Frappes israéliennes en Syrie, opérations au sol à Gaza
Des Palestiniens inspectent les dégâts dans un chantier de réparation d'ambulances touché par des frappes israéliennes dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 mars 2025. ©Eyad BABA / AFP

Au moins cinq personnes ont été tuées mardi lors d'un tir de char israélien qui menait, selon les autorités syriennes, une incursion dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie.

L'armée israélienne a affirmé avoir mené une frappe dans le sud de la Syrie en riposte à des tirs.

Le gouvernorat a annoncé sur sa page officielle Telegram un bilan provisoire de "cinq personnes tuées lors du bombardement israélien sur la localité de Kouaiya (...) à l'ouest de Deraa", ajoutant que des habitants de la région avaient fui après des tirs d'obus de chars israéliens qui ont effectué une incursion.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a indiqué que ses soldats avaient "identifié plusieurs terroristes qui ont ouvert le feu en direction de leurs positions depuis le sud de la Syrie". "Les soldats ont riposté et l'armée de l'air a frappé les terroristes", a ajouté l'armée.

Selon l'OSDH, une "unité militaire israélienne" a pénétré dans le village et tiré à l'artillerie lourde lorsque les habitants ont tenté de s'opposer à l'incursion.

Depuis décembre, l'armée israélienne a également mené des centaines de frappes sur des sites militaires de l'ancien pouvoir en Syrie, Israël affirmant vouloir empêcher que l'arsenal tombe entre les mains des nouvelles autorités, qu'il qualifie de "jihadistes".

Le 23 février, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait exigé "la démilitarisation totale du sud de la Syrie" et indiqué que son pays ne tolèrerait pas que les forces du nouveau pouvoir syrien se déploient au sud de Damas.

Lors d'un sommet arabe au Caire début mars, le président syrien Ahmad al-Chareh a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il retire "immédiatement" ses troupes du sud de la Syrie, dénonçant une "menace directe" pour la région.

Il s'agissait de la première déclaration émise par les autorités à l'encontre d'Israël, Ahmad al-Chareh ayant déclaré à plusieurs reprises que la Syrie était trop épuisée par la guerre pour s'engager dans de nouveaux conflits.

Israël  frappe deux bases militaires

L'armée israélienne avait annoncé mardi matin avoir frappé à nouveau deux bases militaires dans le centre de la Syrie, au lendemain d'une mise en garde de la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas contre une "nouvelle escalade".

"Il y a peu de temps, les forces israéliennes ont frappé les capacités restantes sur les bases militaires de Tadmor (Palmyre, ndlr) et T4 (base aérienne située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Palmyre)", a indiqué l'armée sur Telegram.

Israël avait déjà annoncé vendredi avoir ciblé ces deux bases.

"L'armée israélienne continuera d'agir afin d'éliminer toute menace pesant sur les citoyens de l'État d'Israël", a ajouté l'armée dans son communiqué.

Au cours d'une visite à Jérusalem lundi, Kaja Kallas avait appelé à la modération.

"Les actions militaires doivent être proportionnées, et les frappes israéliennes sur la Syrie et le Liban risquent de provoquer une nouvelle escalade", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse avec le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

"Nous pensons que ces actions ne sont pas nécessaires car la Syrie n'attaque pas Israël en ce moment et cela nourrit la radicalisation qui est aussi dirigée contre Israël", a expliqué Mme Kallas, avant de se rendre en Cisjordanie occupée, pour y rencontrer notamment le président palestinien, Mahmoud Abbas.

Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, Israël a mené des dizaines de frappes sur des sites militaires de l'ancien pouvoir en Syrie, affirmant vouloir empêcher que l'arsenal tombe entre les mains des nouvelles autorités, qualifiées par Israël de "jihadistes".

L'armée israélienne s'est en outre déployée dans la zone démilitarisée sur le Golan syrien, à partir de la partie de ce plateau occupée depuis 1967 par Israël et annexée en 1981.

Le nouveau pouvoir syrien dénonce pour sa part une "agression (faisant) partie d'une campagne israélienne contre le peuple syrien et la stabilité du pays".

L'armée israélienne avait par ailleurs dit lundi soir avoir "intercepté" un missile tiré du Yémen.

L'agence de presse des Houthis, Saba, a, elle, fait état de 12 attaques aériennes américaines "au cours des dernières heures" dans le gouvernorat de Saadah (nord-ouest du Yémen), dont la capitale est un fief des rebelles à l'origine de nombreuses attaques en mer Rouge conduites, affirment-ils, en solidarité avec les Palestiniens.

Deux personnes ont été blessées lors d'un raid aérien américain contre l'hôpital Alrasoul Alaazam dudit gouvernorat, d'après la même source, citant le ministère local de la Santé.

Un journaliste d'Al Jazeera tué

Un journaliste travaillant pour Al Jazeera a été tué lundi dans une frappe israélienne dans la bande de Gaza où l'armée poursuit des opérations au sol en encerclant un quartier de Rafah, dans le sud du territoire palestinien.

Hossam Shabat travaillait pour Al Jazeera Mubasher, le service arabophone de diffusion en direct, a précisé la chaîne qatarie. La Défense civile de Gaza a indiqué que sa voiture avait été visée par un drone à Beit Lahia (nord).

Selon des images de l'AFPTV, la voiture, qui portait l'estampille TV et le logo de la chaîne, a été touchée à l'arrière et le corps du journaliste a été retrouvé allongé sur le sol à proximité.

D'après le Comité de protection des journalistes (CPJ), Israël avait accusé Hossam Shabat d'être membre du Hamas, ce qu'il avait fermement démenti.

La Défense civile a également indiqué qu'un employé de la télévision du Jihad islamique Palestine Today, Mohamed Mansour, avait été tué dans une autre frappe à Khan Younès (sud).

Plus de 206 journalistes et employés de médias ont été tués depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, selon le syndicat.

"Pris au piège" 

À Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Égypte, l'armée israélienne a poursuivi lundi son opération lancée la veille dans le quartier Tel al-Sultan. L'objectif est de "démanteler les infrastructures terroristes et d'éliminer les terroristes dans la région" selon elle.

D'après la Défense civile, "environ 50 000 civils sont pris au piège" et les opérations ont "fait des dizaines de morts et de blessés".

Le Comité international de la Croix-Rouge a également dénoncé lundi "une attaque" contre ses locaux à Rafah, endommagés par un "projectile explosif" alors qu'ils étaient "clairement identifiés". Aucun membre du personnel n'a été blessé, a précisé le CICR.

L'armée israélienne a expliqué avoir tiré sur le bâtiment sans savoir qu'il appartenait au CICR, pensant avoir "identifié des suspects".

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a pour sa part déclaré que des frappes sur des bâtiments des Nations unies le 19 mars à Deir el-Balah (centre), tuant un employé bulgare, avaient été causées par "un char israélien".

Dans la soirée, l'armée israélienne a lancé un appel à évacuer des zones du nord de Gaza avant une frappe en riposte à des tirs de roquettes depuis le territoire palestinien vers Israël. Les branches armées du Jihad islamique et du Hamas ont revendiqué ces tirs, qui ont été interceptés.

"La reprise des négociations" indirectes entre le Hamas et Israël est "la seule voie possible pour mettre fin aux souffrances des deux côtés", a assuré la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, en visite à Jérusalem.

L'accord de trêve arraché par les médiateurs après des mois de tractations difficiles était entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice.

Mais après des semaines de désaccord sur la poursuite de la trêve, Israël a rompu celle-ci le 18 mars avec des bombardements massifs suivis d'opérations terrestres, disant vouloir forcer le mouvement palestinien à rendre les derniers otages qu'il détient. La branche armée du Hamas a diffusé lundi une vidéo de deux otages israéliens toujours détenus.

Dimanche, le ministère de la Défense a annoncé la création d'une administration dédiée au "départ volontaire des habitants de Gaza vers un pays tiers". L'Égypte, limitrophe de Gaza et d'Israël, a exprimé lundi soir "sa ferme condamnation" vis-à-vis de la création de cette autorité.

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