
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé samedi à Londres pour des discussions avec le Premier ministre Keir Starmer, puis le roi Charles III et les alliés européens de Kiev, au lendemain de sa vive altercation avec Donald Trump.
"Nous sommes à Londres", a indiqué aux journalistes le porte-parole de M. Zelensky, Serguiï Nykyforov, ajoutant que la réunion avec Keir Starmer est prévue samedi en début de soirée avant la rencontre le lendemain avec le roi et le sommet avec les dirigeants européens.
La vive altercation ayant opposé vendredi à la Maison Blanche Donald Trump et Volodymyr Zelensky a très vite suscité de nombreuses réactions dans le monde. Alors que Moscou saluait ce moment "historique", des pays occidentaux réaffirmaient leur solidarité avec l'Ukraine.
Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte a affirmé samedi avoir demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky de "réparer" sa relation avec Donald Trump.
"Ce que j'ai dit au président Zelensky, c'est que +je crois, cher Volodymyr, que vous devez trouver un moyen de réparer votre relation avec Donald Trump et l'administration américaine+", a déclaré Mark Rutte sur la BBC. "Nous devons rester ensemble, les Etats-Unis, l'Ukraine et l'Europe pour apporter à l'Ukraine une paix durable", a-t-il ajouté.
L'Union européenne a assuré le président Zelensky de son soutien indéfectible en lui disant: "Vous ne serez jamais seul."
"Soyez forts, soyez courageux, n'ayez pas peur", ont écrit les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil Antonio Costa, disant à M. Zelensky: "Nous continuerons à travailler avec vous pour une paix juste et durable."
"Aujourd'hui, il est devenu clair que le monde libre a besoin d'un nouveau leader. C'est à nous, Européens, de relever ce défi", a exhorté de son côté la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas.
La cheffe de la diplomatie allemande a jugé urgent samedi que l'Allemagne et l'Union européenne assouplissent leurs règles budgétaires afin de dégager des moyens supplémentaires pour renforcer leur défense et aider l'Ukraine.
Dans une allocution télévisée réagissant à l'altercation Trump-Zelensky, Annalena Baerbock a appelé à "plus de flexibilité dans le Pacte de stabilité et de croissance" de l'UE ainsi qu'une "réforme fondamentale du frein à l'endettement" ancré dans la constitution allemande pour "contribuer à ce que l'Ukraine puisse continuer à résister à l'agression russe, même sans la suppression annoncée ou possible du soutien américain".
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a pour sa part demandé à l'UE d'amorcer des négociations avec la Russie, menaçant le prochain sommet de blocage, dans une lettre envoyée samedi au président du Conseil européen Antonio Costa, obtenue par l'AFP.
"Je suis convaincu que l'Union européenne, à l'instar des Etats-Unis, devrait entamer des discussions directes avec la Russie sur un cessez-le-feu et une paix durable en Ukraine", a-t-il écrit dans ce courrier, dont l'authenticité a été confirmée par des diplomates européens.
Les réactions se sont succédées depuis vendredi. "Il y a un agresseur qui est la Russie, il y a un peuple agressé qui est l'Ukraine", avait déclaré le président français Emmanuel Macron à Porto (Portugal), où il achevait une visite d'Etat.
Mise en garde de Macron
Si le président russe Vladimir Poutine, qui a envahi l'Ukraine depuis 2022, n'est pas freiné, "il ira à coup sûr sur la Moldavie et peut-être au-delà sur la Roumanie", at-il prévenu dans un entretien à plusieurs titres de la presse dominicale.
"Je pense que nous avons tous eu raison d'aider l'Ukraine et de sanctionner la Russie il y a trois ans et de continuer à le faire", a-t-il ajouté.
Le "désengagement" éventuel des Etats-Unis de l’Ukraine "n’est pas dans leur intérêt", a estimé le président français dans l'hebdomadaire La Tribune Dimanche, car "ce qu’ont fait les Etats-Unis depuis trois ans est tout à fait conforme à leur tradition diplomatique et militaire". Si Washington acceptait de "signer un cessez-le-feu sans aucune garantie de sécurité pour l'Ukraine" alors sa "capacité de dissuasion géostratégique à l'égard de la Russie, de la Chine et d'autres, s'évanouirait le même jour", a-t-il fait valoir.
Depuis l’altercation spectaculaire à la Maison-Blanche, le président français a parlé à ses homologues américain Donald Trump et ukrainien Volodymyr Zelensky, a annoncé samedi l'Elysée.
Il s'est en outre entretenu avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui devait s’entretenir un peu plus tard avec le président ukrainien, le président du Conseil européen Antonio Costa et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte afin de préparer le sommet qui réunira une quinzaine de dirigeants européens dimanche à Londres pour réaffirmer le soutien à Kiev ainsi que le sommet extraordinaire de l'UE du 6 mars sur la défense.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a pour sa part appelé les Européens à passer "aux actes" pour assurer leur "sécurité collective" et soutenir l'Ukraine après la vive altercation à la Maison Blanche entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a fait savoir qu'il s'était entretenu avec MM. Trump et Zelensky. "Il garde un soutien indéfectible à l'Ukraine et fait tout ce qu'il peut pour trouver la voie vers une paix durable fondée sur la souveraineté et la sécurité de l'Ukraine", a indiqué une porte-parole.
Il "se réjouit d'accueillir dimanche des dirigeants internationaux, dont le président Zelensky", au sommet consacré à la guerre en Ukraine qu'il va organiser à Londres, a-t-elle ajouté.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a appelé à la convocation "sans délai" d'un "sommet" entre les États-Unis, l'Europe et leurs alliés sur l'Ukraine "pour parler franchement de la façon dont nous entendons affronter les grands défis d'aujourd'hui, en commençant par l'Ukraine, qu'ensemble nous avons défendue ces dernières années".
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a assuré le président ukrainien et ses compatriotes qu'ils n'étaient "pas seuls" dans un message publié peu après le clash historique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
"Chers @ZelenskyyUa, chers amis ukrainiens, vous n'êtes pas seuls", a ecrit Donald Tusk sur le réseau social X quelques minutes après le départ du président Zelensky de la Maison Blanche.
"Ukraine, l'Espagne est avec toi", a écrit le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Le dirigeant espagnol socialiste, qui a toujours activement soutenu l'Ukraine depuis l'invasion de ce pays par la Russie il y a trois ans, a promis lundi de débloquer cette année un nouveau plan de soutien militaire à Kiev, d'un montant d'un milliard d'euros.
"La Suisse reste fermement engagée en faveur d'une paix juste et durable, tout en condamnant l'agression de la Russie contre un État souverain." (Karin Keller-Sutter, présidente de la Confédération helvétique, sur X)
"Le soutien des Pays-Bas à l'Ukraine reste intact. Surtout maintenant", a déclaré le Premier ministre Dick Schoof. "Nous voulons une paix durable et la fin de la guerre d'agression que la Russie a déclenchée."
"La paix sans garanties n'est pas possible", a martelé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal. "Le président Zelensky a raison". "Un cessez-le-feu sans garanties est la voie vers l'occupation russe de tout le continent européen", a ajouté M. Chmygal.
D'autres pays occidentaux ont fait part de leur soutien à Kiev, le Canada soulignant que l'Ukraine se battait pour sa liberté mais aussi pour "la nôtre".
L'Australie et la Nouvelle-Zélande, proches alliés de Washington, ont fait part de leur solidarité avec l'Ukraine.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a affirmé que son pays "se tiendra aux côtés de l'Ukraine" aussi longtemps que nécessaire et dénoncé les "visées impérialistes" de Vladimir Poutine.
La Nouvelle-Zélande restera "inébranlable dans son soutien à l'Ukraine", pour défendre une "nation fière, démocratique et souveraine mais aussi le droit international", a souligné le Premier ministre néo-zélandais, Christopher Luxon.
Le Danemark s'est dit "fier d'être aux côtés de l'Ukraine et du peuple ukrainien, tandis que l'Irlande, par la voix de son Premier ministre Micheal Martin a souligné que "l'Ukraine méritait une paix durable et juste" dans l'"intérêt de tous".
"Une Suède unie est derrière nos amis en Ukraine", a également écrit le Premier ministre suédois Ulf Kristersson. "Slava Ukraini!" ("Gloire à l'Ukraine!").
Avec AFP
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