
Dans l'une des pires attaques de missiles russes contre la capitale ukrainienne, neuf personnes ont été tuées et 63 blessées dans la nuit de mercredi à jeudi, au moment où Donald Trump accuse Volodymyr Zelensky de saboter un possible accord avec la Russie.
Le bilan de ces frappes sur Kiev n'a cessé de s'alourdir pendant la nuit.
Les services de secours ont fait état d'un bilan provisoire de « neuf personnes tuées, 63 blessées, dont 42 hospitalisées parmi lesquelles six enfants ».
« Des bâtiments résidentiels ont été endommagés : la recherche de personnes sous les décombres est en cours », ont-ils indiqué sur Telegram. Plusieurs incendies, désormais éteints, se sont par ailleurs déclarés à la suite des bombardements russes.
À Kiev, une journaliste de l'AFP a vu une dizaine d'habitants réfugiés dans un abri en sous-sol d'un immeuble résidentiel dès que l'alerte anti-aérienne a retenti.
La dernière attaque de missiles contre la capitale ukrainienne remontait à début avril.
Dans la ville de Kharkiv, son maire Igor Terekhov a, lui aussi, annoncé des « frappes répétées de missiles » sur sa cité, ayant fait au moins deux blessés.
« Désir de tuer »
La présidence ukrainienne a aussitôt accusé sur Telegram le président russe Vladimir Poutine d'avoir « uniquement le désir de tuer ».
Ces attaques de missiles et drones russes surviennent alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé jeudi, pour la première fois, en Afrique du Sud, longtemps taxée de positions pro-russes.
« Il est important que nous nous rapprochions d'une paix véritable. Nous faisons en sorte que les pays du G20 soient impliqués dans les efforts diplomatiques », a écrit M. Zelensky sur les réseaux sociaux à son arrivée à Pretoria, avant de s'entretenir avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa.
La veille, Donald Trump s'en est pris violemment au président ukrainien, en l'accusant de tenir des propos « incendiaires » sur la Crimée annexée, alors qu'un accord avec la Russie serait « très proche », selon lui.
« Je pense avoir un accord avec la Russie », a lancé le président des États-Unis dans le Bureau ovale.
Mais la discussion est « plus difficile » avec le chef de l'État ukrainien, a dit celui qui s'est rapproché du président russe.
Le refus de Kiev d'accepter les termes américains pour mettre fin à la guerre déclenchée par la Russie en février 2022 « ne fera que prolonger les tueries », a averti le milliardaire républicain, qui n'a jamais reconnu la responsabilité russe dans le déclenchement du conflit.
« Intégrité territoriale »
Au cœur de ce regain de tension : la question de la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014.
Le territoire est, selon Donald Trump, « perdu » pour l'Ukraine, a-t-il écrit dans un long message sur son réseau Truth Social, dont le ton menaçant rappelle sa très difficile entrevue avec le président ukrainien fin février, dans le Bureau ovale.
« Il peut avoir la paix ou il peut se battre encore trois ans avant de perdre tout le pays », a déclaré le président américain à propos de son homologue ukrainien.
Le républicain reproche à Volodymyr Zelensky d'avoir déclaré mardi, au sujet de la Crimée : « Il n'y a rien à discuter (...) C'est notre territoire ».
« Le président (américain) est très mécontent. Sa patience atteint ses limites », a insisté sa porte-parole Karoline Leavitt, laissant entendre à nouveau que les États-Unis, premier soutien militaire de Kiev jusqu'au retour de Donald Trump au pouvoir, étaient tentés d'abandonner l'Ukraine à son sort.
Alors qu'il a prévu de se rendre en mai en Arabie Saoudite, Donald Trump a jugé « possible » d'y rencontrer son homologue russe, comme il l'avait déjà évoqué en février, bien que cette perspective soit « peu probable ».
Plus tôt mercredi, son vice-président JD Vance avait suggéré de « geler les lignes territoriales à un niveau proche de ce qu'elles sont aujourd'hui », et de procéder à des « échanges territoriaux » entre l'Ukraine et la Russie.
« Les États-Unis poursuivent leurs efforts de médiation, et nous nous (en) félicitons », a réagi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Volodymyr Zelensky réclame lui un cessez-le-feu « immédiat, complet et inconditionnel » en amont de négociations de paix.
Alors que des discussions viennent de s'achever à Londres entre responsables américains, ukrainiens et européens, le Royaume-Uni a redit qu'il appartenait « à l'Ukraine de décider de son avenir ».
La présidence française a elle affirmé que l'« intégrité territoriale » de l'Ukraine était une « exigence très forte » des Européens.
Sur le terrain, les attaques aériennes russes ont repris à la suite d'une brève trêve de Pâques. Avant les bombardements russes de la nuit, neuf personnes avaient été tuées et 32 blessées dans une attaque de drone russe contre un bus à Marganets, dans le sud-est de l'Ukraine.
À Londres, les discussions se sont tenues au niveau de conseillers, et non des ministres des Affaires étrangères, comme c'était initialement prévu.
L'émissaire spécial Steve Witkoff, considéré comme le négociateur de confiance de Donald Trump, doit lui faire pour la quatrième fois le voyage jusqu'à Moscou cette semaine.
Avec AFP
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