Zelensky accuse Trump de vivre dans un \
Cette combinaison d'images, créée le 12 février 2025, montre (de gauche à droite) le président américain Donald Trump le 10 février 2025 à Washington, DC, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Varsovie, Pologne, le 15 janvier 2025. © AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé mercredi que son homologue américain vivait "dans un espace de désinformation" russe, après les critiques acerbes de Donald Trump qui ont repris la rhétorique du Kremlin, dans un contexte de rapprochement russo-américain.

Cette joute verbale intervient alors que l'émissaire du président américain pour l'Ukraine, Keith Kellogg, est arrivé à Kiev mercredi pour "écouter les préoccupations" des Ukrainiens.

Elle soulève des inquiétudes quant à une éventuelle rupture entre Kiev et Washington, au moment où les États-Unis ont entamé des pourparlers directs avec Moscou. Les ministres des Affaires étrangères des deux puissances se sont rencontrés mardi pour la première fois depuis le début de la guerre, en Arabie Saoudite.

Lors de cette rencontre, les deux pays ont convenu de négocier sur l'Ukraine sans inviter Kiev ni les Européens, qui redoutent désormais un accord qui pourrait se faire à leur détriment.

"Le président Trump, que nous respectons beaucoup (...) malheureusement, vit dans cet espace de désinformation", a déclaré M. Zelensky lors d'une conférence de presse à Kiev, affirmant que cette "désinformation" provenait de la Russie.

Il a également accusé l'administration américaine d'aider Vladimir Poutine à "sortir d'années d'isolement" vis-à-vis de l'Occident, le président russe ayant été traité en paria par les Occidentaux depuis le début de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

M. Zelensky a été la cible, mardi, d'attaques verbales inédites de la part de Donald Trump, qui a remis en question sa légitimité, sa volonté de trouver une issue au conflit et l’a semblé tenir responsable de l’invasion de son pays par la Russie. Ces propos rappellent ceux du Kremlin.

Dans des déclarations qui ont choqué en Ukraine, Trump a accusé le président ukrainien d’être impopulaire, critiqué l’absence d’élections et affirmé qu’une partie de l’aide américaine avait été détournée.

Garanties de sécurité

Malgré ces attaques, Volodymyr Zelensky reste soutenu par 57% des Ukrainiens, selon un sondage réalisé début février par l’Institut international de sociologie de Kiev et publié mercredi. M. Trump, quant à lui, avait affirmé que la cote de confiance de son homologue ukrainien était de 4%.

Le mandat de M. Zelensky aurait dû expirer en mai 2024, mais l’Ukraine n’a pas organisé d’élections en raison de la guerre et de la loi martiale, alors que des millions d’Ukrainiens ont fui à l'étranger et que 20% du territoire est sous occupation russe.

Si M. Trump a déclaré que Washington avait "donné 350 milliards" à l’Ukraine et accusé M. Zelensky de ne pas savoir "où était la moitié de l'argent", l’Institut économique IfW Kiel évalue l’aide américaine à 114,2 milliards de dollars depuis 2022.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a salué les critiques de Trump à l’égard de Zelensky et l’a qualifié de "pathétique". Il s’est aussi réjoui que le président américain "dise haut et fort" que l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine a causé la guerre, une position reprise par Moscou pour justifier son offensive.

La tâche de l’envoyé spécial américain

La mission d’explication revient désormais à l’envoyé spécial américain, Keith Kellogg, qui est arrivé mercredi matin à Kiev, par train depuis la Pologne. AdoptaNt un ton conciliant, il a exprimé sa compréhension des "garanties de sécurité" requises par l’Ukraine. "Une partie de ma mission est de m'asseoir et d'écouter vos préoccupations concernant les États-Unis", a-t-il ajouté.

M. Zelensky a précisé que des "garanties de sécurité" de la part des Occidentaux étaient nécessaires pour "mettre fin à la guerre" cette année.

Rapprochement russo-américain

Le président ukrainien avait indiqué le week-end dernier vouloir emmener Keith Kellogg sur le front pour qu'il "en parle au président Trump".

Les préoccupations ukrainiennes sont nombreuses depuis les discussions russo-américaines de mardi à Ryad, qu’il a qualifiées de pourparlers "sur l’Ukraine sans l’Ukraine".

Il a insisté pour que l’Ukraine, l’Union européenne, la Turquie et le Royaume-Uni soient inclus dans les discussions.

Lors de ces pourparlers, Russes et Américains ont jeté les bases de la normalisation de leurs relations, en convenant de créer un "mécanisme de consultation" pour résoudre leurs différends et en nommant des négociateurs pour l’Ukraine, un processus excluant à ce stade Kiev et les Européens.

Au-delà de l’Ukraine, la Russie souhaite discuter de la sécurité en Europe, exigeant un recul de l'OTAN, qu’elle considère comme une menace existentielle.

Le Kremlin a jugé mercredi que ces discussions représentaient un "pas très, très important" vers un "règlement pacifique" du conflit en Ukraine.

Réunion des dirigeants européens à Paris

Tenus à l’écart, des dirigeants européens et du Canada doivent se réunir à Paris mercredi après-midi à l’invitation du président Emmanuel Macron, après une première rencontre lundi avec les principaux soutiens européens de l’Ukraine.

Sur le terrain, une attaque de drones russes a provoqué des coupures de courant massives dans la ville méridionale d'Odessa, laissant au moins 160 000 habitants sans chauffage ni électricité, y compris des écoles et des hôpitaux, selon les autorités locales.

Le gouverneur régional, Oleg Kiper, a indiqué que quatre personnes, dont un enfant, avaient été blessées.

Avec AFP.

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