
Qualifiée d'« emblématique », la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky samedi au Vatican a été saluée par les deux parties comme devant entrer dans les livres d'histoire.
Quant à savoir si elle contribuera à sceller un accord de cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie, les dés ne sont pas encore jetés.
Penchés l'un vers l'autre, assis sur des fauteuils rouges selon des images de l'entretien relayées massivement sur les réseaux sociaux, le président américain et son homologue ukrainien ont parlé une quinzaine de minutes dans la basilique Saint-Pierre où étaient célébrées les funérailles du pape François.
C'était la première fois que les deux hommes se retrouvaient en tête-à-tête depuis l'échange houleux à Washington le 28 février, quand Donald Trump et son vice-président JD Vance avaient tancé le président ukrainien.
« Emblématique ! », a affirmé dimanche le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, dans les premiers commentaires détaillés de la Maison Blanche depuis la rencontre.
« Ce cadre, cette scène, cette rencontre resteront dans les livres d'histoire. Le président Trump est un président qui parle de paix et de diplomatie au Vatican », a-t-il relevé sur la chaîne Fox News.
Le président ukrainien avait lui-même parlé sur les réseaux sociaux d'« une réunion très symbolique qui pourrait devenir historique si nous parvenons à des résultats communs ».
Quoi qu'ait pu dire M. Zelensky lors de la rencontre au Vatican, cela a semblé fonctionner.
Quelques heures plus tard, le président américain a visiblement durci le ton vis-à-vis de Vladimir Poutine, émettant un doute sur la volonté du président russe d'« arrêter la guerre ».
Interrogé par des journalistes dimanche lors d'un déplacement dans le New Jersey, il a également estimé que M. Zelensky pourrait être désormais disposé à abandonner la Crimée, ce que Kiev a jusqu'à présent toujours exclu.
« Je pense que oui. La Crimée, c'était il y a 12 ans », a déclaré M. Trump en réponse à la question de savoir s'il pensait que M. Zelensky était prêt à « abandonner » cette péninsule annexée par la Russie en 2014.
Donald Trump exerce une forte pression pour arriver le plus rapidement possible à une cessation des hostilités en Ukraine, et multiplie les signes d'impatience vis-à-vis de Kiev et Moscou.
« Pas assez proches »
La semaine à venir sera « cruciale » pour déterminer si la Russie et l'Ukraine sont prêtes à conclure un accord, a estimé dimanche le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio.
Il a souligné que les États-Unis approchaient du moment de « décider si nous voulons continuer à nous impliquer dans cette entreprise, ou s'il est temps de nous concentrer sur d'autres questions qui sont tout aussi importantes, voire plus importantes, dans certains cas ».
« Nous sommes proches (d'un accord), mais pas assez proches », a-t-il dit dans une interview à la chaîne NBC.
Le secrétaire d'État américain a encore jugé qu'il y a « des raisons d'être optimiste, mais il y a aussi des raisons d'être réaliste » sur les chances d'aboutir à un accord, plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.
« La seule solution à cette guerre est un règlement négocié » où chaque partie devra faire des concessions, a-t-il répété.
Selon Mike Waltz, Donald Trump était déterminé samedi à parler « à M. Zelensky face à face et de discuter de la manière dont nous allons mettre fin à la plus grande guerre terrestre en Europe ».
Mais « les deux parties doivent le vouloir. Il a exprimé sa frustration à l'égard des deux parties, mais aussi sa détermination », a souligné le conseiller de la Maison Blanche.
Les États-Unis affichent leur frustration face au refus de Moscou de s'engager en faveur d'un cessez-le-feu, en dépit d'une série de réunions entre des responsables russes et américains.
L'envoyé spécial américain Steve Witkoff a notamment eu plusieurs tête-à-tête avec Vladimir Poutine au cours des dernières semaines. Il a cependant été critiqué en Ukraine pour des prises de position proches des Russes.
En attendant, l'appel à la paix est venu d'une autre personne du cercle rapproché de M. Trump : sa femme Melania, qui a fêté son 55e anniversaire samedi, jour des funérailles.
« J'ai eu l'honneur d'assister aux funérailles du pape François, en ce jour, où j'ai prié pour la guérison de ceux qui souffrent et pour la paix dans le monde », a révélé la Première dame dimanche sur X, postant une photo d'elle en noir et blanc, les yeux fermés et le voile levé.
Par Danny KEMP avec Léon BRUNEAU/ AFP
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