Quand la fumée devient symbole: l'art discret de l'élection papale
De la fumée blanche s'élève de la cheminée sur le toit de la chapelle Sixtine, signifiant que les cardinaux ont élu un nouveau pape lors du deuxième jour de leur conclave secret, le 13 mars 2013 au Vatican ©(Filippo MONTEFORTE / AFP)

Lorsque les cardinaux de l'Église catholique se réunissent en conclave, ils brûlent leurs bulletins de vote en envoyant de la fumée : noire pour signaler l'absence de décision, blanche pour indiquer qu'ils ont élu un nouveau pape.

La tradition séculaire de l’utilisation de la fumée a évolué au fil du temps, tout comme la technologie utilisée.

Coup de feu

Tous les conclaves, sauf un (à Venise), se sont tenus à Rome depuis le XVe siècle, et la tradition de brûler les bulletins de vote des cardinaux remonte à cette époque.

Au départ, il s’agissait d’empêcher la falsification des votes, mais, au fil du temps, cette pratique a fini par être utilisée comme un signal, même si, pendant des siècles, elle signifiait simplement que le vote n’avait pas abouti.

Lors du conclave de 1823, au palais du Quirinal, aujourd’hui siège de la présidence de la République mais qui était alors la résidence papale, il avait été convenu que la garde à l’extérieur tirerait à blanc pour annoncer l’élection d’un pape, selon Javier Martinez-Brocal et José de Jesús Aguilar, auteurs d’un ouvrage de référence sur l’histoire des conclaves.

La première fois que de la fumée blanche a été utilisée pour signaler l’élection d’un pape, c’était lors du conclave de 1914 dans la chapelle Sixtine du Vatican.

Deux poêles

Le poêle en fonte dans lequel les cardinaux brûlent leurs bulletins de vote a été utilisé pour la première fois lors du conclave de mars 1939.

Il mesure environ un mètre de haut et les années et mois des conclaves au cours desquels il a été utilisé y sont gravés.

Il est doté d’une porte inférieure pour l’allumer, avec une valve manuelle pour régler le tirage, et d’une porte supérieure pour introduire les documents à brûler.

Depuis 2005, le Vatican a ajouté un second poêle, neuf, relié à un petit conduit qui alimente la même cheminée. Des produits chimiques y sont brûlés pendant plusieurs minutes pour colorer la fumée.

Blanche ou noire

Divers produits chimiques sont utilisés à cet effet, en noir ou en blanc, depuis 1958, mais le nouveau poêle, utilisé pour la première fois lors de l’élection de Benoît XVI en 2005, est équipé d’un ventilateur et rend la fumée encore plus visible.

Le nouveau poêle s’active électroniquement, mais le Vatican affirme qu’il a été testé et qu’il est prêt à faire face à des difficultés de dernière minute.

«Un technicien expert, enfermé en marge du conclave, restera pendant toute la durée du vote dans une petite salle technique près de la chapelle Sixtine, avec la télécommande du poêle», selon Silvio Screpanti, directeur adjoint des infrastructures de la Cité du Vatican.

Il sera «prêt à intervenir rapidement si nécessaire, afin qu’aucun événement imprévu n’entrave la fameuse fumée blanche tant attendue».

Cloches

Depuis 2005, pour éviter le doute au cas où la fumée blanche deviendrait grise, les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnent également pour indiquer au monde que l’Église a un nouveau pape.

Sauf que cette année-là, la fumée blanche était trop grise et, dans l’affolement qui a suivi, le préposé aux cloches a oublié de les faire sonner pendant une dizaine de minutes.

AFP

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