Des suggestions de réformes majeures de l'ONU avancées dans un mémo interne
Un convoi de l'ONU roule sur une route près de Damas, la capitale syrienne, le 30 avril 2025. ©Bakr ALKASEM / AFP

Le groupe de travail interne chargé par le secrétaire général de l'ONU de proposer des solutions pour rendre l'organisation plus efficace a suggéré des réformes majeures allant jusqu'à la fusion de certaines agences, selon un mémo interne vu vendredi par l'AFP.

En mars, Antonio Guterres a lancé l'initiative "ONU80" destinée à améliorer l'efficacité des Nations unies qui font face à des contraintes budgétaires chroniques renforcées par les politiques du président américain Donald Trump.

Et le mémo qui a fuité vendredi "est seulement une partie du processus", a commenté Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général qui doit rendre compte prochainement aux Etats membres de l'avancée des travaux.

Le groupe de travail décrit dans ce mémo une "prolifération des agences, fonds et programmes qui a conduit à un système de développement fragmenté, avec des mandats qui se chevauchent, une utilisation inefficace des ressources et des prestations de services pas cohérentes", selon le document de six pages vu par l'AFP qui compile un certain nombre de "suggestions".

Le mémo déplore également des "méthodes de travail dépassées" qui mènent à un "manque d'efficacité", une "inflation" du nombre de hauts responsables et une "duplication" des tâches à travers le système onusien.

Le tout dans un contexte de "changements géopolitiques et de réductions importantes des budgets d'aide étrangère" qui "mettent en cause la légitimité et l'efficacité de l'Organisation".

Face aux coupes budgétaires drastiques de certains pays donateurs, en particulier les Etats-Unis, plusieurs agences et services comme le Programme alimentaire mondial (PAM) ou l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont déjà annoncé ces dernières semaines des réductions importantes de leurs opérations et de leurs effectifs, provoquant l'inquiétude des employés dont plusieurs centaines ont manifesté jeudi à Genève.

Pour répondre aux problèmes identifiés, le groupe de travail plaide pour une organisation "plus rationalisée, percutante et fiscalement responsable".

Dans ce cadre, il propose des réformes du Secrétariat dirigé par Antonio Guterres, par exemple un regroupement les départements des affaires politiques et des opérations de maintien de la paix, mais il avance aussi des idées qui ne pourront être mises en place qu'avec un accord des Etats membres.

Il suggère notamment la création d'une "entité humanitaire unique", évoquant plusieurs options, comme une fusion du Bureau des affaires humanitaires (Ocha), du HCR et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), ou une fusion des capacités opérationnelles d'Ocha, du HCR, de l'Unicef et de l'OMS, dans les opérations humanitaires.

Le mémo envisage d'autre part une "réduction" du nombre d'entités destinées aux activités de développement, une "intégration" de l'ONU-Climat au sein de l'ONU-Environnement, ou encore une fusion du Fonds des nations unies pour la population (spécialisé dans la santé de la mère et de l'enfant) et de l'ONU-Femmes.

Des agences qui dépendent de mandats issus de résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU ou d'autres accords internationaux, donc des Etats membres.

Alors "le processus pourrait devenir très compliqué, parce que différents Etats ont divers intérêts dans différentes parties des Nations unies", a commenté Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

Et ces propositions "radicales" pourraient aussi "rencontrer beaucoup de résistance dans plusieurs entités de l'ONU", a-t-il indiqué à l'AFP.

Interrogé à Genève, le porte-parole du HCR Matthew Saltmarsh a déjà insisté sur "le mandat unique" de cette agence pour "protéger les réfugiés".

AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire