France: Macron réunit un Conseil de défense sur les Frères musulmans
Le président français Emmanuel Macron attend l’arrivée du président syrien par intérim pour leur rencontre au palais de l’Élysée, à Paris, le 7 mai 2025. ©Ludovic Marin / AFP

Emmanuel Macron réunit mercredi un conseil de Défense pour évoquer un rapport consacré aux Frères musulmans, un document qui met en garde contre le développement en France d'un islamisme «par le bas» et fait l'objet d'une surenchère de réactions politiques.

Le président français a convoqué à ses côtés le Premier ministre François Bayrou, plusieurs de ses ministres en charge des Affaires étrangères, des Finances ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports, «trois secteurs particulièrement visés par cet entrisme par le bas», a-t-on précisé à l'Élysée.

À l'issue de ce conseil, des mesures seront prises, «dont certaines sont communiquées», mais d'autres resteront classifiées, selon la même source.

Le rapport, dont l'AFP a obtenu copie, fait état d'une «menace pour la cohésion nationale» avec le développement d'un islamisme «par le bas» de la part des Frères musulmans.

L'une des vocations du rapport est de «pouvoir sensibiliser l'État sur cette problématique», mais aussi «de faire connaître au grand public, aux élus locaux, la menace et comment elle procède», a souligné l'Élysée, «car l'entrisme, c'est du temps long, c'est dissimulé, et c'est un discours qui est très policé».

Né en 1928 en Égypte, ce mouvement porte le projet d'un islam politique conservateur. Il a été interdit dans plusieurs pays, comme l'Arabie saoudite, l'Égypte et très récemment la Jordanie.

Le conseil va aussi se pencher sur la question des réseaux sociaux qui «constituent un vecteur pour les islamistes qui surfent sur des éléments d'actualité et remettent en cause ce que la République défend en matière de laïcité, notamment pour essayer de démontrer que l'État est islamophobe».

La laïcité est un des piliers de la République française, où l'Église et l'État sont séparés depuis 1905. En application de ce concept, souvent mal compris à l'étranger, tout signe religieux ostentatoire est interdit pour les fonctionnaires de l'État et à l'école, pour les élèves également. Sont visés notamment les croix chrétiennes, les kippas juives, les turbans sikhs et le voile islamique.

«Amalgames»

Présentée comme «la branche nationale des Frères musulmans en France», la Fédération des musulmans de France a vivement dénoncé dans un communiqué des «accusations infondées» et mis en garde contre des «amalgames dangereux».

Avant même sa publication officielle, la classe politique a rivalisé de réactions et de propositions.

À droite, Xavier Bertrand (LR) a plaidé sur la chaîne publique France 2 pour «une offensive républicaine» car on «doit être intraitable avec les ennemis de la République que sont les islamistes».

Le président du parti d'extrême droite RN, Jordan Bardella, a demandé sur la radio publique France Inter que «les Frères musulmans soient interdits» et que «l'ensemble de ses relais soit combattu sur le plan administratif».

Mais l'idée qui a fait le plus réagir vient de Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron.

L'ancien Premier ministre Gabriel Attal, à l'origine de l'interdiction du port de l'abaya à l'école, souhaite interdire le voile dans l'espace public pour les mineures de moins de quinze ans, car le rapport décrit le secteur éducatif comme une «priorité de la branche française» des Frères musulmans et s'inquiète d'une «augmentation massive et visible de petites filles portant le voile».

Cette proposition, dont la constitutionnalité et la mise en œuvre poseraient débat, n'a pas fait l'unanimité au sein du bloc central.

Le parti de gauche radicale LFI, accusé par la droite et le RN de relayer l'argumentaire islamiste, a de son côté sévèrement critiqué ce Conseil de défense, son leader Jean-Luc Mélenchon estimant sur X qu'avec sa tenue, «l'islamophobie franchit un seuil».

«L'opportunisme de Gabriel Attal fait le jeu des islamistes», a par ailleurs critiqué auprès du média franceinfo l'ex-LFI François Ruffin, qui juge néanmoins que le rapport «contient des choses intéressantes à la fois dans ces points de vigilance et dans ces recommandations».

Le rapport évoque notamment la nécessité de «signaux forts et positifs à destination de la communauté musulmane», dont «la réglementation funéraire» pour faciliter les carrés confessionnels, «l'apprentissage de l'arabe» à l'école et «la position française sur le conflit israélo-palestinien».

AFP

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