
La Cour suprême israélienne a ouvert mardi matin une audience publique consacrée à l'examen des recours déposés contre la décision du gouvernement du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de limoger le chef de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet), Ronen Bar. Peu de temps après le début de la session la Cour a suspendu son audience publique après une multiplication de perturbations dans l'assemblée puis a repris sans public
Saisie de cinq recours dans les heures ayant suivi l'annonce du renvoi de M. Bar par le gouvernement le 21 mars, la cour avait ordonné la suspension de cette décision le jour même jusqu'à la tenue de cette audience, ouverte par son président Yitzhak Amit, en présence de deux autres juges peu après 09H00 (06H00 GMT) à son siège à Jérusalem.
Le limogeage de M. Bar, en qui M. Netanyahou dit avoir perdu toute confiance, est contesté notamment par l'opposition, qui y voit le signe d'une dérive autocratique du pouvoir, et par la procureure générale de l'État d'Israël, Gali Baharav-Miara, qui l'a jugé "fondamentalement vicié" et "entaché d'un conflit d'intérêts du Premier ministre".
La cour est chargée de statuer sur la légalité de cette révocation.
Mme Baharav-Miara, qui a publié une lettre vendredi pour contester la décision gouvernementale, aura 45 minutes devant le tribunal pour expliquer son opposition, selon un document de la Cour.
"La décision de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet est fondamentalement viciée, entachée d'un conflit d'intérêts personnel du Premier ministre en raison des enquêtes criminelles concernant ses proches, et conduira" à politiser la fonction, a indiqué Mme Baharav-Miara dans un communiqué publié vendredi en même temps que l'avis détaillé qu'elle a transmis à la Cour suprême.
M. Netanyahou affirme pour sa part que le gouvernement peut décider à sa guise de nommer et de renvoyer le chef du Shin Bet, à qui il reproche aussi l'échec du Shin Bet qui n'a su empêcher l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le territoire israélien.
Dans une lettre à la Cour suprême, M. Bar estime que les raisons de son licenciement sont plus liées au fait qu'il a tenu tête à M. Netanyahou plutôt qu'à ses compétences, et accuse le Premier ministre d'avoir cherché à l'utiliser pour retarder son propre procès en corruption, ce que M. Netanyahou a qualifié de "mensonges".
Les décisions prises par le gouvernement Netanyahou en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d'engager une procédure de destitution contre la procureure générale du pays et de reprendre la guerre à Gaza après deux mois de trêve, ont relancé la contestation contre l'exécutif, accusé par l'opposition de dérive dictatoriale.
Avec AFP
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