
Entre surcharge de travail, pression constante et manque de reconnaissance, de plus en plus de salariés jonglent avec plusieurs emplois et se retrouvent à bout de forces. Surmenage, fatigue, voire épuisement intense, ces symptômes deviennent de plus en plus courants, bien que cela ne signifie pas nécessairement un burn-out. Mais le cas échéant, qu'est-ce qui fait réellement basculer un employé dans l'épuisement total?
Un burn-out, c'est quoi?
Le burn-out, ou épuisement professionnel, est un phénomène de plus en plus reconnu dans le monde du travail. Cette condition, souvent silencieuse et progressive, touche de nombreux employés à travers le monde, qu'ils occupent des postes à haute responsabilité ou non.
“Un vendredi après-midi, j'ai éteint l'ordinateur, je me suis mis à suffoquer, j'avais du mal à respirer, je tremblais et, là, d'un seul coup, je me suis effondré.” C'est par ces mots que Stephan, 39 ans, décrit ce qu'il a vécu à l'époque où il était encore responsable des ventes dans un centre commercial. En mettant ainsi sa santé en danger, il a pris conscience de l'importance de prendre soin de soi et de faire des choses qui ont de la valeur à ses yeux.
Avant son burn-out, celui-ci se considérait comme un salarié impliqué, pas du genre à regarder sa montre. “J'étais un salarié engagé, j'arrivais le soir chez moi tard, je grignotais quelque chose, puis j’allais me coucher. Le matin, je me levais pour reprendre le travail, c'était la même routine chaque jour.”
Stephan passait alors très peu de temps à la maison ou à faire ce qu'il aimait. “Ma vie était entièrement rythmée par mon travail, même le week-end, je ne cessais de penser à ce que je pouvais faire de plus pour améliorer mes performances professionnelles”, confie-t-il.
Les éléments déclencheurs
Les entreprises sont souvent responsables du burn-out de leurs employés en leur attribuant des rôles qui manquent de sens et qui ne correspondent pas à leurs valeurs. Cette déconnexion crée un vide et réduit leur motivation, aggravant ainsi le stress. L'absence de soutien, de formation ou de ressources nécessaires renforce ce sentiment d'isolement et d'impuissance.
De plus, le manque de reconnaissance et des conditions de travail difficiles, comme des environnements bruyants ou insalubres, augmentent encore plus la pression. Les employés sont souvent confrontés à des tâches qu'ils ne peuvent accomplir efficacement en raison de l'insuffisance des outils et du soutien fournis.
L’ex-salarié évoque plusieurs facteurs ayant contribué à son épuisement: “Je me sentais très mal payé par rapport à mes responsabilités, à la fois au sein de l'entreprise et par rapport à l'industrie dans laquelle je travaillais. Il y avait aussi la surcharge de travail, avec énormément de tâches à accomplir en un temps très limité. Les projets étaient intéressants, jusqu'à ce qu'on me confie certains d'entre eux qui ont soudainement dérivé du cadre de mes valeurs.”
De son côté, Samar Sahyoun, coach de vie, appuie ces propos, affirmant que le burn-out “survient lorsque la personne tente de donner plus que ce qu'elle peut, même si elle est passionnée”. Avant de préciser que “le surmenage et les délais excessifs peuvent effectivement conduire à un burn-out.”
Effets du burn-out
Stephan se remémore le jour où tout a basculé: “Je me souviens très bien de ce jour-là, c'était un vendredi. Nous étions en réunion avec le PDG de l'entreprise, discutant de nombreux projets en un temps record. Installé à mon bureau, après plus de quatre heures de réunion, j'ai eu du mal à respirer. Et soudain, j'ai éclaté en sanglots, je me suis effondré, comme un gamin.”
Le burn-out se manifeste par une anxiété et un stress constant, créant le sentiment d’être toujours sous pression et de ne jamais parvenir à accomplir ses tâches. Cela peut mener à une dépression, avec une humeur basse, une perte de motivation et une vision pessimiste de la vie.
Les individus touchés peuvent également ressentir une irritabilité excessive et une frustration face à des situations quotidiennes ou des demandes professionnelles. Un fort sentiment d’impuissance peut s’installer, où l’on se sent incapable de faire face aux défis et aux tâches à accomplir.
Mme Sahyoun souligne qu’avec le temps, “le burn-out peut mener à une dépression sévère, des crises d’angoisse ou des attaques de panique”. Celles-ci peuvent, à leur tour, “entraîner de sérieux problèmes mentaux et physiques, tels que des crampes, des maux de tête, des douleurs articulaires, du stress, des troubles du sommeil, voire des maladies psychosomatiques”, ajoute-t-elle.
Prenant conscience de son problème, Stephan choisit d’agir. “J'ai décidé de prendre une pause et d'arrêter de travailler à l'entreprise pendant un certain temps. Après plusieurs semaines de repos, je suis retourné au travail, mais cela ne s'est absolument pas passé comme je l'avais prévu. J'ai donc rencontré ma directrice de l'époque, et après une longue discussion, elle m'a dit: 'Bon, maintenant que tu es de retour, puis-je compter sur toi? Parce que les deux dernières semaines ont été difficiles sans toi.'”
Le burn-out reste un sujet tabou, souvent difficile à aborder, que ce soit avec soi-même ou avec son employeur. La peur du jugement et des préjugés au sein de l'entreprise, où l'on craint d'être perçu comme faible ou moins compétent, rend la discussion encore plus délicate. De plus, la pression de devoir continuer à performer malgré l'épuisement peut conduire à un sentiment de honte ou de culpabilité.
Enfin, demander de l'aide devient un véritable défi, car il y a toujours la crainte que reconnaître un burn-out entraîne des conséquences professionnelles, comme la perte de son poste ou des opportunités de carrière. Stephan continue: “Après un mois de repos en arrêt maladie, pendant cette période, j’ai bien réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie, et il était évident que je ne voulais plus retourner dans cette entreprise.”
“J’avais un pincement au cœur pour mes collègues que j’adorais, mais je n’en pouvais plus. C’est là que j’ai pris la décision de me lancer en tant que photographe indépendant, une passion qui m’anime depuis toujours”, conclut-il.
Comment prévenir le burn-out
Mme Sahyoun précise qu’il est “essentiel d’organiser correctement son plan de travail, de planifier ses journées et de bien comprendre que, tout comme le travail est une priorité, la santé physique et mentale l’est également. Il faut accorder du temps à soi-même, pratiquer un sport, des activités artistiques ou de la méditation afin de sortir du surmenage et de la routine quotidienne, et prévenir par conséquent le burn-out.”
Finalement, le bien-être de l'employé et son sentiment d'appartenance à l'entreprise dépendent d'un effort collectif entre employeurs et salariés, visant à instaurer des conditions de travail plus saines et à préserver le bien-être de chacun.
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