Escalade entre l'Inde et le Pakistan: ce que l'on sait
Après l’attentat de Pahalgam, l’Inde et le Pakistan se livrent à leurs pires violences depuis vingt ans, faisant craindre une guerre entre puissances nucléaires. ©Photo par Narinder NANU / AFP

L'Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés tôt mercredi, entrant dans ce qui semble être les violences les plus importantes entre les puissances nucléaires voisines en deux décennies.

Les rivaux historiques, qui se sont livrés plusieurs guerres depuis leur partition en 1947, sont sur le pied de guerre depuis que des hommes armés ont abattu 26 civils au Cachemire administré par l'Inde, le 22 avril.

Si l'attaque n'a pas été revendiquée, New Delhi accuse Islamabad, qui dément formellement.

Voilà ce que l'on sait de l'escalade en cours entre l'Inde et le Pakistan qui a déjà fait plus d'une trentaine de morts :

Quels sont les derniers développements? 

L'Inde a tiré, dans la nuit de mardi à mercredi, des missiles sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais, selon l'armée pakistanaise.

New Delhi assure avoir «frappé des infrastructures terroristes au Pakistan (...) d'où les attaques terroristes contre l'Inde ont été organisées et dirigées».

Au moins «26 civils», dont trois enfants de 3 à 5 ans, ont été tués et 46 blessés dans ces frappes et les échanges de tirs qui ont suivi entre les deux armées dans le Cachemire disputé, selon le porte-parole de l'armée pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry.

«Notre action est ciblée, mesurée et vise à éviter toute escalade. Aucune installation militaire pakistanaise n'a été visée», a dit le gouvernement indien, assurant avoir fait preuve d'une «retenue considérable».

Le Pakistan a assuré se «réserver le droit absolu de répondre de façon décisive à cette attaque indienne non provoquée», tout en rapportant que des frappes indiennes avaient endommagé l'un de ses barrages produisant de l'électricité au Cachemire pakistanais.

«Une réponse résolue est déjà en cours», a assuré le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif.

L'armée indienne a affirmé que des tirs d'artillerie pakistanais avaient visé la partie du Cachemire administrée par New Delhi.

Au moins huit personnes ont été tuées dans le village indien de Poonch (nord-ouest) lors de ces tirs qui opposent les deux armées, a rapporté à l'AFP un responsable local.

Un total de 29 autres personnes ont été blessées lors de ces bombardements, a ajouté Azhar Majid.

D'où est partie l'escalade? 

D'une attaque dans la partie tenue par l'Inde du Cachemire : le 22 avril, des hommes armés ont abattu 26 personnes, principalement des hommes hindous, sur le site touristique de Pahalgam, provoquant un choc national en Inde.

Aussitôt après cet attentat, New Delhi a accusé Islamabad. Le Pakistan, lui, dément toute implication.

Si l'attaque n'a jamais été revendiquée, la police indienne assure rechercher au moins deux ressortissants pakistanais parmi les assaillants et leurs complices et assure qu'ils sont liés au LeT, le mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba basé au Pakistan, déjà soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008.

Depuis, les deux voisins ne cessent de faire valoir leur «droit à se défendre» et se sont livrés à une surenchère de sanctions, avec la suspension d'un traité sur le partage des eaux de l'Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et l'expulsion de diplomates.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a donné son feu vert à une «riposte» militaire et annoncé qu'il allait «couper l'eau» des fleuves qui prennent leur source en Inde et irriguent le Pakistan — un projet irréalisable à court terme selon les experts.

Que se passe-t-il au Cachemire? 

Le Cachemire montagneux est au cœur des tensions depuis la partition de l'Inde et du Pakistan au départ du colonisateur britannique en 1947.

Alors, la province à majorité musulmane mais avec un chef hindou, avait hésité entre rejoindre l'Inde à majorité hindoue ou le Pakistan à majorité musulmane, conduisant, en 1949, à la première guerre entre les deux voisins.

D'autres conflits ont suivi, en 1965 et en 1999.

Les deux parties contrôlent une partie du Cachemire mais revendiquent l'intégralité du territoire et maintiennent des troupes stationnées pour surveiller la ligne de contrôle.

L'Inde accuse son voisin de financer et d'entraîner des insurgés qui réclament depuis 1989 l'indépendance ou le rattachement du Cachemire indien au Pakistan. Islamabad nie et affirme soutenir la lutte pour l'autodétermination et dénoncer des violations des droits humains dans la région.

En 2019 déjà, l'Inde avait menacé de représailles après la mort de 41 paramilitaires dans une attaque-suicide au Cachemire imputée à un groupe basé au Pakistan. Des frappes aériennes mutuelles menèrent les deux pays au bord de la guerre.

Le Pakistan avait capturé un pilote indien, avant de le rendre à son pays, et les hostilités avaient rapidement cessé grâce à une médiation américaine.

Que dit la communauté internationale 

Depuis le 22 avril, de nombreux appels à la retenue ont été lancés par des dirigeants appelant à éviter un embrasement régional.

Après les frappes indiennes, l'ONU a assuré que «le monde ne peut pas se permettre une confrontation militaire» entre Inde et Pakistan, tous deux en possession de l'arme nucléaire.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio s'est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais, encourageant les deux parties à entamer des discussions.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est attendu à New Delhi mercredi, deux jours après une visite à Islamabad, pour y lancer une médiation

Par AFP

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