
Impressionnant de cohésion, le Paris SG fait aussi preuve cette saison d'une force mentale nouvelle qui lui permet de rêver en Ligue des champions, après avoir de nouveau renversé un match, mercredi en quart de finale aller face à Aston Villa.
Depuis son arrivée à l'été 2023, l'entraîneur espagnol Luis Enrique a non seulement bâti un collectif qui court et défend ensemble, mais il a surtout transformé son équipe en "spécialiste du renversement des situations négatives", selon ses propres mots.
"Le résultat est le reflet du match, de notre combativité et de nos efforts. Nous avons trouvé les ressources pour retourner la situation", a-t-il commenté après le succès face aux Villans (3-1), avant le match retour mardi à Villa Park.
"On a encore bien réagi", s'est aussi félicité le milieu de terrain portugais Vitinha.
Mercredi, au Parc, les Parisiens ont été – contre le cours du jeu – menés sur la première occasion anglaise. Une vilaine habitude.
Mais les Parisiens n'ont pas paniqué. Sans s'invectiver, ils ont patienté lors de la célébration des hommes d'Unai Emery, comme pour rassembler leurs forces et reprendre leurs esprits. Avoir récolté tant de bons résultats envers et contre tout, ces dernières semaines, semble avoir produit une sérénité à toute épreuve.
Et, quatre minutes après le but de Rogers, la magie opéra une première fois avec l'un des nombreux dynamiteurs talentueux de l'effectif, Désiré Doué, qui surprit le gardien Emiliano Martinez d'un tir brossé subtil.
Renversements
Ce n'était pas la première fois cette saison en Ligue des champions, en Coupe de France ou en Ligue 1 : le PSG a gagné mercredi son 7ᵉ match après avoir subi l'ouverture du score.
L'un des renversements de situation les plus marquants s'est déroulé face à Manchester City, en janvier au Parc, où les Parisiens étaient menés de deux buts avant de tout changer sans trembler (4-2). Ils étaient alors mal embarqués en phase de ligue. Autre exploit : la qualification en quarts de finale à Anfield après avoir été battus au match aller, à domicile, par Liverpool (0-1, 1-0 4 t.a.b. à 1).
On est loin du Paris qui avait tendance, durant des années en Ligue des champions, à avoir les jambes qui tremblent et à s'écrouler : lors de la "remontada" de 2017 face au FC Barcelone, en 2019 contre Manchester United et en 2022 face au Real Madrid.
"En termes de personnalité, l'équipe a encore grandi parce que c'était un match qui devenait tendu", avait expliqué fin février Luis Enrique après le scénario rocambolesque contre l'OL en championnat (3-2).
"Contrôler nos émotions"
Le technicien s'appuie sur les compétences de Joaquin Valdes, un psychologue sportif espagnol, depuis son passage au Barça en 2008.
Cet ancien judoka, qui assiste à toutes les conférences de presse de son compatriote et ami, semble avoir une influence réelle sur cette sérénité nouvelle qui se dégage des joueurs, majoritairement très jeunes (24 ans en moyenne).
"Le cœur sera là, les jambes aussi, cette énergie positive que l'on voit, il faut en tirer profit. "Contrôler nos émotions, ce sera la clé", avait d'ailleurs prévenu l'entraîneur. Son intransigeance est à double tranchant, mais force est de constater qu'elle est désormais bien vécue par les joueurs.
Car elle s'appuie sur un changement de projet depuis deux ans, focalisé non pas sur le statut d'une poignée de stars, mais sur un collectif façonné par l'entraîneur. Luis Enrique a d'une certaine manière pris la pression sur lui. En encourageant ses joueurs à produire du beau jeu, à se focaliser sur eux-mêmes et non sur l'adversaire, il les a libérés de la seule contrainte du résultat.
Suffisant pour gagner cette Ligue des champions qui file entre les doigts des Parisiens depuis l'arrivée du Qatar (QSI) en 2011 ? S'il se qualifie, le club devra relever des défis immenses, vu le niveau des meilleures équipes cette année. Arsenal (en demi-finale), puis le FC Barcelone ou l'Inter Milan (pas avant la finale), bien partis eux aussi, testeraient encore davantage la résistance d'Ousmane Dembélé et des siens.
Par Baptiste BECQUART, AFP
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