Le Pakistan accuse l'Inde de frappes près d'Islamabad
©PUNIT PARANJPE/AFP

Le Pakistan a accusé samedi l'Inde d'avoir tiré des missiles sur des bases aériennes, dont une près d'Islamabad, au moment où la plus grave confrontation entre les deux puissances nucléaires depuis des décennies a déjà fait une cinquantaine de morts civils des deux côtés.

Relayant les inquiétudes internationales, les pays membres du G7 ont appelé à "une désescalade immédiate".

Peu avant l'aube samedi, alors que deux explosions venaient de retentir à Islamabad et à Rawalpindi toute proche, ville de garnison des militaires et services du renseignement, le porte-parole de l'armée pakistanaise est apparu à la télévision d'Etat.

"L'Inde a attaqué avec des missiles (...) les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot ont été visées", a-t-il dit.

"Maintenant, attendez notre réponse", a-t-il lancé en anglais.

Si Islamabad assure ne pas avoir encore mené la "riposte" qu'il promet depuis des frappes indiennes mercredi, New Delhi a affirmé avoir été la cible d'une vague d'attaques de drones pakistanais au Cachemire et au Penjab, dans le nord-ouest de son territoire.

Le chef de l'exécutif du Cachemire, Omar Abdullah, a rapporté des "détonations intermittentes" à Jammu. "Plus d'électricité maintenant. On entend des sirènes dans la ville", a-t-il écrit sur X.

Mercredi, l'Inde avait mené des frappes sur le sol pakistanais, en représailles à un attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien. L'attaque qui a tué 26 civils n'a pas été revendiquée mais New Delhi accuse Islamabad malgré ses dénégations.

Depuis, les frappes de missiles, les tirs d'artillerie et les attaques de drones se succèdent alors que les deux rivaux depuis leur douloureuse partition en 1947, ignorent les appels à la désescalade venus de l'étranger.

Pourtant, "la poursuite de l'escalade militaire constitue une menace sérieuse pour la stabilité régionale", ont martelé dans un communiqué depuis Montréal les pays du G7 présidé par le Canada. Le groupe a exhorté les deux adversaires "à entreprendre un dialogue direct en vue d'une issue pacifique".

Après la visite de la diplomatie iranienne à Islamabad et New Delhi, le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir a également tenté une médiation en se rendant ces derniers jours dans les deux pays pour encourager la "désescalade" et "oeuvrer à résoudre tous les sujets de dispute par le dialogue et les voies diplomatiques", selon la diplomatie saoudienne citée par l'agence de presse officielle (SPA).

Jeudi soir déjà, l'Inde avait rapporté "de multiples attaques" sur son territoire et des tirs d'artillerie qui ont continué toute la nuit le long de la "ligne de contrôle", la frontière de facto qui partage le Cachemire.

Une porte-parole de l'armée, Vyomika Singh, a décrit des "incursions (...) avec environ 300 à 400 drones", selon elle toutes repoussées.

L'armée pakistanaise a pour sa part affirmé avoir abattu 77 drones indiens depuis le début des hostilités.

Ce qu'affirment les deux camps est impossible à vérifier de source indépendante, notamment parce que de nombreuses zones sont inaccessibles.

L'Inde a fermé 24 aéroports et les médias locaux affirment que le trafic aérien sera suspendu jusqu'à la semaine prochaine.

Les deux capitales ne montrent aucun signe d'apaisement et se renvoient la responsabilité des combats et des pertes civiles.

Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s'est inquiété de "la rhétorique belliqueuse, l'agitation domestique et la logique jusqu'au-boutiste de la surenchère".

Si des deux côtés de la frontière, dirigeants et haut-gradés multiplient les menaces, les habitants, eux, enterrent leurs morts et tentent de reprendre le cours de leur vie sous la menace des bombardements.

"Ce matin je suis venu au marché pour trouver un peu de travail mais tout est fermé", déplore auprès de l'AFP Mohammed Lateef Bhat, un habitant d'Uri, au Cachemire indien.

"Je vais rentrer les mains vides".

"Nos vies ne valent rien, à tout moment, des familles entières peuvent disparaître", s'inquiète Nassir Ahmed Khan, 50 ans, depuis son village proche de la Ligne de contrôle. "Nos enfants ne peuvent pas dormir et on ne peut pas partager un repas tranquillement".

Des dizaines de millions d'enfants sont privés d'école des deux côtés de la frontière.

La confrontation se fait aussi sur l'information.

L'Inde a ordonné au réseau social X de bloquer plus de 8.000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau d'Elon Musk a dit s'y être conformé à contrecœur, dénonçant une "censure".

New Delhi avait déjà exigé l'interdiction de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou de médias pakistanais.

Avec AFP

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