
La France est "prête à ouvrir" une discussion sur le déploiement d'avions français armés de "bombes" nucléaires dans d'autres pays européens, à l'instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique, a annoncé mardi Emmanuel Macron.
"J'en définirai le cadre de manière très officielle dans les semaines et les mois qui viennent", a indiqué le chef de l'Etat sur la chaine privée TF1.
Il a en revanche précisé trois conditions à cette réflexion sur la dissuasion nucléaire française: "la France ne paiera pas pour la sécurité des autres", ce déploiement potentiel "ne viendra pas en soustraction de ce dont on a besoin pour nous" et enfin "la décision finale reviendra toujours au président de la République, chef des armées".
Le chef de l'Etat a souligné combien ces discussions ne modifiaient pas, selon lui, la doctrine française de l'usage de l'arme nucléaire.
"Depuis qu'une doctrine nucléaire existe, depuis le général de Gaulle, il y a toujours eu une dimension européenne dans la prise en compte de ce qu'on appelle les intérêts vitaux. On ne le détaille pas parce que l'ambiguïté va avec la dissuasion", a-t-il relevé.
Menace de sanctions
"Notre volonté, c'est de prendre des sanctions" si la Russie "confirme le non-respect" d'un cessez-le-feu en Ukraine, a assuré M. Macron, en évoquant notamment des "sanctions secondaires" pour les "revendeurs" de "services financiers" ou d'"hydrocarbures".
L'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, avaient adressé samedi un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s'exposerait à de nouvelles "sanctions massives".
L'Union européenne a déjà imposé 16 paquets de sanctions à la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Un 17ᵉ paquet doit être adopté mardi prochain.
Pour l'heure, le secteur financier et les hydrocarbures ont été largement épargnés par ces sanctions.
Les Européens planchent en ce moment sur la possibilité de sanctionner davantage de banques qui n'ont pas été déconnectées du réseau SWIFT, qui régit l'immense majorité des transactions au niveau mondial.
Ils entendent ainsi cibler les institutions financières de pays tiers en Asie notamment qui ont permis le contournement des sanctions déjà prises.
Dans le secteur pétrolier, l'idée est de sanctionner les "majors" pétrolières russes avec l'objectif d'obliger la Russie à brader son pétrole pour la priver de ressources financières essentielles.
Ficeler des sanctions touchant ces deux secteurs prendra plusieurs semaines, selon une source diplomatique européenne.
Interrogé par ailleurs sur la saisie des avoirs russes gelés, le chef de l'État français a répété qu'il n'y avait "pas de cadre légal" pour les utiliser, considérant que ce n'était "pas une bonne solution", lors d'un entretien sur TF1.
Emmanuel Macron a également rappelé que les intérêts produits par ces avoirs gelés avaient été "utilisés déjà" pour pouvoir financer l'aide à l'Ukraine.
Il estime qu'il faudrait les réutiliser pour aider à reconstruire l'Ukraine une fois la guerre terminée.
“Une honte"
"Ce que fait aujourd'hui le gouvernement de Benjamin Netanyahu (à Gaza) est inacceptable", "c'est une honte", a estimé mardi Emmanuel Macron, en considérant par ailleurs que "ce n'est pas à un président de la République de dire +Ceci est un génocide+, mais aux historiens".
Le chef de l'État a rappelé lors d'un entretien sur TF1 qu'il avait été "l'un des seuls dirigeants à aller à la frontière" entre l'Égypte et Gaza, "l'une des pires choses qui (lui) aient été données de voir", déplorant que "toute l'aide que la France et d'autres pays acheminent" soit "bloquée par les Israéliens".
Le président de la République a également estimé que la question d'une révision des "accords de coopération" entre l'UE et Israël était "ouverte".
AFP
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