Léon XIV, premier pape américain de l'Histoire, a déploré le recul de la foi vendredi lors d'une première messe dans la droite ligne de son prédécesseur François.

Après quelques mots en anglais pour inviter à "annoncer l'Évangile", Robert Francis Prevost, 69 ans, a prononcé en italien sa première homélie en tant que chef de l'Église catholique, devant les cardinaux réunis dans la chapelle Sixtine.

Ce pasteur augustinien féru d'histoire chrétienne et de mathématiques y a déploré le recul de la foi au profit "d'autres certitudes comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir, le plaisir".

Léon XIV, qui portait des chaussures noires comme François et non rouges comme le veut la tradition papale, a également déploré "les contextes où Jésus, bien qu'apprécié en tant qu'homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de surhomme".

Lors de sa première apparition jeudi soir devant une foule en liesse de quelque 100.000 personnes place Saint-Pierre, Léon XIV s'était adressé aux plus de 1,4 milliard de catholiques: "Que la paix soit avec vous tous!"

"Le pape Léon XIV va apporter son génie propre à l'Église, c'est quelque chose de très positif" a affirmé vendredi à l'AFP le cardinal français François-Xavier Bustillo, décrivant un pape "doux et déterminé".

"Héritage de François"

Son élection a suscité la fierté de nombreux fidèles au Pérou, où Robert Francis Prevost a passé des années. "Il a montré sa proximité, sa simplicité avec les gens", a affirmé à l'AFP Luis Alberto Barrera, l'évêque d'El Callao.

"J'espère juste qu'il va porter l'héritage de François", a affirmé à Houston Azul Montemayor, 29 ans, en espérant "qu'il ne se laissera pas entraîner par une idéologie plus conservatrice comme on en a en ce moment aux États-Unis avec le président Trump".

Avant d'être élu pape Robert Francis Prevost a été très actif sur les réseaux sociaux, n'hésitant pas à affirmer sur X que "JD Vance a tort" car "Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres".

Dans les prochains jours, Léon XIV honorera une série de rendez-vous, dont la prière du Regina Coeli dimanche à 12H00 (10H00 GMT), et rencontrera lundi matin les journalistes au Vatican.

Ses premiers faits et gestes seront observés de près: décidera-t-il de vivre à la résidence Sainte-Marthe, comme François, ou reviendra-t-il dans les appartements pontificaux? Quelles seront ses premières décisions?

Le natif de Chicago devra rapidement affronter des défis considérables pour une Église en perte de vitesse en Europe: finances, lutte contre la pédocriminalité, baisse des vocations...

Il devra aussi apaiser une Église parfois bousculée par le pontificat de François (2013-2025), ponctué de réformes qui ont fait l'objet de vives critiques internes. Sa connaissance parfaite de la Curie romaine (administration du Saint-Siège) devrait l'aider dans cette tâche.

Élu par les cardinaux après à peine 24 heures de conclave, le 267e pape de l'Église catholique est le quatrième non italien de suite après le Polonais Jean-Paul II (1978-2005), l'Allemand Benoît XVI (2005-2013) et l'Argentin François. 

"Manifeste social"

Léon XIV porte "dans son nom un manifeste social" venu de Léon XIII, soulignait vendredi le quotidien Il Messaggero, tandis que La Stampa décrivait un "pape des deux mondes", né au Nord mais enraciné au Sud.

Avec Robert Francis Prevost, homme d'écoute et de synthèse, classé parmi les modérés, les cardinaux ont opté pour la continuité, même si cet Américain, créé cardinal en 2023 par François qui a porté son ascension au Vatican, devrait mettre davantage les formes que son prédécesseur.

"C'est à la fois une opposition au gouvernement américain et la prise en considération des critères géopolitiques", a affirmé à l'AFP François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux.

"Et c'est également, à la fois par le choix de son nom Léon XIV, et par son origine missionnaire, un lien qui est fait avec l'Amérique latine, où il vivait", a-t-il ajouté.

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