Israël émet un nouvel avis d'évacuation dans la bande de Gaza
Une photo prise du côté israélien de la frontière avec la bande de Gaza montre de la fumée s'élevant au-dessus de bâtiments détruits lors d'un bombardement israélien dans le territoire palestinien assiégé, le 21 mai 2025. ©Menahem KAHANA / AFP

L'armée israélienne a émis jeudi un avis d’évacuation pour les habitants de 14 secteurs dans le nord de la bande de Gaza, où l’intensification de son offensive suscite de plus en plus de critiques internationales.

Alors que le territoire palestinien est en proie à une très grave crise humanitaire, le pouvoir israélien a annoncé cette semaine une reprise limitée de l’aide après un blocus total pendant plus de deux mois.

Dans le même temps, l’armée poursuit ses bombardements dans le but affiché d’anéantir le Hamas et de libérer les otages enlevés lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre.

«L’armée israélienne opère avec force dans les zones où vous vous trouvez (…) car les organisations terroristes poursuivent leurs activités et leurs opérations dans les quartiers mentionnés», a écrit jeudi le porte-parole de l’armée israélienne en arabe, Avichay Adree, sur les réseaux sociaux.

Entrée de camions humanitaires

L’évacuation concerne 14 secteurs du nord de la bande de Gaza, notamment le camp de Jabalia, selon lui.

L’armée avait émis un avertissement similaire pour le nord de Gaza mercredi soir, en réponse, selon elle, à des tirs de roquettes.

Selon la Défense civile, une organisation de secouristes, au moins 52 personnes ont été tuées jeudi à travers la bande de Gaza dans des bombardements israéliens.

Après une trêve de deux mois, l’armée israélienne a repris son offensive le 18 mars à Gaza et s’est emparée de larges pans du territoire dévasté par la guerre.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a annoncé début mai un plan pour la «conquête» de Gaza, nécessitant le déplacement interne de «la plupart» de ses 2,4 millions d’habitants qui survivent dans des conditions jugées alarmantes par l’ONU et de nombreuses organisations humanitaires.

Affirmant vouloir faire pression sur le Hamas pour le contraindre à relâcher les otages, Israël avait bloqué le 2 mars l’entrée de toute marchandise à Gaza, accusant le mouvement palestinien de détourner l’aide internationale, ce que ce dernier dément.

Soumis à une forte pression américaine et européenne, Israël a accepté une reprise très limitée de l’entrée de l’aide lundi.

Mercredi, «les Nations unies ont collecté environ 90 chargements de camions au point de passage de Kerem Shalom et les ont expédiés à Gaza», a annoncé dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Le service de presse du gouvernement de Gaza, contrôlé par le Hamas, a confirmé que l’équivalent de 87 camions d’aide était entré dans la bande de Gaza, dans un message publié dans la nuit sur Telegram.

Sur le terrain, les Palestiniens attendent désespérément l’aide.

À chaque fois qu’il entend parler d’une arrivée imminente de colis d’aide humanitaire, Hossam Abou Aïda, un déplacé à Gaza, se précipite vers les entrepôts de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza-ville.

«Tout le monde attend»

Il attend parfois longtemps pour découvrir systématiquement que «c’était un mensonge».

«La situation est insupportable», indique mercredi Oum Talal al-Masri, 53 ans: «Personne ne nous a rien distribué, tout le monde attend.»

«Depuis deux jours, on entend parler des aides, mais jusqu’à présent, rien n’est entré et nous n’avons rien reçu», poursuit-elle.

Face à la situation humanitaire catastrophique et à l’intensification des opérations militaires israéliennes à Gaza, de nombreux pays européens ont accentué la pression sur Israël.

L’Union européenne va réexaminer son accord d’association avec Israël, en vigueur depuis 2000, a annoncé mardi sa cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas.

Le Royaume-Uni lui a dit suspendre les négociations avec Israël sur un accord de libre-échange.

Israël est prêt à accepter un «cessez-le-feu temporaire» permettant de libérer des otages, a déclaré mercredi soir M. Netanyahu, tout en affirmant que l’armée contrôlerait «toute la bande de Gaza» à l’issue de l’offensive dans le territoire palestinien.

L’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. 251 personnes avaient été enlevées.

La campagne de représailles israélienne a fait au moins 53 762 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

 

Par l'équipe de l’AFP à Gaza avec Stuart WHITE à Jérusalem, AFP

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