Dernière ligne droite à l'OMS pour l'Accord sur les pandémies
Logo de l'Organisation mondiale de la Santé ©Site officiel de l'OMS

Après plus de trois ans de tractations, les États membres de l'Organisation mondiale de la santé espèrent mardi mettre la dernière main à l'Accord sur les pandémies après avoir trouvé un arrangement « de principe » la semaine dernière.

Cinq ans après l'arrivée du Covid-19, qui a fait des millions de morts et dévasté l'économie mondiale, le monde, bien que mieux préparé, est loin d'être prêt à affronter une autre pandémie, selon l'OMS et les experts.

Face à ce constat, l'OMS espère que ses pays membres parviendront enfin à entériner l'accord international sur les pandémies, alors que les négociations avaient déjà été prolongées en juin pour une période d'un an au maximum.

Le 13ᵉ - et a priori dernier - cycle de négociations a débuté le 7 avril à Genève, dans un contexte de grave crise du multilatéralisme et du système de santé mondial, provoqué par les coupes drastiques dans l'aide internationale américaine décidée par le président Donald Trump, alors que les États-Unis étaient de très loin le principal donateur humanitaire.

Ils étaient aussi absents des négociations, le président américain ayant décidé qu'ils quittaient cette agence spécialisée onusienne.

Accord de principe

Samedi matin, après cinq jours et une nuit entière de pourparlers, Anne-Claire Amprou, co-présidente de l'organe de négociation et ambassadrice de France pour la santé mondiale, a annoncé « un accord de principe », en attendant l'accord définitif des capitales.

Les délégués doivent se retrouver mardi toute la journée et à huis-clos au siège de l'OMS à Genève afin de « toiletter » une dernière fois le texte, à moins d'une opposition de dernière minute.

« Un accord sur la pandémie est à portée de main. Après une semaine de négociations très intenses, y compris une nuit blanche, les États membres de l'OMS sont plus près que jamais d'y parvenir », a commenté Catharina Boehme, sous-directrice générale chargée des relations extérieures et de la gouvernance à l'OMS, sur son compte Linkedin.

« Un accord sur les pandémies donnera au monde de meilleurs outils pour prévenir les prochaines pandémies, s'y préparer et y répondre », a-t-elle ajouté.

Technologies et sanctions

S'il est validé mardi sans accroc, le texte devra encore être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé, en mai à Genève, par tous les pays membres de l'OMS.

Samedi, le président français Emmanuel Macron n'a pas attendu pour se réjouir sur X. « Avec l'accord de principe pour un traité pandémie, la communauté internationale va se doter d'un nouveau système pour mieux nous protéger. Plus rapide, plus efficace, plus solidaire et plus résilient », a-t-il écrit.

L'un des principaux points de contestation vendredi a été l'article 11 de ce texte d'une trentaine de pages, qui définit le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement, ont indiqué plusieurs sources à l'AFP.

Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s'accaparer les doses de vaccin et autres tests.

Plusieurs pays, où l'industrie pharmaceutique pèse lourd dans l'économie, sont opposés à l'idée d'obligation de transfert et insistaient sur son caractère volontaire.

Par ailleurs, « il restait à régler la question de la formulation relative aux sanctions » internationales, a indiqué à l'AFP Thiru Balasubramaniam, de l'ONG Knowledge Ecology International (KEI), qui suit les négociations depuis le début.

Cette partie du texte n'était en effet toujours pas surligné en vert - la couleur utilisée par les négociateurs pour indiquer qu'il y a un accord - dans la version publiée samedi.

Le texte prévoit l'établissement d'un réseau mondial de chaînes d'approvisionnement et de logistique (le réseau GSCL), pour élargir l'accès aux produits de santé liés aux pandémies, tels que les vaccins, les traitements et les tests, ainsi que dans les situations de crise humanitaire.

Les pays n'ont en revanche pas encore réussi à s'entendre, dans l'article 13, sur la question d'un accès sans entrave aux produits de santé hors contexte humanitaire ou pandémique, ce qui permettrait à des pays sous sanctions internationales d'avoir un accès élargi à ces produits, tels que les vaccins, traitements et tests.

Par Agnès PEDRERO, AFP

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