
À la veille du scrutin municipal à Baabda-Louaizé, trois listes s’affrontent dans un climat où se mêlent rivalités familiales, enjeux confessionnels et alliances politiques. Entre recompositions partisanes, poids clientéliste du bourg de Sebnay et attentes d'une population en quête de meilleurs services publics, le vote de ce dimanche pourrait redessiner les équilibres locaux et illustrer, à l’échelle d’une commune, les dynamiques plus larges du Liban d’aujourd’hui.
Après neuf ans sans élections municipales, les quelque 5.000 électeurs de Baabda-Louaizé sont appelés ce dimanche aux urnes pour renouveler leur conseil municipal. Ce scrutin, attendu depuis 2016, se déroule dans un climat où familles influentes, partis nationaux et enjeux confessionnels s'entrecroisent étroitement, offrant un concentré des dynamiques libanaises actuelles.
Trois listes se disputent la majorité des quinze sièges du conseil. La première est menée par Henri Carmello Helou, ancien maire élu en 2010, appuyé par les Forces libanaises (FL). M. Helou, figure connue localement, mise sur son expérience pour séduire un électorat lassé par la paralysie du mandat précédent.
Face à lui, Sami Maamari conduit une liste financée par le Hezbollah, une première dans une commune historiquement acquise aux partis chrétiens. Ce soutien s’appuie sur une réalité démographique singulière: les habitants du bourg de Sebnay, rattachés à Hadath pour l’administration mais inscrits électoralement à Baabda, représentent environ 800 voix sunnites et chiites. Dans une compétition aussi serrée, ces suffrages minoritaires, traditionnellement acquis contre services ou promesses, pourraient jouer un rôle décisif. Des habitants de Baabda rapportent à Ici Beyrouth que la mobilisation de Sebnay pourrait même inverser l'équilibre entre les listes chrétiennes rivales.
La troisième liste, dirigée par Henri-Michel Helou, représente la prolongation du mandant du Courant patriotique libre (CPL) à Baabda-Louaizé. Adossé au parti fondé par Michel Aoun, M. Helou bénéficie d’un soutien partisan clair, mais devra convaincre un électorat partagé entre fidélité historique et désillusion vis-à-vis du bilan des dernières années.
Au-delà des stratégies électorales, les citoyens attendent surtout des réponses concrètes aux défis qui affectent leur quotidien. La crise persistante des déchets, l'état déplorable des routes, l’absence d’espaces publics aménagés et le manque de transparence dans la gestion municipale dominent les préoccupations locales. La crise économique nationale n’a fait qu’aggraver ces problèmes, rendant la question de la bonne gouvernance plus cruciale que jamais.
La participation électorale ne sera pas l’un des grands enjeux du scrutin. En 2016, elle était restée en dessous de 50%, malgré l’importance des enjeux locaux. Rien d’anormal. La lassitude politique générale pèse lourdement sur le taux de participation effectif.
À Baabda-Louaizé, où les batailles électorales se jouent souvent à quelques centaines de voix près, chaque suffrage compte, notamment à Sebnay, où le poids électoral des minorités confessionnelles sera étroitement scruté. En toile de fond, ce scrutin dépasse les frontières d’une simple élection locale: il est le reflet des mutations lentes, parfois chaotiques, qui traversent la société libanaise dans son ensemble.
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