
La contestation ne faiblit pas en Turquie après l'incarcération du maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, avec de nouveaux appels à manifester lundi soir à travers le pays pour le sixième jour consécutif.
Ekrem İmamoğlu, principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdoğan, a passé sa première nuit en prison à Silivri, dans l'ouest d'Istanbul.
Suspendu de ses fonctions, et incarcéré dimanche, M. Imamoglu a été officiellement désigné candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en 2028 par son parti, a indiqué à l'AFP un porte-parole.
Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force de l'opposition, avait maintenu dimanche une élection primaire à laquelle M. Imamoglu, principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan, était le seul candidat.
M. Imamoglu, démis officiellement dimanche de ses fonctions, est accusé de "corruption", ce qu'il réfute, dénonçant "une exécution sans procès".
"Je suis là. Je porte une chemise blanche et vous ne pourrez pas la salir. Mon poignet est solide et vous ne pourrez pas le tordre. Je ne reculerai pas d'un pouce. Je gagnerai cette guerre", a-t-il dit dans un message transmis par ses avocats.
L'arrestation de l'édile a déclenché une vague de protestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de contestation de Gezi, parti de la place Taksim en 2013.
Dimanche, comme chaque soir depuis mercredi, jour de l'arrestation de M. Imamoglu, des dizaines de milliers de personnes ont envahi les abords de l'hôtel de ville d'Istanbul en signe de soutien.
La police a procédé à de nouvelles interpellations lors des manifestations et de nouveau lundi matin, selon des médias turcs.
Au moins huit journalistes ont été également arrêtés à l'aube à leur domicile à Istanbul et à Izmir (ouest), troisième ville du pays, a rapporté l'association turque de défense des droits humains MLSA.
"atteintes graves à la démocratie"
"L'incarcération du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu ainsi que de nombreuses autres personnalités constituent des atteintes graves à la démocratie", a déploré dimanche soir la diplomatie française, qui avait déjà condamné son arrestation mercredi.
À l'unisson, Berlin a fustigé "ceux qui emprisonnent les politiciens de l'opposition et les manifestants", dénonçant également une "atteinte à la démocratie".
Outre M. Imamoglu, près de cinquante coaccusés de M. Imamoglu ont également été placés en détention dimanche pour "corruption" et "terrorisme", selon la presse turque.
Parmi eux figurent deux maires d'arrondissement d'Istanbul, membres eux aussi du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force de l'opposition.
Les deux élus ont été destitués et l'un d'eux, accusé de "terrorisme", a été remplacé par un administrateur nommé par l'État, ont annoncé les autorités.
Le CHP, qui avait maintenu dimanche une primaire devant désigner M. Imamoglu – seul candidat – comme son candidat à la prochaine présidentielle prévue en 2028, a affirmé que quinze millions d'électeurs ont pris part au vote à travers le pays.
La Bourse d'Istanbul a ouvert dans le vert lundi après une chute de son indice vedette de plus de 16,5 % la semaine passée.
Le ministre turc de l'Économie, Mehmet Simsek, a voulu balayer dimanche soir des rumeurs de démission.
"Nous sommes au travail et continuerons à prendre toutes les mesures nécessaires au bon fonctionnement des marchés. "Je vous en prie, ne croyez pas les fausses nouvelles", a-t-il écrit sur X.
Dimanche soir, le réseau social X a annoncé que les autorités turques avaient demandé le blocage de plus de 700 comptes.
Avec AFP
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