
Les Bourses asiatiques ont oscillé vendredi, Tokyo chutant momentanément de 5%, et l'or a atteint un nouveau record, tandis que les investisseurs continuaient d'abandonner la dette américaine, dans des marchés affolés par l'escalade commerciale sino-américaine.
Forte rechute à Tokyo, les autres Bourses fébriles
À Tokyo, l'indice vedette Nikkei a terminé en repli de 2,95% à 33.585 points, après avoir lâché plus de 5%, et l'indice élargi Topix en baisse de 2,85%.
La Bourse de Séoul a décroché de 0,50% et Sydney de 0,82%.
Après s'être envolés la veille, enthousiasmés par le revirement surprise du président des États-Unis sur sa politique commerciale, les marchés asiatiques sont retombés, dans le sillage de fortes baisses à Wall Street.
«Le marché boursier avait initialement fortement rebondi après la suspension de 90 jours des majorations douanières» imposées à de nombreux pays, et ramenées à 10% le temps d'ouvrir des négociations commerciales, rappellent les analystes de Tokai Tokyo Intelligence.
«Toutefois, il reste à déterminer les véritables intentions de Trump: a-t-il changé sa politique, ou en fait-il toujours un outil de négociation?», s'interrogent-ils, notant que la trêve maintient "un niveau élevé d'incertitude".
Outre ces taux-planchers de 10%, des surtaxes américaines de 25% subsistent sur l'acier et l'automobile, et le cas de la Chine, finalement frappée par Washington de droits de douane vertigineux de 145%, inquiète.
La Chine dans le viseur des marchés
Certes, les places chinoises résistaient vendredi, réconfortées par l'espoir de nouvelles mesures de soutien de Pékin à l'économie, après la confirmation du maintien d'une politique monétaire «modérément accommodante».
Vers 06H30 GMT, l'indice hongkongais Hang Seng progressait de 1,75% à 21.044 points. L'indice composite de Shanghai gagnait 0,53%, celui de Shenzhen 1,20%.
Mais les investisseurs scrutent le bras de fer entre Washington et Pékin, qui a promis de "se battre jusqu'au bout" et taxé massivement les produits américains.
«L'euphorie s'estompe rapidement (...) Avec les surtaxes pour la Chine maintenues, il ne s'agit pas d'une désescalade, mais d'une escalade ciblée. Les marchés réévaluent fortement ce risque», avertit Stephen Innes, de SPI Asset Management.
«La guerre commerciale sino-américaine pourrait s'intensifier au-delà de ces deux pays, avec des conséquences sur le commerce Mondial», abonde Daniela Sabin Hathorn, du courtier Capital.com.
Taipei et le Vietnam résistent
Vers 06H30 GMT, la Bourse de Taipei bondissait de 2,78%, dopée par le secteur des semi-conducteurs, notamment le géant TSMC (+3,1%) qui a publié un chiffre d'affaires trimestriel en hausse de 42% --suggérant une envolée des commandes avant les droits de douane.
L'indice-phare des Bourses vietnamiennes grimpait de 2,29%, aidé par la perspective de négociations commerciales prochaines entre Hanoi et Washington.
Dollar et obligations sous pression, record de l'or
Signe d'incertitudes persistantes et d'inquiétudes sur l'économie américaine, les investisseurs continuaient d'abandonner le dollar et la dette des États-Unis --encore peu considérés comme des placements sûrs.
La liquidation des bons du Trésor américain à 10 ans a fait grimper leur rendement jusqu'à 4,48%, poursuivant leur tension de la veille très au-dessus des 4,33% atteints mercredi.
Et la devise japonaise, jugée sûre, bondissait de 0,4% à 143,88 yens pour un dollar, après avoir brièvement gagné plus de 1% face au billet vert sous pression.
«Beaucoup d'investisseurs se concentrant sur l'idée que cette pause douanière précaire s'explique par un risque systémique accru et une migration de capitaux hors de Ground Zero», c'est-à-dire des États-Unis, observe Chris Weston, du courtier Pepperstone --ce qui ne rassure guère des marchés paniqués.
La «principale crainte" est qu'en réponse à l'offensive douanière de Donald Trump, de grands États détenteurs étrangers de dette américaine, à commencer par la Chine, "se délestent de leurs bons du Trésor. Une guerre commerciale se transformant en guerre des capitaux représenterait une escalade significative», s'alarme Michael Krautzberger, d'Allianz Global Investors.
Dopé par les incertitudes et l'affaiblissement du dollar, l'or, valeur refuge par excellence, s'est hissé vendredi à un nouveau record historique, à 3.220 dollars l'once.
«Lorsque les bons du Trésor américain, et par extension le dollar, cessent de jouer le rôle de filet de sécurité mondial, les marchés scrutent l'horizon à la recherche de bouées de sauvetage liquides: obligations allemandes, l'euro... et l'or pour se couvrir», soupire M. Innes.
Pétrole résilient
Après avoir pâti cette semaine des inquiétudes sur la demande mondiale, le pétrole esquissait un rebond: vers 06H30 GMT, le baril de WTI américain gagnait 1,05% à 60,71 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord 1,04% à 63,98 dollars.
Avec AFP
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