Washington a eu des contacts directs avec le Hamas
La Maison Blanche ©Markus Stappen / Shutterstock.com

Les Etats-Unis ont eu des contacts secrets directement avec le Hamas, en consultation avec Israël qui a prévenu mercredi que sa mission de vaincre le mouvement islamiste palestinien à Gaza n'était pas terminée.

Cela rompt avec une politique de longue date qui veut que les Etats-Unis n'aient pas de pourparlers directs avec des groupes qu'ils considèrent comme terroristes, ce qui est le cas du Hamas depuis 1997.

Interrogée sur ces contacts directs, révélés en premier par le site Axios, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a répondu que l'envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, qui "est engagé dans ces négociations, a l'autorité de parler à n'importe qui".

"Israël a été consulté à ce sujet", a-t-elle ajouté, en se refusant à livrer des détails sur ces discussions arguant du fait que "des vies américaines sont en jeu".

"Lors des consultations avec les Etats-Unis, Israël a exprimé son opinion sur des discussions directes avec le Hamas", a fait savoir dans un communiqué succinct le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Selon Axios, l'envoyé spécial américain a tenu ces consultations au cours des dernières semaines à Doha, au Qatar.

Elles ont porté sur la libération des otages américains encore détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, au nombre de cinq, dont quatre sont confirmés morts et un serait vivant, selon un décompte de l'AFP.

Jusqu'à la "victoire"

Ces discussions ont aussi concerné d'une manière plus large la libération de tous les otages restants, ainsi que la possibilité d'un cessez-le-feu permanent, a ajouté le site, citant deux sources anonymes au fait des discussions.

De son côté, le nouveau chef d'état-major israélien, Eyal Zamir, a affirmé mercredi que la mission de vaincre le Hamas à Gaza n'était "pas encore terminée", à l'heure où la trêve dans le territoire palestinien semble menacée.

"Le Hamas a subi un coup dur, mais il n'est pas encore vaincu", a affirmé le lieutenant-général Zamir, 59 ans, en marge de sa prise de fonctions, tandis que M. Netanyahu s'est dit "déterminé à (remporter) la victoire".

Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza après une attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre 2023 par des commandos du Hamas infiltrés de Gaza dans le sud d'Israël voisin.

L'offensive israélienne a fait au moins 48.440 morts à Gaza, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien, où Israël assiège quelque 2,4 millions d'habitants depuis 17 mois.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

"Famine, arme de guerre"

Après 15 mois de guerre, un accord de trêve conclu via les médiateurs - Qatar, Egypte, Etats-Unis - est entré en vigueur le 19 janvier.

Mais le maintien du cessez-le-feu semble incertain, Israël et le Hamas s'opposant sur la façon de le prolonger après l'expiration de sa première phase.

Pendant cette phase, le Hamas a remis 33 otages et Israël a libéré quelque 1.800 Palestiniens. Israël a aussi autorisé l'entrée d'une aide humanitaire accrue à Gaza, avant de la bloquer dimanche sur fond de désaccord avec le Hamas sur la suite de la trêve.

Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame la "démilitarisation totale" du territoire, le départ du Hamas de Gaza et le retour des otages avant de passer à la deuxième phase.

Refus catégorique du Hamas, qui réclame l'application de la deuxième étape censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, et insiste pour rester dans la bande de Gaza où il a pris le pouvoir en 2007. Une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de Gaza.

En bloquant l'aide humanitaire à Gaza, Israël "utilise la famine comme arme de guerre", a protesté l'Afrique du Sud, à l'origine d'une plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice.

Berlin, Paris et Londres ont ensemble appelé Israël à laisser entrer l'aide et le Hamas à libérer les otages. "La fourniture de l'aide humanitaire ne saurait être (...) instrumentalisée à des fins politiques".

"Aucune chance"

Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 58 sont encore détenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Mercredi, les obsèques de l'otage Franco-Israélien Ohad Yahalomi dont le corps a été rendu le 27 février par le Hamas ont eu lieu au kibboutz Nir Oz.

"Seize ans de joie et de lumière, et cette lumière est maintenant éteinte", a dit en larmes, sa veuve, Bat-Sheva Yahalomi.

Réunis au Caire mardi, les dirigeants arabes ont adopté un plan pour la reconstruction de Gaza qui met de fait à l'écart le Hamas et prévoit un retour de l'Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le mouvement islamiste.

Mais Israël, qui exclut aussi tout rôle futur à Gaza pour l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée, l'a rejeté.

Le plan garantit, selon l'Egypte, le maintien des habitants de Gaza sur leur terre, une réponse au projet du président américain, Donald Trump, qui prévoit leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".

Avec AFP

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