
Donald Trump s'en est de nouveau pris jeudi au président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell, qui refuse de baisser les taux d'intérêt de l'institution, affirmant : « Il partira si je lui demande. »
« Je ne suis pas content de lui. Je lui ai fait savoir, et si je veux qu'il parte, il partira vite fait, croyez-moi », a assuré le président américain dans le Bureau ovale, aux côtés de la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
« Il est plus que temps que le mandat de Powell se termine », a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social plus tôt dans la journée, alors que le second mandat du président de la Fed doit s'achever en mai 2026.
Ce dernier aurait « dû baisser les taux d'intérêt depuis longtemps déjà, comme la BCE », la Banque centrale européenne, a ajouté le président américain, en encourageant M. Powell à « le faire maintenant ».
Les responsables de la BCE, qui se réunissent toutes les six semaines, viennent de s'accorder sur une baisse de 0,25 point des taux directeurs pour renforcer l'économie de la zone euro.
Sa présidente Christine Lagarde a dit jeudi que la BCE devait « faire face à l'imprévisible » et se montrer « agile », jugeant impossible de s'engager à l'avance sur une trajectoire de taux dans le contexte incertain de guerre commerciale menée par les États-Unis.
Elle a aussi affiché sa solidarité avec son homologue de la banque centrale américaine, pour qui elle a dit avoir « beaucoup de respect ».
Inflation
Les droits de douane voulus par M. Trump placent la Réserve fédérale face à une situation « compliquée », avait déclaré mercredi M. Powell, en estimant que ces surtaxes allaient « très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l'inflation ».
« Les prix du pétrole sont en baisse, le montant des courses (même les œufs !) aussi, et les États-Unis s'enrichissent grâce aux droits de douane », a répondu tôt jeudi M. Trump, pour qui le patron de la Fed « est toujours trop lent et a toujours tort ».
Le dirigeant républicain avait déjà exhorté le 4 avril M. Powell à baisser les taux d'intérêt, estimant alors que ce serait « le moment parfait ».
La Fed a maintenu ses principaux taux stables, entre 4,25% et 4,50%, depuis le début de l'année.
La baisse du pétrole a freiné l'inflation en mars, avec l'indice des prix à la consommation qui a reculé de 0,1 %, après une hausse de 0,2 % en février.
L'indice a été tiré vers le bas par la baisse des prix à la pompe : –6,3% sur un mois et –9,8% sur un an.
Cela a conforté la Maison Blanche dans sa politique douanière, alors que les économistes prévoient un regain d'inflation dû aux nouveaux droits de douane mis en place par Donald Trump.
Or, en mars, les surtaxes sur les produits importés aux États-Unis n'étaient pas toutes entrées en vigueur. Depuis, et malgré de spectaculaires revirements, les États-Unis frappent les produits étrangers de 10% de droits de douane additionnels, et ceux en provenance de Chine d'une surtaxe punitive de 145%.
Agence indépendante
Donald Trump a nommé Jerome Powell à la tête de la Fed lors de son premier mandat, en 2018, mais l'accuse aujourd'hui de politiser la banque centrale américaine.
Il a été reconduit à la tête de la Fed en 2021 par Joe Biden pour un second mandat.
En août dernier, en pleine campagne électorale, Donald Trump avait menacé l'indépendance de l'agence, suggérant que la Maison Blanche pourrait avoir son mot à dire concernant la politique monétaire.
Le président américain n'a pas le pouvoir de limoger directement les patrons de la Fed. Pour tenter de destituer Jerome Powell, Donald Trump devrait entamer une longue procédure et prouver que ce dernier a commis une faute grave.
S'il n'est pas rare que présidents américains et patrons de la Fed s'opposent sur la politique monétaire à suivre, toute tentative de démettre Jerome Powell de ses fonctions serait du jamais-vu dans l'histoire américaine contemporaine.
L'intéressé a déclaré début avril avoir l'intention de « rester en poste jusqu'à la fin de (son) mandat » en 2026.
Avec AFP
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