
L'armée russe a commis des «crimes contre l'humanité» et des «crimes de guerre» lors de ses attaques de drones contre des civils dans la région ukrainienne de Kherson, selon un rapport d'enquête d'experts de l'ONU publié mercredi.
«Les forces armées russes ont commis des crimes contre l'humanité, notamment des meurtres, et des crimes de guerre, en attaquant des civils, au cours de plusieurs mois d'attaques de drones ciblant des civils sur la rive droite du Dniepr, dans la province de Kherson», a conclu l'enquête, menée par la Commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies sur l'Ukraine.
Cette commission d'experts, créée par le Conseil des droits de l'homme dans le sillage de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en février 2022, accuse les forces armées russes de frapper «systématiquement» des civils.
Les conclusions de l'enquête sont particulièrement d'actualité.
Ces derniers jours, Moscou a lancé les attaques aériennes les plus massives depuis le début de l'invasion, avec des centaines de drones – et des missiles balistiques – lancés contre des centres urbains ukrainiens, dont Kiev, la capitale.
Systématique et planifié
Le rapport se concentre sur la région de Kherson, dans le sud du pays, où «ces actes ont été commis dans le but principal de semer la terreur parmi la population civile, en violation du droit international humanitaire».
Même si ces experts mandatés par l'ONU ne parlent pas au nom de l'organisation, les accusations aussi catégoriques d'atrocités criminelles sont rares, en l'absence de décision judiciaire nationale ou internationale.
«Les attaques se poursuivent au moment de la publication de ce rapport», notent les experts.
Leur enquête a révélé que, depuis juillet dernier, des opérateurs de drones militaires russes sur la rive gauche du Dniepr avaient «systématiquement» frappé des civils et «ciblé des ambulances».
La commission a enquêté sur les attaques contre Kherson et dans 16 autres localités, en géolocalisant des vidéos et en consultant des sources ouvertes.
Près de 150 civils ont été tués et des centaines ont été blessés, indique le rapport, citant des sources officielles.
Les Russes ont utilisé des drones civils, disponibles en grande quantité, détournés de leur fonction en les armant de bombes largables, et aussi de drones explosant à l'impact.
«Plusieurs chaînes Telegram russes liées aux unités militaires responsables, dont certaines comptent des milliers d'abonnés, ont diffusé des centaines de vidéos des attaques à partir des flux originaux des drones», note le rapport.
Les images «ne laissent aucun doute quant à leur intention de cibler des civils», ce qui constitue un «crime de guerre».
La récurrence de telles attaques depuis plus de dix mois, contre de multiples cibles civiles sur une vaste zone, «démontre qu'elles sont généralisées, systématiques et planifiées» et donc constitutives de «crimes contre l'humanité».
La publication des vidéos elle-même est un «crime de guerre d'atteinte à la dignité de la personne».
Selon la commission, en forçant des milliers de personnes à fuir, les responsables pourraient aussi s'être rendu coupables de «crime contre l'humanité de transfert forcé de population».
Responsabilité
La commission, composée de trois membres et présidée par le juge norvégien Erik Mose, n'est pas reconnue par Moscou et elle n'a obtenu aucune assistance de la part des autorités russes.
Moscou n'a répondu à aucune de ses questions concernant les attaques de drones.
Dans ses recommandations, la commission exhorte la Russie à immédiatement mettre fin aux attaques de drones contre des civils et des biens civils, ainsi qu'aux actes qui sèment la terreur parmi les civils et entraînent des déplacements forcés. Le Kremlin devrait également veiller à ce que tous les auteurs de tels crimes soient tenus responsables, conformément aux normes internationales.
La commission a souhaité que les autorités ukrainiennes veillent à ce que les victimes reçoivent un traitement et un soutien.
AFP
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