
Neuf ans après le spectaculaire braquage à Paris, Kim Kardashian fait face à ses agresseurs devant le tribunal. Ce procès ultra-médiatique met en lumière les failles sécuritaires ayant conduit à ce crime marquant.
Début octobre 2016, la reine des influenceuses Kim Kardashian était braquée dans sa chambre d'hôtel en pleine semaine de la mode par de vieux malfrats arrivés à vélo et déguisés en policiers : le procès de ce sensationnel vol de bijoux à neuf millions d'euros s'ouvre lundi à Paris.
Ce procès ultra-médiatique, au cours duquel deux mondes vont se faire face jusqu'au 23 mai, doit débuter à 14h30 (12h30 GMT) au palais de justice historique de la capitale française. Kim Kardashian, 44 ans, a fait savoir qu'elle viendrait témoigner le 13 mai.
Il est près de 03h00 (01h00 GMT) du matin, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, quand deux hommes encagoulés font irruption, arme au poing, dans la chambre de la star américaine, en peignoir et s'apprêtant à aller se coucher. Elle hurle. Eux, avec un fort accent français, dira-t-elle, lui réclament son «ring».
Le «ring», c'est sa bague de fiançailles offerte par le rappeur Kanye West, évaluée à quatre millions de dollars (3,5 millions d'euros), que Kim Kardashian, alors âgée de 35 ans, exhibe sur les réseaux sociaux, comme le reste de sa vie.
Un énorme diamant, une célébrité qui descend toujours au même hôtel parisien discret mais peu sécurisé, le No Address, et qui dévoile en temps réel où elle se trouve : la tentation était trop forte pour les papys braqueurs, comme la presse les a surnommés.
«C'était pas un gros vol à main armée» mais une affaire «facile», dira le principal mis en cause, Aomar Aït Khedache, identifié par son ADN. Il a reconnu avoir ligoté Kim Kardashian, mais conteste le rôle central que lui prêtent les enquêteurs.
357 millions d'abonnés
Il dit avoir été approché par un «commanditaire» qu'il ne nomme pas, qui lui aurait proposé ce «coup» monté grâce à un «informateur» très proche de la star, pouvant leur donner le feu vert. En l'occurrence, cette nuit-là, où elle était seule, son garde du corps ayant accompagné sa sœur Kourtney en discothèque.
Le braquage est express – une dizaine de minutes –, mais il traumatisera profondément Kim Kardashian. Montant du butin : dix millions de dollars de bijoux (neuf millions d'euros, depuis remboursés par les assurances), soit le plus gros vol d'un particulier depuis vingt ans en France.
Seul un collier perdu dans la rue lors de la fuite des braqueurs a été retrouvé. L'or aurait été fondu et les enquêteurs, qui ont tout de même saisi des centaines de milliers d'euros chez les suspects arrêtés trois mois après le braquage, pensent qu'une grande partie du butin a été écoulée en Belgique.
Star de téléréalité grâce à L'incroyable famille Kardashian, devenue puissante femme d'affaires et influenceuse avant l'heure, Kim Kardashian comptait déjà quelque 84 millions d'abonnés sur Instagram en 2016. Ils sont aujourd'hui 357 millions.
Pas par ses braqueurs, visiblement : au réceptionniste de l'hôtel menacé, ils avaient demandé «la femme du rappeur». Ils ne se rendront compte de qui elle était qu'après, en voyant l'ampleur médiatique et internationale du braquage.
«Truands à l'ancienne»
La moyenne d'âge de ces «truands à l'ancienne», dixit les enquêteurs (seuls deux ont reconnu leur participation), tournait à l'époque autour de 60 ans. Déjà condamnés pour braquages ou trafic de stupéfiants, Aomar Aït Khedache, son comparse Didier Dubreucq et huit autres comparaîtront libres.
Les juges devront déterminer qui a fait quoi, et surtout comment les malfrats ont pu être si bien informés. L'enquête désigne Gary Madar, le frère du chauffeur de Kim Kardashian, qui nie catégoriquement.
Pas moins de 400 journalistes, dont un quart d'étrangers, sont accrédités pour couvrir le procès. Mais neuf ans après les faits, les débats risquent d'être compliqués, avec des accusés âgés et malades pour certains.
L'un est décédé en mars et le cas du doyen, Pierre Bouianere, 80 ans, sera disjoint, n'étant pas en état d'être jugé. Aomar Aït Khedache, 68 ans, n'entend plus et ne peut s'exprimer que par écrit.
Kim Kardashian, qui avait cru son heure venue, n'a pas remis les pieds à Paris pendant longtemps et a cessé d'exposer sa vie – du moins en temps réel – sur les réseaux sociaux.
Par Marie DHUMIERES / AFP
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