
Les tensions sectaires entre les deux communautés sunnite et druze connaissent une recrudescence alarmante en Syrie. De Homs à Soueïda, en passant par la banlieue de Damas, plusieurs incidents violents sont venus raviver les fractures confessionnelles dans un pays encore marqué par plus d’une décennie de guerre.
Le point de départ de cette flambée récente de tensions a été une vidéo largement diffusée à l’université de Homs, dans laquelle un cheikh druze, Marwan Kiwan, aurait proféré des propos blasphématoires à l’encontre du prophète Mahomet. Ce contenu a provoqué l’indignation des étudiants sunnites, déclenchant des manifestations sur le campus et des attaques ciblées contre des étudiants druzes. Rapidement, les autorités ont procédé à l’évacuation de la cité universitaire afin d’éviter une escalade.
Toutefois, la véracité de la vidéo a été mise en doute. Selon plusieurs sources, celle-ci aurait été manipulée et montée de sorte à déformer les propos du cheikh druze. Ce dernier a d’ailleurs catégoriquement nié avoir proféré de telles paroles. Mais, selon une source bien informée de Soueïda, qui reprend des témoignages de la famille de Marwan Kiwan, celui-ci serait atteint de troubles mentaux et aurait bel et bien été l’auteur des propos contestés.
Des tensions qui s'étendent à Soueïda
Ces événements ont rapidement trouvé un écho dans la province de Soueïda, majoritairement druze, où des affrontements ont failli opposer des membres de cette communauté à des groupes bédouins sunnites. Plusieurs routes de la région ont ainsi été coupées, paralysant les activités commerciales et professionnelles.
«La ville vit actuellement au rythme d’une tension qui oscille entre peur de combats et appels à la paix», indique-t-on de même source. Selon la personne interrogée par Ici Beyrouth sous couvert d’anonymat, et afin d’éviter une dégradation de la conjoncture actuelle, les responsables locaux se sont empressés d’appeler à la retenue et l’apaisement, dénonçant des tentatives de division orchestrées, selon eux, par des forces extérieures.
À Jaramana, les affrontements font plusieurs morts
La situation a pris une tournure plus grave dans la nuit de lundi à mardi à Jaramana, une banlieue de Damas, à majorité druze. «Des échanges de tirs nourris ont secoué la ville pendant la nuit, provoquant une paralysie totale de l’activité au petit matin», précise-t-on de source susmentionnée. Et d’indiquer que, selon un bilan provisoire, au moins douze personnes ont été tuées et une douzaine d’autres blessées lors d’affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants druzes.
Par ailleurs et dans un communiqué publié mardi, les autorités spirituelles de la communauté druze à Jaramana ont fermement condamné les propos blasphématoires à l’égard du prophète ainsi que les attaques violentes survenues. Dans leur texte, elles ont dénoncé la vidéo comme étant une tentative délibérée de semer la discorde.
Le communiqué a également appelé les autorités à clarifier les circonstances de l’incident et à prendre leurs responsabilités. «La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est une responsabilité fondamentale de l’État», peut-on lire dans le communiqué.
Ces incidents qui témoignent de la fragilité du tissu social syrien, mis à rude épreuve par des années de guerre, de déplacements massifs et d’effondrement des institutions, ne sont pas inédits. En mars dernier, des altercations avaient également eu lieu entre les forces armées syriennes et des combattants druzes après une fusillade à un poste de contrôle à Jaramana qui avait provoqué la mort d’un agent des forces de sécurité.
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