Comment la Terre se prépare face au risque de collision d'un astéroïde ?
Cette image, fournie par la NASA le 31 janvier 2025, montre l'astéroïde 2024 YR4 tel qu'il a été observé par le télescope Magdalena Ridge 2,4 m de l'Institut de technologie du Nouveau-Mexique, le 27 janvier 2025. ©AFP PHOTO / NASA/MAGDALENA RIDGE 2.4M TELESCOPE/NEW MEXICO INSTITUTE OF TECHNOLOGY/RYAN

Depuis plusieurs années, les agences spatiales travaillent à protéger la Terre contre le risque de collision avec des astéroïdes, comme YR4, qui présente une faible probabilité de percuter notre planète en 2032. Voici un tour d’horizon des stratégies envisagées.

Estimé entre 40 et 90 mètres de large, YR4 a 3,1 % de chances de frapper la Terre le 22 décembre 2032, selon les calculs rendus publics mardi par la NASA.

Il s'agit du niveau de risque le plus élevé enregistré depuis le début de la surveillance des astéroïdes. Cependant, cette prévision est à considérer avec prudence, car elle repose sur des données préliminaires et pourrait évoluer, probablement à la baisse, dans les semaines et mois à venir, selon des experts interrogés par l'AFP.

Même si la probabilité de collision atteignait 100 %, "nous ne sommes pas sans défense", rappelle Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l'Agence spatiale européenne (ESA), auprès de l'AFP.

- Déviation par vaisseau spatial -

Pour tester la défense planétaire contre ce type de danger, la NASA a délibérément envoyé en 2022 un vaisseau percuter Dimorphos, un astéroïde de 160 mètres de diamètre, qui ne représentait cependant aucun risque pour la Terre.

La mission DART a réussi à dévier l'astéroïde, et une autre mission, Hera, a décollé en octobre dernier pour analyser les effets de l'impact sur sa structure.

Cette technique pourrait être utilisée pour percuter YR4 à plusieurs reprises et observer à chaque fois l'impact sur sa trajectoire, selon Bruce Betts, scientifique de la Planetary Society.

- Tracteur gravitationnel, ions et peinture -

Des méthodes plus subtiles, nécessitant une intervention suffisamment précoce, sont également envisagées par les scientifiques.

L'une de ces méthodes, appelée "tracteur gravitationnel", consiste à envoyer un vaisseau spatial à proximité de l'astéroïde et à utiliser l'attraction gravitationnelle pour modifier son orbite sans le toucher.

Une autre option serait de placer un engin spatial près de l'astéroïde, équipé de propulseurs pour éjecter un flux constant d'ions afin de dévier sa trajectoire, comme l'indique M. Moissl.

Une troisième approche plus douce consisterait à peindre en blanc l'une des faces de l'astéroïde pour exploiter l'"effet Yarkovsky", une faible poussée générée par l'écart entre l'absorption solaire et l'émission thermique par rayonnement. Cela modifierait légèrement sa trajectoire.

- Bombe atomique et lasers -

L'année dernière, des chercheurs américains ont testé en laboratoire la possibilité de faire exploser une bombe nucléaire à proximité d'un astéroïde, afin de vaporiser sa surface et de le propulser dans la direction opposée.

L'envoi d'armes nucléaires dans l'espace est considéré comme une solution de dernier recours pour les astéroïdes d'au moins un kilomètre de diamètre, susceptibles de provoquer des catastrophes mondiales, comme l'extinction des dinosaures.

Une idée similaire consiste à bombarder l'astéroïde avec des faisceaux lasers depuis un vaisseau spatial pour vaporiser une de ses faces et le repousser.

Bien que des expériences en laboratoire suggèrent que cette méthode soit viable, elle ne fait pas partie des "techniques principales" étudiées, selon M. Betts.

- Et si rien ne fonctionne ? -

Si nécessaire, dévier YR4 est "faisable, mais cela dépend de la rapidité avec laquelle nous réagirons en tant que planète", souligne M. Moissl.

Les agences spatiales et les scientifiques formuleront des recommandations, mais la décision finale sur la manière de gérer l'objet reviendrait aux dirigeants mondiaux.

Si toutes les options échouent, nous aurons tout de même une idée assez précise de la zone d'impact de l'astéroïde, qui ne représente pas un "tueur de planète" et qui, au pire, pourrait menacer une ville, selon M. Moissl.

Cela signifie que la préparation à l'impact, incluant éventuellement une évacuation si la zone est habitée, constituerait la dernière ligne de défense.

"Sept ans et demi, c'est long pour se préparer", estime Moissl, en rappelant qu'il y a environ 97 % de chances que l'astéroïde manque la Terre.

Avec AFP

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