
Le 20 mai 325 s’ouvrait le concile de Nicée. Dix-sept siècles plus tard, l’Église entre dans un nouveau pontificat. Deux jours avant cette date anniversaire, le 18 mai 2025, le pape Léon XIV célébrait la messe inaugurale de son pontificat. Une coïncidence qui interroge. Entre les colonnes de la basilique Saint-Pierre, c’est l’héritage de Nicée qui a envahi la liturgie. Une unité ancestrale redevenue une urgence contemporaine.
Le premier concile œcuménique de l’histoire a été convoqué par l’empereur romain Constantin le 20 mai 325, avec un but clair: restaurer l’unité de l’Église face à toutes les divisions doctrinales. Il fallait fixer la foi, poser les fondements et définir une colonne vertébrale commune à tout le christianisme. Cela s’est traduit à l’époque par le Credo, encore récité par tous les fidèles catholiques du monde chaque dimanche.
En 2025, l’objectif est le même. Mais le contexte est différent. L’Église est fracturée spirituellement, notamment par des tensions internes et des divisions mondiales.
L’homélie du pape, lors de son intronisation, était simple. Il s’est présenté comme «un frère qui veut être le serviteur de votre foi et de votre joie», affirmant avoir été choisi «sans aucun mérite».
Un ton humble, loin de la posture monarchique que l’Église a si longtemps adoptée. Une ligne claire se dégage des paroles du nouveau souverain pontife: l’unité ne sera pas imposée d’en haut. Elle est à vivre, à construire et à faire rayonner.
De Nicée à Rome: un héritage réactualisé
La messe inaugurale de Léon XIV a été célébrée le 18 mai 2025, soit deux jours avant le 1.700e anniversaire du concile de Nicée. Cette coïncidence renvoie à un signe presque providentiel. À Nicée en 325, on affirmait la foi en Christ, «vrai Dieu né du vrai Dieu», pour faire cesser les divisions.
En 2025, à Rome, Léon XIV arrive à la tête d’une Église fracturée: crises de vocations, débats sur la gouvernance, tensions liturgiques, diversité des sensibilités. L’unité ne doit plus seulement être théologique, elle doit devenir humaine, pastorale et existentielle.
Mais cette unité est mise à l’épreuve aujourd’hui par le contexte mondial: guerres, migrations, repli identitaire ou encore polarisation politique.
L’unité ne peut alors se réduire à un slogan. Elle devient une boussole, peut-être même le défi le plus urgent que l’Église doit relever ce siècle, comme Nicée en son temps.
Léon XIV le sait. Il suit la vision de François d’une Église servante et pauvre. «Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, mais toujours et uniquement d’aimer comme Jésus l’a fait», a déclaré le nouveau pape, rompant complètement avec une quelconque idée de pouvoir vertical. C’est au contraire l’écho de l’esprit conciliaire. Aucun commandement autoritaire, mais une foi proposée dans la liberté.
Une foi vécue plus que proclamée
Le 18 mai dernier, Léon XIV était vêtu de façon sobre, donnant l’image d’un pasteur, pas celle d’un souverain. Une volonté se dessine: raviver une cohérence spirituelle et rallumer un feu commun.
Et si c’est à nouveau dans une période de crise que l’Église est appelée à se recentrer sur l’essentiel? Alors qu’à Nicée, on affirmait la foi pour qu’elle soit vivante, à Rome, on la relance pour qu’elle se répande dans un monde en quête de sens.
Léon XIV adopte une parole de service et en refusant le prestige. Il appelle à une fraternité active.
1.700 ans après le concile de Nicée, l’Église ne répète pas un discours ancien. Elle le met à jour. Léon XIV n’a pas choisi cette date. Mais parfois, l’histoire se choisit elle-même. Entre les colonnes de Saint-Pierre, c’est une vieille voix qui vient murmurer à l’oreille du présent.
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