
Le président américain Donald Trump est arrivé à Doha mercredi après une visite à Riyad, où il a exhorté le président syrien à normaliser ses relations avec Israël, tout en promettant une levée des sanctions, un geste fort en faveur d’un pays ravagé par la guerre.
Le président américain a par ailleurs annoncé que la compagnie aérienne Qatar Airways avait passé une commande de 160 avions pour une valeur de 200 milliards de dollars à Boeing.
Il doit se rendre jeudi aux Émirats arabes unis, étape finale de sa tournée dans le Golfe, sauf s'il décide à la dernière minute d'aller en Turquie pour des pourparlers russo-ukrainiens, une "possibilité" qu'il a évoquée.
La rencontre avec le président par intérim syrien s'est "très bien passée", a confié Donald Trump aux journalistes dans l'avion, parlant d'un "homme jeune et séduisant. Un gars costaud".
Le portrait élogieux est frappant, pour un homme qui a figuré un temps sur une liste des jihadistes recherchés par les États-Unis, devenu président par intérim après avoir renversé en décembre Bachar al-Assad à la tête d'une coalition de forces islamistes.
Donald Trump a assuré que le dirigeant syrien était prêt à accéder à sa demande d'une normalisation des relations avec Israël, avec qui la Syrie est officiellement en guerre depuis 1948.
Interrogé à ce sujet, le président américain a dit: "Je lui ai dit, j'espère que vous rejoindrez (les accords d'Abraham, NDLR) une fois que vous aurez réglé votre situation et il m'a dit oui. Mais ils ont beaucoup de travail à faire", en référence aux accords par lesquels plusieurs pays arabes ont reconnu Israël en 2020.
En Syrie, la perspective d'une levée des sanctions qui étranglent le pays a suscité des manifestations spontanées de joie.
"Cela stimulera l'économie et encouragera les gens à revenir", s'est réjouie Zain al-Jabali, 54 ans, propriétaire d'une fabrique de savon à Alep (nord).
"Une chance de grandeur"
L'entrevue, la première du genre en 25 ans, a duré près d'une trentaine de minutes, en présence du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'y est joint virtuellement.
Le président américain a aussi demandé à Damas d'expulser les membres de groupes armés palestiniens et de prendre "la responsabilité" des prisons détenant des membres du groupe jihadiste Etat islamique en Syrie, actuellement prises en charge par les forces kurdes.
La diplomatie syrienne a évoqué une "rencontre historique", sans mentionner les relations avec Israël.
Donald Trump avait créé la surprise mardi en annonçant qu'il allait "ordonner l'arrêt des sanctions" pour donner "une chance de grandeur" à la Syrie.
Le pays fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979, renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011.
La rencontre Trump-Chareh a eu lieu malgré les réticences d'Israël, allié indéfectible des États-Unis.
Israël mène régulièrement des frappes en Syrie, pour empêcher selon lui que les armes du pouvoir déchu ne tombent entre les mains des nouvelles autorités, considérées comme hostiles.
Concernant les discussions indirectes sur le nucléaire iranien entre Téhéran et Washington, Donald Trump a dit avoir "le sentiment que ça va bien tourner". Il avait appelé mercredi à une application stricte des sanctions américaines visant l'Iran.
"Homme de paix"
À Doha, Donald Trump a reçu un accueil tout aussi rutilant qu'à Riyad.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'est déplacé à l'aéroport pour l'accueillir, et l'avion présidentiel américain a eu droit à une escorte d'avions de combat qataris.
Le convoi de Donald Trump a été ensuite précédé de Cybertrucks du constructeur Tesla aux couleurs des forces de sécurité qataries, un clin d'oeil au propriétaire de la marque et grand allié du président, Elon Musk.
Dans un premier échange avec le dirigeant qatari, le président républicain a vanté le "marbre parfait" du palais où il était reçu, et loué "l'amitié" avec son hôte.
Ce dernier l'a qualifié d'"homme de paix".
Mais ce passage à Doha a pour arrière-plan un scandale politique.
L'opposition démocrate aux États-Unis reproche au milliardaire d'avoir accepté "le plus gros pot-de-vin étranger de l'histoire récente".
En cause: un Boeing 747-8 offert à Donald Trump par la famille royale qatarie pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel et pour l'utiliser après son mandat.
AFP
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