Bagdad poursuit le Kurdistan pour des contrats gaziers avec des sociétés américaines
Drapeau Irakien ©IB

Le gouvernement fédéral d'Irak a porté plainte contre le Kurdistan autonome pour avoir signé, sans son aval, des contrats d'hydrocarbures avec deux entreprises américaines, ont indiqué mardi deux responsables, illustrant les tensions opposant Bagdad aux Kurdes sur l'exploitation des ressources énergétiques.

À l'occasion d'une visite à Washington du Premier ministre de la région autonome Masrour Barzani, le Kurdistan a annoncé la signature le 19 mai de deux accords avec des entreprises américaines s'élevant à «plusieurs dizaines de milliards de dollars.»

Le ministère du Pétrole à Bagdad avait immédiatement fustigé des accords «nuls et non-avenus», rappelant que toute exploitation des hydrocarbures relevait des compétences du gouvernement fédéral.

Sous anonymat, un responsable gouvernemental irakien a confirmé à l'AFP qu'une plainte avait été déposée «devant le tribunal du commerce d'al-Karkh» à Bagdad.

«Le ministère du Pétrole a porté plainte devant un tribunal commercial de Bagdad contre les accords signés par le ministère des Ressources naturelles du Kurdistan et des entreprises américaines», a confirmé mardi à l'AFP un responsable de la région autonome dans le nord de l'Irak.

Il a précisé que cette plainte réclamait «l'annulation des contrats».

L'accord avec WesternZagros concerne l'exploitation du bloc de Topkhana, qui renferme avec le bloc voisin de Kurdamir jusqu'à 5.000 milliards de pieds cubes standard de gaz naturel et 900 millions de barils de pétrole brut.

Soit des revenus estimés à 70 milliards de dollars «sur la durée de vie du projet», selon un communiqué.

Le partenariat avec HKN Energy concerne lui le champ gazier de Miran, qui pourrait renfermer 8.000 milliards de pieds cubes standard de gaz naturel – d'une «valeur sur le long-terme» de 40 milliards de dollars.

Depuis de longues années, Bagdad et le Kurdistan entretiennent des rapports en dents de scie, souvent empoisonnés par la gestion des ressources pétrolières. Bagdad refuse au Kurdistan toute autonomie sur ce dossier.

Pendant longtemps, le Kurdistan d'Irak a mené des exportations pétrolières sans l'aval de Bagdad : elles transitaient par le port turc de Ceyhan.

Ces exportations sont interrompues depuis plus de deux ans en raison d'un arbitrage international en faveur de Bagdad. Le Kurdistan a été contraint d'accepter que les ventes de son pétrole passent par l'Entreprise pétrolière d'État.

Le Kurdistan avait défendu les deux accords avec des firmes américaines en assurant qu'ils n'étaient entachés par aucun «vice juridique».

La région autonome avait indiqué que les deux entreprises américaines «n'étaient pas de nouveaux investisseurs» mais faisaient déjà partie «des principaux producteurs de pétrole du Kurdistan.»

Avec AFP

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