Les représailles se multiplient face aux droits de douane de Trump
Un navire cargo rempli de conteneurs accoste au port de Los Angeles le 5 mars 2025, à San Pedro, en Californie, un jour après que le président américain Donald Trump ait lancé des droits de douane massifs contre le Canada, le Mexique et la Chine. ©Frederic J. Brown / AFP

L'Union européenne (UE), la Chine et le Canada ont annoncé mercredi des représailles pour répondre aux droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium voulus par Donald Trump et qui sont devenus effectifs à minuit.

Pour Ottawa, il s'agit de répondre à ces nouvelles taxes jugées "injustifiées et déraisonnables", selon le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, qui a annoncé 25% de droits de douane sur près de 30 milliards de dollars canadiens (18 milliards d'euros) d'importations américaines, concernant notamment les équipements sportifs, les produits en fonte ou les ordinateurs.

Le Canada, premier fournisseur des États-Unis pour l'acier et l'aluminium, rejoint ainsi Bruxelles et Pékin, qui avaient un peu plus tôt annoncé des représailles. La Chine a assuré être prête à prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits et intérêts légitimes", même si le marché américain n'est pas essentiel à ses exportations d'acier et d'aluminium.

La Commission européenne a de son côté annoncé qu'elle allait taxer une série de produits américains allant des bateaux au bourbon en passant par les motos, à partir du 1er avril.

L'UE "regrette profondément" les mesures décidées par le président Donald Trump, a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, estimant que la réplique européenne était "forte mais proportionnée".

Le représentant à la Maison Blanche pour le commerce (USTR), Jamieson Greer, a ensuite dénoncé les représailles européennes, estimant que Bruxelles était "déconnectée de la réalité".

Il a accusé l'UE d'avoir "rejeté les tentatives des précédents gouvernements américains pour lutter efficacement ensemble contre la surproduction mondiale d'acier et d'aluminium", insistant sur le fait que "les actions punitives de l'UE ne prennent pas en compte les impératifs de sécurité nationale des États-Unis, et de fait la sécurité internationale".

Le président américain avait déjà taxé les importations d'acier et d'aluminium durant son premier mandat (2017-2021), mais ces nouvelles taxes se veulent "sans exception et sans exemption", avait-il assuré lors de leur annonce, début février.

Le but affiché par le locataire de la Maison Blanche est de protéger l'industrie sidérurgique américaine, qui voit sa production baisser d'année en année, confrontée à une concurrence de plus en plus vigoureuse, provenant notamment d'Asie.

Outil protéiforme pour Trump

Ces nouvelles taxes vont plus loin que celles du premier mandat de M. Trump en couvrant aussi toute une gamme de produits transformés.

Les États-Unis importent environ la moitié de l'acier et de l'aluminium utilisés dans le pays, pour des secteurs aussi variés que l'automobile ou l'aviation, la pétrochimie ou les produits de consommation de base, tels que les conserves.

"Les deux industries les plus consommatrices d'acier aux États-Unis sont le secteur automobile et la construction, qu'il s'agisse de bâtiments résidentiels ou commerciaux", a souligné Clarke Packard, chercheur au Cato Institute.

Depuis le début de son mandat, Donald Trump a fait un usage extensif des droits de douane, les utilisant à la fois comme outil de négociations, incitation à l'implantation d'entreprises dans le pays et source de revenus pour les finances fédérales.

Il a d’abord annoncé que les importations en provenance du Canada et du Mexique seraient taxées à hauteur de 25%, et que les produits chinois seraient frappés par des droits de douane additionnels de 20%, accusant ces trois pays de ne pas agir suffisamment pour lutter contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde cause d'une grave crise sanitaire aux États-Unis.

Mais les produits canadiens et mexicains importés aux États-Unis et respectant le cahier des charges de l'accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (Aceum) - soit une large part des échanges avec ces deux pays -, ont finalement été exemptés jusqu'au 2 avril, date d'entrée en vigueur des droits de douane dits "réciproques".

Ceux-ci visent à taxer les produits provenant d'un pays lorsqu'ils entrent aux États-Unis au même niveau que le sont les produits américains arrivant dans ce pays.

Les droits de douane visant les produits chinois ont en revanche été maintenus, poussant Pékin à annoncer des représailles, visant en particulier des produits agricoles provenant d'États américains ayant largement voté pour Donald Trump.

Le président américain a également menacé brièvement mardi le Canada de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium avant de reculer dans la même journée.

D'autres matières premières, telles que le bois de construction ou les produits laitiers canadiens, ont été menacées et M. Trump a régulièrement répété, depuis sa prise de fonction le 20 janvier, son intention d'imposer des droits de douane aux importations européennes.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire