Brumisateurs et IA: le ministre saoudien du Hajj promet un pélerinage plus sûr cette année
Vue aérienne de la Kaaba à La Mecque, en Arabie Saoudite, avec des milliers de pèlerins pendant la saison du hajj. ©Pexels

Brumisateurs, passages couverts, permis obligatoires et intelligence artificielle: l’Arabie saoudite redouble d’efforts pour faire face à la chaleur extrême et contrôler les foules à l’approche du pèlerinage annuel du hajj, a assuré à l’AFP jeudi son ministre du Hajj, Tawfiq al-Rabiah.

«Une des grandes difficultés auxquelles nous faisons face d’année en année, c’est l’augmentation des températures, et nous lui accordons la plus haute priorité», a déclaré M. Rabiah dans un entretien exclusif à l’AFP.

En 2024, le thermomètre a atteint 51,8 degrés lors du grand pèlerinage musulman à La Mecque et plus de 1.300 fidèles ont péri, selon les autorités.

Cette année, affirme M. Rabiah, le royaume, qui a mobilisé «plus de 40 agences gouvernementales et 250.000 fonctionnaires» pour l’occasion, a mis les bouchées doubles pour «atténuer les risques liés à la chaleur».

Les passages couverts ont été étendus de 50.000 mètres carrés, des milliers de secouristes supplémentaires seront déployés, et plus de 400 points d’eaux fraîches et des milliers de brumisateurs seront en service durant tout le hajj pour offrir aux pèlerins une fraîcheur salvatrice, a-t-il détaillé.

À cela s’ajoutera «de nouvelles technologies de refroidissement des sols».

Depuis 2023 déjà, des routes empruntées par les pèlerins ont été recouvertes d’une matière blanche réduisant la température de l’asphalte de 20%.

«Gestion des foules» 

Plus tôt cette semaine, M. Rabiah avait indiqué que plus d’un million de pèlerins venus du monde entier étaient déjà arrivés en Arabie saoudite pour le hajj, qui débutera le 4 juin.

En 2024, quelque 1,8 million de fidèles avaient effectué le pèlerinage à La Mecque.

Les autorités saoudiennes utiliseront également les dernières technologies d’intelligence artificielle pour «surveiller les déplacements des pèlerins», explique M. Rabiah.

Elles bénéficieront d’une abondance de données et d’images, notamment fournies par une flotte de drones déployés à travers La Mecque et par «un grand nombre de capteurs».

«Nous utilisons des technologies avancées d’intelligence artificielle pour assurer cette surveillance et obtenir des retours en temps réel», précise-t-il.

La gestion des foules lors de ce grand rassemblement s’est révélée périlleuse dans le passé. En 2015 notamment, une bousculade avait fait quelque 2.300 morts.

Une campagne officielle, lancée l’année dernière sous le slogan «pas de hajj sans permis», vise à tourner la page.

Selon les autorités saoudiennes, 83% des 1.301 pèlerins décédés en 2024 n’étaient pas dotés du permis, payant et octroyé selon des quotas, qui leur aurait ouvert les infrastructures prévues pour rendre le pèlerinage plus supportable, notamment des tentes climatisées.

Ce permis, explique M. Rabiah, «permet de garantir des services adaptés, des contrôles de santé et de vaccination».

«Venir sans permis perturbe toute l’organisation et la gestion des foules», explique-t-il.

«Un devoir» 

À grand renfort de mesures strictes contre les pèlerins non autorisés, la campagne s’affiche sur les panneaux publicitaires à travers tout le pays et se décline en SMS quotidiens, rappelant les sanctions encourues : une amende doublée à 20.000 rials (4.720 euros), assortie d’une interdiction d’entrée dans le royaume pendant dix ans.

«Nous comptons sur tous les musulmans pour ne venir qu’avec un permis, et nous comptons aussi sur tous les pays pour nous aider à faire respecter cette règle», a dit le ministre.

Le hajj, qui se déroule sur cinq à six jours, majoritairement en extérieur, est l’un des cinq piliers de l’Islam et doit être entrepris au moins une fois par tous les musulmans qui en ont les moyens.

L’Arabie saoudite, qui abrite les sanctuaires les plus sacrés de l’islam à La Mecque et à Médine, gagne chaque année des milliards de dollars grâce au hajj et aux pèlerinages, connus sous le nom d’Omra, entrepris à d’autres moments de l’année.

Ils renforcent également le prestige du monarque saoudien, «Gardien des deux saintes mosquées» de La Mecque et de Médine.

«Le pèlerinage du hajj est un voyage sacré que les dirigeants du royaume, ainsi que l’ensemble de la population, prennent très au sérieux, c’est un devoir de garantir l’épanouissement spirituel et la sécurité des pèlerins», dit le ministre.

Par Sofiane ALSAAR / AFP

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