
Le président Donald Trump a ordonné une "pause" dans l'aide militaire des États-Unis à l'Ukraine en guerre contre la Russie, trois jours après l'altercation à la Maison Blanche avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, poussant mardi l'Europe à réagir.
L'Union européenne a ainsi dévoilé un plan, "pour réarmer l'Europe" de 800 milliards d'euros, tandis que Londres assurait rester "concentré" sur l'obtention d'une paix, que Paris toutefois s'inquiétait de voir s'éloigner.
Le Kremlin de son côté s'est félicité de la suspension de l'aide militaire américaine, la "meilleure contribution" pour la paix, à laquelle Kiev n'avait pas encore réagi en matinée.
"Nous faisons une pause et réexaminons notre aide pour nous assurer qu'elle contribue à la recherche d'une solution" au conflit entre l'Ukraine et la Russie, a déclaré lundi un responsable de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat.
"Le président a clairement indiqué qu'il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s'engagent eux aussi à atteindre cet objectif", a-t-il ajouté.
Il s'agit essentiellement de l'aide militaire déjà approuvée sous l'ancienne administration de Joe Biden et très largement soldée mais dont il reste encore des équipements et armes à livrer.
Donald Trump ne décolère pas contre M. Zelensky depuis leur rencontre vendredi à la Maison Blanche qui a tourné à l'affrontement verbal. Il a accentué lundi ses menaces contre le dirigeant ukrainien, qu'il suspecte de ne "pas vouloir la paix" avec la Russie.
Le président américain a aussi jugé dans la journée que son homologue ukrainien devrait être davantage "reconnaissant" pour l'aide des États-Unis. Mais il a aussi estimé que l'accord sur l'accès aux minerais ukrainiens, que M. Zelensky était censé signer à Washington vendredi dernier, pouvait encore être conclu.
Dans un entretien à la chaîne Fox News, le vice-président américain JD Vance a estimé pour sa part que le président ukrainien avait "montré un refus clair de s'engager dans le processus de paix".
À Bruxelles, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé un plan baptisé "réarmer l'Europe" qui va permettre de fournir "une aide "militaire immédiate" à l'Ukraine.
Ce plan aura la capacité "de mobiliser près de 800 milliards d'euros en dépenses d'armement pour une Europe sûre et résiliente", a-t-elle déclaré devant la presse.
Le premier "pilier" de ce plan prévoit de mettre quelque 150 milliards de prêts à disposition des 27 pays de l'UE pour financer le renforcement des capacités de défense en Europe.
Un sommet européen à Bruxelles jeudi sera consacré à l'Ukraine, aux questions de sécurité européenne, et examinera le nouveau plan.
"La pire chose"
À Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer reste "concentré sur l'obtention de la paix" en Ukraine et ne se laissera pas "distraire par des annonces", a assuré mardi la numéro 2 du gouvernement Angela Rayner.
"Il va continuer à dialoguer avec notre allié le plus ancien et le plus puissant, les États-Unis, et avec les partenaires européens, ainsi qu'avec l'Ukraine", a ajouté la vice-Première ministre.
Mais à Paris, le ministre français chargé de l'Europe Benjamin Haddad a estimé que la décision de Donald Trump "éloigne (la paix) parce qu'elle ne (fera) que renforcer la main de l'agresseur sur le terrain qui est la Russie".
Lundi, Volodomyr Zelensky a estimé sur X qu'il était "très important que nous essayions de "mettre fin à cette guerre le plus vite possible." Et, dans une vidéo, il a réitéré son appel à fournir à l'Ukraine des garanties de sécurité.
Réagissant plus tôt à une déclaration faite dimanche à Londres, dans laquelle M. Zelensky estimait "qu'un accord mettant fin à la guerre (était) très très lointain", Donald Trump l'avait menacé de "ne plus tolérer très longtemps" cette position.
"C'est la pire chose que Zelensky pouvait dire et l'Amérique ne va plus tolérer ça très longtemps", a écrit M. Trump sur son réseau Truth Social.
"Ce gars ne veut pas de paix tant qu'il a le soutien de l'Amérique", a déclaré Donald Trump, qui avait menacé vendredi de "laisser tomber" l'Ukraine.
L'avancée des Russes ralentit
Sur le terrain, la guerre continue de semer la mort et la dévastation.
Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a indiqué lundi qu'"un missile balistique Iskander-M avec munitions à fragmentation" avait frappé samedi un centre d'entraînement de l'armée de terre dans la région de Dnipropetrovsk, à plus de 100 km de la ligne de front, faisant "des morts et des blessés".
Selon un blogueur militaire ukrainien, entre 30 et 40 soldats ont été tués et jusqu'à 90 ont été blessés.
Par ailleurs, une infrastructure pétrolière a pris feu lundi soir dans la région russe de Rostov, frontalière de l'Ukraine, après une attaque de drones, a indiqué le gouverneur régional par intérim, Iouri Slioussar.
Mais, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), l'avancée russe dans l'est de l'Ukraine a de nouveau ralenti, avec un gain de seulement 389 km2 en février, après 431 km2 en janvier, 476 km2 en décembre et un pic à 725 km2 en novembre.
Par Léon BRUNEAU, AFP
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