L’euro prend son envol: quand les chars font grimper la monnaie
Après un début d’année un peu mou, la monnaie unique a retrouvé des couleurs, s’échangeant autour de 1,14 dollar américain, vendredi, soit en hausse de plus de 5%. ©Ici Beyrouth

Depuis le début du mois de mars, l’euro s’offre un joli coup de jeune sur les marchés. Après un début d’année un peu mou, la monnaie unique a retrouvé des couleurs, s’échangeant autour de 1,14 dollar américain, vendredi, soit en hausse de plus de 5%. Une performance qui intrigue, rassure certains, inquiète d’autres… et surtout, qui s’explique.

Qui aurait cru que les annonces d’investissements militaires allaient donner un tel coup de fouet à l’euro? C’est pourtant le cas. Décidés à ne plus dépendre du parapluie militaire américain, les pays européens ont sorti leur carnet de chèques. À Bruxelles, on parle de 800 milliards d’euros d’investissement dans la défense sur les quatre prochaines années. Un chiffre qui a fait briller les yeux des investisseurs qui boudaient l'euro en début d’année. Et oui, qui dit réarmement massif dit commandes, emplois, croissance… bref, une Europe qui bouge, c’est une monnaie qui rassure.

Résultat? Non seulement l’euro grimpe, atteignant son niveau le plus haut depuis trois ans, mais il entraîne dans son sillage d’autres monnaies européennes comme la couronne suédoise et le zloty polonais, eux aussi portés par la dynamique militaire. Comme quoi, les tanks font parfois aussi bien, voire mieux, que les taux d’intérêt…

Pendant ce temps-là, aux États-Unis...

De l’autre côté de l’Atlantique, l’ambiance est moins à la fête. Le dollar, lui, fait grise mine. En cause: les droits de douane fraîchement dégainés (puis suspendus) par Donald Trump, fidèle à sa promesse de protectionnisme économique. En effet, ces barrières tarifaires pourraient faire grimper l’inflation sans vraiment relancer la croissance. Les investisseurs n’aiment pas trop ce cocktail capable d’entraîner une récession. Résultat, le dollar chute, atteignant son niveau le plus bas depuis octobre.

Et concrètement? Pour l’Europe, cette envolée de l’euro face au dollar a des effets bien réels. D’abord, les importations seront moins chères: gaz naturel, pétrole, composants électroniques… tout ce que l’Europe paie en dollars sera meilleur marché.

Ensuite, cette flambée est un vrai coup de pouce au pouvoir d’achat: avec des coûts d’importation réduits, certaines entreprises pourraient répercuter ces baisses (si, si, on peut rêver).

Bonne nouvelle aussi pour les globe-trotteurs et les étudiants: les séjours aux États-Unis et dans d’autres pays où le dollar règne en maître deviennent un peu plus abordables. Entre billets d’avion, frais de scolarité et loyers new-yorkais, chaque centime compte!

En revanche, c’est une moins bonne nouvelle pour les exportateurs européens qui verront leurs produits moins compétitifs. En effet, le revers de la médaille est que si l’euro devient trop fort, les exportations européennes pourraient en souffrir, les produits «made in Europe» devenant plus chers pour les acheteurs étrangers. Et dans un contexte économique encore fragile, c’est un équilibre délicat à maintenir.

Et nous, Libanais? On se demande où l’on va poser le pied! Parce qu’avec l’euro qui grimpe à toute vitesse, attendez-vous à voir le prix des études, des loyers et de tout ce qui vient d’Europe... s'envoler aussi.  

Vous pensiez avoir trouvé une petite stabilité dans vos frais mensuels? Eh bien, en réalité, l'euro plus fort signifie des dépenses plus lourdes pour nous qui sommes indexés sur le dollar. Pendant que l’euro se muscle grâce à la défense européenne, on risque de devoir se défendre face à une hausse des prix.

Bref, l’euro surfe sur la vague de la reprise stratégique européenne, pendant que le dollar tente de se relever de ses embardées douanières. Ce qui montre que, parfois, les marchés financiers réagissent autant aux chars qu’aux chiffres.

Et si l’histoire nous apprend une chose, c’est que les devises ont la bougeotte… Alors, autant garder un œil sur les taux de change et l’autre sur les décisions politiques. On ne sait jamais d’où viendra la prochaine secousse.

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