Procès Weinstein: \
Le producteur de films hollywoodien en disgrâce Harvey Weinstein comparaît devant le tribunal pénal de Manhattan avant l'ouverture des plaidoiries dans le procès pour viol et agression sexuelle qui l'oppose à New York, le 23 avril 2025. ©Sarah YENESEL / POOL / AFP

En ouverture du nouveau procès de Harvey Weinstein à New York, la procureure Shannon Lucey a rappelé mercredi l’asymétrie de pouvoir: «Quand il voulait quelque chose, il le prenait». Pendant que l’avocat de la défense parle de «promotions canapé», l’accusation dénonce des crimes sexuels. Pour rappel, le roi déchu de Hollywood est rejugé pour viol et agressions sexuelles après l'annulation retentissante de sa condamnation l'année dernière. Un procès qui devrait durer jusqu'à fin mai. 

« Il avait tout le pouvoir, elles n'avaient rien », a martelé mercredi l'accusation lors d'un nouveau procès à New York pour viol et agressions sexuelles du roi déchu du cinéma Harvey Weinstein, rejugé après l'annulation retentissante de sa condamnation l'année dernière.

« Quand il voulait quelque chose, il le prenait », « il n'acceptait pas un refus », a asséné la procureure Shannon Lucey à l'ouverture des débats, devant des jurés qui l'écoutaient attentivement, et en présence de l'accusé, assis sur une chaise roulante.

Souffrant de multiples problèmes de santé, l'ancien cofondateur des studios Miramax, qui a régné sur le cinéma indépendant pendant des décennies, fait pâle figure dans la salle d'audience de la cour pénale de Manhattan, où il comparaît à 73 ans.

Mais à l'époque des crimes dont il est accusé, il était un producteur tout-puissant face à des femmes sans appuis ni relations, a décrit la procureure.

Harvey Weinstein, dont la chute a entraîné en 2017 le début de la vague mondiale #MeToo, est rejugé pour l'agression sexuelle avec pénétration de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l'aspirante actrice Jessica Mann, en 2013. Il avait été reconnu coupable de ces faits en 2020 et condamné à 23 ans de prison.

« Honte » et « douleur »

Mais en avril 2024, la cour d'appel de New York a annulé toute la procédure, au motif que le tribunal avait laissé témoigner d'autres victimes présumées sur des faits pour lesquels l'accusé n'était pas inculpé. Une annulation vécue comme une gifle pour le mouvement de lutte contre les violences sexuelles et un retour en arrière pour la prise en compte de la parole des victimes.

L'ancien producteur est resté depuis détenu, car il a également été condamné en Californie à 16 ans de prison en 2023 dans un autre dossier de crimes sexuels.

Le procès à New York porte aussi sur une nouvelle inculpation pour une agression sexuelle avec pénétration -- qualification pénale qui diffère du viol en droit américain — en 2006, dans un hôtel de Manhattan, de Kaja Sokola, mannequin polonaise âgée à l'époque de 19 ans.

Kaja Sokola avait déjà accusé en 2019 Harvey Weinstein de l'avoir agressée sexuellement quand elle avait 16 ans, mais « elle n'avait jamais parlé publiquement de cet (autre) épisode jusqu'à aujourd'hui. Il y a plusieurs raisons (...) et vous les entendrez quand elle témoignera à l'audience », a déclaré son avocate, Lindsay Goldbrum, aux journalistes.

La procureure a insisté sur le fait que les victimes présumées avaient supplié Harvey Weinstein d'arrêter.

Après l'agression, « toutes ces victimes ont vécu la honte, la douleur », mais elles comptent témoigner, a ajouté Shannon Lucey.

« Non coupable, non coupable, non coupable », lui a rétorqué l'avocat de l'accusé, Arthur Aidala, qui a fait sourire certains jurés en leur demandant de regarder « le film jusqu'à la fin », pas seulement « la bande annonce » de l'accusation.

« Promotion canapé »

Pour lui, le dossier se résume à des « promotions canapé ». Les accusatrices étaient des jeunes femmes qui voulaient réussir et savaient qu'Harvey Weinstein avait « la clé » d'un monde où l'on fréquente « Brad Pitt, Leonardo di Caprio, Meryl Streep ».

Il a assuré que les relations étaient consensuelles, insistant sur le fait que les jeunes femmes avaient continué de fréquenter l'accusé après les crimes allégués.

« Vous verrez ses e-mails » où les accusatrices écrivent « je veux te revoir », a poursuivi l'avocat.

Harvey Weinstein espère que l'affaire sera «regardée avec un œil neuf», plus de sept ans après les enquêtes du New York Times et du New Yorker à l'origine de sa chute.

L'onde de choc avait libéré la parole des victimes et contraint la société à de profondes remises en question sur la place des femmes. Son avocat a souhaité que le procès se concentre sur les faits et ne soit pas, encore une fois, un symbole de #Metoo.

Harvey Weinstein n'a jamais reconnu aucune agression, parlant toujours de relations consenties.

Depuis les premières révélations, il a été accusé par plus de 80 femmes de harcèlement, agression sexuelle ou viol, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd.

Le procès, qui doit durer jusqu'à fin mai, se poursuit jeudi.

Par Andréa BAMBINO / AFP

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