Ukraine-Russie: une trêve sans silence, les drones continuent de tomber
Des chars de l'armée russe traversent le centre de Moscou, le 3 mai 2025, lors d'une répétition pour le défilé du jour de la Victoire où la Russie célébrera le 80e anniversaire de la défaite de l'Allemagne nazie en 1945 ©(Alexander NEMENOV / AFP)

À quelques jours des célébrations du 9 mai, date hautement symbolique en Russie, l’Ukraine a frappé fort. Dans la nuit de lundi à mardi, plus de 100 drones ont visé le territoire russe, atteignant plusieurs régions et provoquant la fermeture temporaire d’aéroports, y compris à Moscou. Cette démonstration de force intervient alors que le Kremlin décrète une trêve unilatérale de trois jours, rejetée par Kiev. 

Par-delà les slogans de victoire, la guerre s’invite jusque dans le ciel de Moscou. L’Ukraine a lancé dans la nuit de lundi à mardi une attaque massive de drones sur le territoire russe, marquant une nouvelle escalade dans le conflit. Selon le ministère russe de la Défense, 105 drones ont été interceptés ou neutralisés par les forces de défense antiaérienne, dont 19 visaient directement la capitale.

Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a indiqué que les débris de ces engins sont tombés sur une avenue du sud de la ville, sans faire de victime, «19 engins ayant visé la capitale ont été interceptés par la défense antiaérienne. Des débris de drone sont tombés dans le sud de Moscou, sans toutefois faire de victimes», a-t-il déclaré. 

Des images diffusées par les médias russes montrent une vitrine fendue, une façade noircie et des habitants inquiets. Une rare intrusion du conflit dans une ville où la guerre semblait jusqu’ici lointaine.

La capitale russe, pourtant en apparence épargnée par les combats depuis le début de l’invasion à grande échelle, en février 2022, a vu ses quatre principaux aéroports – Chérémétiévo, Domodedovo, Vnoukovo et Joukovski – suspendre temporairement leurs activités. Plusieurs autres installations aériennes ont été contraintes à la fermeture, notamment dans les grandes villes de la Volga comme Nijni Novgorod, Samara, Saratov et Volgograd, l’ancienne Stalingrad.

Régions frontalières touchées

À Koursk, deux adolescents ont été blessés lors d’une attaque et des coupures de courant ont été signalées dans la nuit de lundi et mardi. Les gouverneurs de Penza et Voronej ont également rapporté l’interception de 10 et 18 drones respectivement.

Cette vague de frappes, l’une des plus importantes depuis le début de la guerre, survient dans un moment hautement symbolique pour la Russie. En effet, le pays s’apprête à commémorer le 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie avec une parade militaire prévue vendredi 9 mai sur la place Rouge, en présence de Vladimir Poutine, du président chinois, Xi Jinping, du président brésilien, Lula, et de 27 autres dirigeants étrangers.

Un cessez-le-feu unilatéral décrété par Moscou

Du 8 au 10 mai, un cessez-le-feu est censé offrir un répit pour les célébrations. Mais Kiev a rejeté cette proposition, dénonçant une «tentative de manipulation». Volodymyr Zelensky a comparé la démarche à une mise en scène destinée à l’auditoire international, qualifiant la trêve de «performance théâtrale».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a prévenu que la Russie répondrait «immédiatement» à toute attaque pendant cette période. «Si le régime de Kiev continue de frapper nos positions, une réponse adéquate sera donnée», a-t-il déclaré.

Kiev campe sur une ligne ferme

Sous pression de ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis, l’Ukraine continue de réclamer un cessez-le-feu global et inconditionnel, préalable à toute négociation avec Moscou. La Russie, elle, insiste sur des garanties concrètes concernant ses revendications territoriales et stratégiques, notamment dans les régions déjà annexées.

L’entretien prévu jeudi entre Xi Jinping et Vladimir Poutine pourrait apporter des éléments de réponse sur les positions respectives des grands alliés face à l’impasse diplomatique. Des soldats chinois participeront également au défilé du 9 mai, aux côtés de troupes de douze autres pays, ce que Kiev a fermement condamné. «Marcher avec l’agresseur, c’est partager la responsabilité du sang versé», a dénoncé la diplomatie ukrainienne.

Pendant ce temps, les combats se poursuivent. Des frappes russes ont fait au moins trois morts en Ukraine, notamment dans les régions d’Odessa, Donetsk et Kherson. L’armée russe revendique aussi la prise de la localité de Lyssivka, dans l’Est. Un échange de 205 prisonniers de guerre a eu lieu entre les deux camps, dernier geste de relative coopération dans un conflit qui semble toujours loin de son terme.

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