Nouveaux échanges de tirs entre l'Inde et le Pakistan, Islamabad promet de « venger ses morts »
Des soldats pakistanais montent la garde près du site d'une mosquée endommagée, un jour après les frappes indiennes à Muzaffarabad, la capitale du Cachemire administré par le Pakistan, le 8 mai 2025. ©Sajjad Qayyum / AFP

L'Inde et le Pakistan ont à nouveau échangé quelques tirs dans la nuit de mercredi à jeudi à leur frontière, dans la foulée de leur confrontation militaire la plus violente des deux dernières décennies.

Mercredi, les deux puissances nucléaires ont échangé d'intenses tirs d'artillerie après une série de frappes indiennes sur le sol pakistanais visant le groupe accusé par New Delhi de l'attentat commis le 22 avril dans sa partie du Cachemire.

Selon les derniers bilans, ces bombardements ont causé la mort d'au moins 43 personnes dans les deux camps, dont de nombreux civils.

Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a promis mercredi soir, dans un discours à la nation, de « venger chaque goutte de sang de ces martyrs », laissant présager d'autres opérations.

Son ministre de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a renchéri que son pays « ne tarderait pas à régler ses comptes ».

Après une longue journée de bombardements, les soldats pakistanais et indiens ont à nouveau échangé dans la nuit des tirs d'artillerie et d'armes légères le long de la « ligne de contrôle » qui coupe le Cachemire entre leurs deux pays.

L'armée indienne a assuré dans un communiqué avoir répondu « de façon proportionnée » à des tirs pakistanais « non provoqués » qui l'ont visée dans plusieurs secteurs, sans faire état de victimes.

Ces incidents n'ont pas été confirmés à Islamabad.

« Camps terroristes »

Les deux voisins, rivaux depuis leur indépendance en 1947, étaient sur le pied de guerre depuis l'attaque qui a fait 26 morts à Pahalgam, une ville touristique du Cachemire indien.

Sans attendre de revendication, l'Inde l'a attribuée à un groupe jihadiste basé au Pakistan, le Lashkar-e-Taiba (LeT), et accusé son voisin de le soutenir, ce qu'Islamabad nie fermement.

Comme le Premier ministre indien Narendra Modi avait promis de le faire, l'armée indienne a riposté en détruisant neuf « camps terroristes » de ce mouvement.

Son ministre de la Défense, Rajnath Singh, a répété que ces frappes n'avaient visé que des « camps terroristes » soigneusement identifiés pour « éviter la population ou des secteurs civils ».

Mais les missiles indiens qui ont plu sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs qui ont suivi ont fait 31 morts et 57 blessés, selon le dernier bilan communiqué par l'armée pakistanaise.

« J'ai eu très peur, comme si c'était un tremblement de terre », a témoigné pour l'AFP un habitant de la ville de Mouridke, Mohammed Khourram.

« Grand boum »

Il a décrit « un grand boum (…) puis un missile est arrivé et a frappé, et un second une minute après, trois ou quatre ont suivi ».

Dans la grande ville de Muzaffarabad, dont une mosquée a été visée par les frappes indiennes, les funérailles des victimes ont débuté dès mercredi, rassemblant d'importantes foules.

Un des porte-parole de l'armée a ajouté que les frappes indiennes avaient également endommagé un barrage hydroélectrique au Cachemire.

Le Pakistan a aussi affirmé avoir « abattu cinq avions indiens » dans l'espace aérien de son voisin.

L'Inde n'a pas officiellement commenté ces affirmations, mais une source sécuritaire indienne a indiqué à l'AFP que trois chasseurs de son armée de l'air indienne s'étaient écrasés, pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement précisées.

L'Inde, elle, a recensé 12 morts et 38 blessés dans le seul village indien de Poonch, cible de nombreux obus pakistanais, selon des journalistes de l'AFP.

« Ma sœur était à la maison lorsque les premiers obus sont tombés », a raconté à l'AFP Madasar Choudhary, 29 ans.

« Alerte maximale »

« Elle a vu deux enfants sortir de chez son voisin en courant et a crié pour leur dire de rentrer pour se mettre à l'abri », a-t-il poursuivi. « Mais des éclats les ont atteints et ils sont morts… »

Les propos mercredi soir du Premier ministre pakistanais ont nourri les craintes de nouvelles opérations militaires.

De nombreuses capitales étrangères ont renouvelé leurs appels à la retenue. « Je veux qu'ils arrêtent », a lancé le président américain Donald Trump.

Reçu lundi par le gouvernement pakistanais, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi est attendu jeudi à New Delhi dans le cadre de ses efforts de médiation.

« Les objectifs de l'Inde sont atteints », a jugé Happymon Jacob, le directeur du centre de réflexion Council for Strategic and Defence Research, basé à New Delhi.

« Le Pakistan a pour objectif de conduire des représailles qui lui permettent de sauver la face sur le plan intérieur et à l'international. C'est ce qu'il va probablement faire », a ajouté M. Jacob.

« Les districts frontaliers sont en alerte maximale », a rapporté jeudi le quotidien indien The Hindu, « l'Inde doit se préparer à une escalade ».

Sajjad Qayyum, AFP

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