Le “Bal barré”: une bourrée auvergnate pour les générations d’aujourd’hui
Des participants prennent part à une initiation aux danses traditionnelles d'Auvergne lors du "bal barré" à la Coopérative de Mai, une salle de musiques actuelles à Clermont-Ferrand, le 14 mars 2025. ©Jean-Philippe Ksiazek / AFP

Le Bal barré fait son grand retour à la Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand, où la bourrée auvergnate séduit un public intergénérationnel. Entre tradition et renouveau, cet événement populaire redonne vie à des danses ancestrales dans une ambiance festive et conviviale.

Le temps d’une soirée, la Coopérative de Mai, célèbre salle des musiques actuelles de Clermont-Ferrand, a troqué les riffs de guitare pour les rythmes traditionnels. Le Bal barré, événement phare du moment, attire une foule intergénérationnelle, séduite par le renouveau de la bourrée auvergnate.

Sous la direction de Camille Lainé, formatrice en danses traditionnelles et musicienne, la soirée débute par une initiation aux danses populaires: polka, marche, scottish, mais surtout bourrée. Les premiers pas, hésitants chez certains, s’enchaînent peu à peu, portés par une énergie collective. Des participants jeunes et moins jeunes, novices ou danseurs aguerris, se lancent dans la “danse trad” avec enthousiasme et simplicité. “En une heure de pratique, on est déjà dans le bain”, raconte Antoine Valentin, 42 ans. “Il y a une ambiance bon enfant, c'est simple, il n'y a pas de règles et il n'y a pas besoin de s'y connaître”, poursuit-il, soulignant l'aspect convivial de l’événement.

Les racines de la bourrée remontent au XVIIe siècle. Elle se dansait dans tout le Massif central, jusqu’à la cour. Après des siècles de silence, la bourrée connaît un véritable retour en force. Camille Lainé, elle-même passionnée par ces traditions, explique que “toutes les générations se mélangent au sein d'une même soirée”.

Traditionnellement pratiquée en couple ou en cercle, cette danse attire aujourd’hui les jeunes tout particulièrement. David de Abreu, directeur de l’Agence des musiques des territoires d’Auvergne (Amta), voit dans ce phénomène un véritable “engouement” chez les étudiants et une réinvention des formes de danse. “Il y a une nouvelle génération qui fait exploser tous les systèmes de danse et de musique”, explique-t-il. Selon lui, les “bals trads”, aussi populaires en milieu rural, connaissent un essor remarquable, notamment depuis 2015. Ce phénomène dépasse désormais les frontières auvergnates, avec des événements à Bordeaux, Rouen, La Rochelle, et Montreuil.

L’afflux de participants, de plus en plus diversifiés, témoigne d’une volonté de partage et de convivialité dans un monde où les espaces collectifs se raréfient. “Dans une société où on a besoin de faire des choses ensemble et d'avoir un défouloir collectif, on n'a plus les discothèques alors peut-être que c'est le ‘bal trad’ où on se retrouve”, affirme M. de Abreu. Une opinion partagée par Jeanne Monteix, 36 ans, qui apprécie “la liberté” qu’offre cette danse. “C'est le fait de danser tous ensemble, c’est un moment de partage où tout le monde s’apprend les danses”, précise-t-elle.

L’initiative de la Coopérative de Mai, habituellement consacrée aux musiques pop et rock, de se tourner vers ce genre populaire et traditionnel est symbolique. “Alors nous, on est extrêmement vigilant à dire oui on se raccroche à une identité, pas pour s'enfermer, mais pour permettre de dialoguer avec les autres”, explique David de Abreu. En effet, si ces bals incarnent un attachement à une culture régionale, ils s’inscrivent aussi dans un mouvement global où chacun peut se retrouver à travers la danse et la musique, sans barrières, ni frontières. 

Avec AFP

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