujours des cadavres d'otages à Gaza. "Le fait que ces terroristes continuent à détenir des otages et même des cadavres témoigne de leur dépravation", a-t-il affirmé.

Ce mouvement "joue avec le feu" en ne libérant pas tous les otages, a dit le secrétaire d'État, qui effectue sa première tournée au Moyen-Orient devant aussi le mener aux Émirats arabes unis.

La première phase de la trêve, qui s'achève le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1.134 Palestiniens. Au total, 33 otages, dont huit décédés, doivent être remis à Israël durant cette phase en échange de 1.900 détenus palestiniens.

Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis octobre 2023, doit en outre permettre l'entrée d'une aide humanitaire accrue à Gaza, lors de cette même phase, selon les termes de l'accord.

Une phase finale est dédiée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars.

Mais signe de la fragilité de cette trêve, le Hamas a accusé dimanche Israël de "grave violation" après une frappe qui a tué trois policiers à Gaza. L'armée israélienne a dit avoir ciblé des "hommes armés".

Le mouvement palestinien accuse aussi Israël de bloquer l'entrée dans Gaza en ruines de préfabriqués et d'équipements de déblaiement des décombres, une "déclaration explicite d'échec de l'accord" de trêve, selon le Hamas.

Considérablement affaibli, le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l'Union européenne, est toutefois encore loin d'être anéanti, selon des experts.

 "Source d'instabilité" 

Évoquant une "stratégie commune" avec M. Trump pour l'avenir de Gaza, M. Netanyahou a de nouveau salué sa proposition de prendre le contrôle du territoire palestinien et d'en déplacer ses quelque 2,4 millions d'habitants vers l'Égypte et la Jordanie. Un projet rejeté par ces deux pays et plusieurs autres États du monde.

"Nous nous efforcerons de faire en sorte que cette vision devienne réalité", a dit M. Netanyahou malgré le tollé international.

Israël a occupé la bande de Gaza de 1967 à 2005 avant de la soumettre à un blocus total après que le Hamas y a pris le pouvoir. Il continue d'occuper depuis 1967 le territoire palestinien de Cisjordanie et Jérusalem-Est.

M. Netanyahou a en outre averti qu'Israël, avec le soutien des États-Unis, "finira le travail" contre l'Iran, qualifié par M. Rubio de plus grande "source d'instabilité" dans la région.

Durant la visite du secrétaire d'État, Israël a annoncé la réception d'une cargaison de "bombes lourdes" américaines, débloquée par l'administration Trump.

Par Léon BRUNEAU et Benoît FINCK, AFP

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