Inde: ce que l'on sait de l'attentat meurtrier au Cachemire
Des voisins se rassemblent près d'une maison démolie appartenant à la famille d'Ahsan Ul Haq Sheikh, soupçonné d'être impliqué dans l'attaque touristique de Pahalgam, dans le village de Murran à Pulwama, au sud de Srinagar, le 26 avril 2025. ©Tauseef MUSTAFA / AFP

L'attentat qui a causé la mort de 26 personnes il y a une semaine dans le Cachemire indien a fait retomber les relations entre l'Inde et le Pakistan aux pires heures de la rivalité qui les oppose depuis leur indépendance en 1947.

New Delhi a imputé la responsabilité de l'attaque à Islamabad qui l'a aussitôt niée, réclamant une « enquête neutre » sur ses circonstances.

Voici ce que l'on sait de l'attaque et de ses conséquences :

Que s'est-il passé ?

Le 22 avril dans l'après-midi, au moins trois hommes armés surgissent de la forêt qui borde une vaste espace vert dans la ville touristique de Pahalgam, dans les contreforts de l'Himalaya.

Selon les témoins interrogés par l'AFP, les assaillants séparent les hommes des femmes et des enfants et exécutent ceux qui ne peuvent pas réciter l'appel à la prière des musulmans.

Le bilan est lourd : 26 morts, 25 citoyens indiens et un touriste originaire du Népal voisin. Parmi les victimes figure un guide musulman de la région qui proposait des balades à poney.

Cette attaque est la plus meurtrière visant des civils depuis plus de vingt ans dans la région.

Qui a perpétré l'attentat ?

Très vite, la police identifie trois des auteurs présumés de l'attaque et publie leur portrait-robot : un citoyen indien et deux ressortissants pakistanais.

Ils sont présentés comme membres du Front de la résistance (TRF), issu du groupe jihadiste Lashkar-e-Taiba (« l'armée des pieux ») basé au Pakistan. Ce mouvement est soupçonné par l'Inde d'avoir mené les attaques qui ont fait 166 morts à Bombay.

Aucun mouvement identifié n'a revendiqué la responsabilité de cette attaque.

Dans le cadre de l'enquête, l'Agence nationale d'investigation (NIA), la police judiciaire fédérale indienne, a procédé à plus de 2.000 interpellations et interrogatoires, selon une source policière.

L'armée indienne a parallèlement procédé à la destruction d'au moins neuf maisons appartenant à des suspects, nourrissant la colère de certains élus locaux et d'une partie de la population qui dénoncent une « punition collective ».

Le Premier ministre Narendra Modi a promis de traquer les auteurs de l'attaque et leurs complices « jusqu'au bout de la terre ».

Dans quel contexte ?

Le Cachemire a été divisé entre l'Inde et le Pakistan lors de la partition qui a accompagné leur indépendance de l'Empire britannique en 1947. Les deux pays revendiquent depuis la souveraineté de l'ensemble du territoire.

La partie indienne de cette région à majorité musulmane est le théâtre depuis 1989 d'une violente insurrection séparatiste.

Les combats qui opposent régulièrement les rebelles aux quelque 500.000 soldats indiens déployés dans la région ont fait des dizaines de milliers de morts, insurgés, soldats ou civils.

Le gouvernement ultranationaliste hindou de M. Modi a révoqué en 2019 le statut de semi-autonomie du Cachemire indien et repris son contrôle total.

Quelles conséquences ?

New Delhi, qui accuse régulièrement Islamabad de « terrorisme transfrontalier » – ce que le Pakistan nie – n'a pas tardé à annoncer une série de sanctions contre son voisin et rival.

Parmi elles, la suspension d'un traité bilatéral sur le partage des eaux du fleuve Indus, qui fait peser la menace d'une guerre de l'eau, la fermeture du principal poste-frontière terrestre entre les deux pays et le rappel de nombreux diplomates.

Le ministère indien des Affaires étrangères a aussi suspendu la délivrance des visas aux Pakistanais et l'annulation de tous ceux en cours, les contraignant à quitter le sol indien d'ici mardi soir.

Lundi, l'Inde a également interdit sur son sol la diffusion d'une quinzaine de chaînes pakistanaises diffusées sur la plateforme YouTube.

Quasi-simultanément, le Pakistan a en représailles annoncé la fermeture de son espace aérien aux compagnies indiennes, déclaré persona non grata de nombreux diplomates indiens et annulé à son tour les visas accordés aux citoyens indiens.

Islamabad a averti que toute tentative indienne de dérouter les eaux de l'Indus serait considérée comme un « acte de guerre » auquel il répondrait « avec toute sa puissance ».

Et maintenant ?

Depuis plusieurs nuits, des tirs d'armes légères opposent soldats indiens et pakistanais le long de la « ligne de contrôle », la frontière qui divise le Cachemire.

Les experts anticipent désormais une riposte militaire de New Delhi. Depuis plusieurs jours, la presse indienne bruisse de propos de sources gouvernementales anonymes promettant des « représailles militaires ».

En 2019 déjà, après une attaque meurtrière contre ses soldats, l'Inde avait mené un raid aérien sur le sol du Pakistan, qui avait ensuite riposté.

Dimanche, la marine indienne a opportunément publié des images d'essais de missiles antinavire conduits par plusieurs de ses bâtiments.

Avec AFP

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