Washington accuse la Chine de se préparer à «utiliser la force» en Asie-Pacifique
Le secrétaire à la défense Pete Hegseth assiste à une réunion entre le président Donald Trump et le premier ministre norvégien Jonas Gahr Store dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 24 avril 2025 à Washington, DC. Les dirigeants devraient discuter de la sécurité, du commerce, de l'OTAN et de la guerre en Ukraine. ©Chip Somodevilla/Getty Images/AFP

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a accusé samedi la Chine de se préparer «à potentiellement utiliser la force militaire» en Asie-Pacifique, une région dont Washington fait son «théâtre prioritaire» dans un contexte de montée des tensions.

«La menace que représente la Chine est réelle et pourrait être imminente», a-t-il déclaré au Shangri-La Dialogue de Singapour, plus grand forum sur la sécurité et la défense en Asie, dans un contexte de tensions commerciales et géopolitiques accrues entre Washington et Pékin depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

M. Hegseth a assuré que Pékin «souhaite dominer et contrôler» la région et «s'entraîne tous les jours» en vue d'une invasion de Taïwan, avec une multiplication des manœuvres chinoises autour de l'île.

Pékin se prépare ainsi «clairement et de manière crédible à potentiellement utiliser la force militaire pour modifier l'équilibre des forces» en Asie-Pacifique, a souligné le dirigeant américain.

M. Hegseth a également dénoncé la multiplication des incidents impliquant des navires chinois en mer de Chine méridionale, accusant Pékin «de s'emparer et de militariser illégalement» des îles et îlots revendiqués notamment par les Philippines.

Le forum Shangri-La Dialogue rassemble chaque année des responsables issus de l'ensemble de l'Asie ainsi que du reste du monde dans la cité-État de Singapour.

Pour la première fois depuis 2019 cependant, la Chine a annoncé qu'elle n'y enverrait pas de responsable de haut niveau.

L'Europe en exemple

Pour Washington, l'Asie-Pacifique est le «théâtre prioritaire» et les États-Unis «réorientent (leur stratégie, ndlr) en vue de dissuader toute agression par la Chine communiste».

Le pays a ainsi accentué sa coopération avec le Japon et les Philippines, ses alliés traditionnels dans la région, et entrepris de renforcer ses relations avec l'Inde, a-t-il rappelé.

«L'Amérique est fière d'être de retour en Indo-Pacifique, et nous sommes ici pour y rester», a martelé M. Hegseth.

Mais «les alliés des États-Unis dans l'Indo-Pacifique peuvent et doivent augmenter rapidement leurs propres moyens de défense», a-t-il souligné, citant l'Europe en exemple.

«C'est un peu difficile de croire (...) que je puisse dire ça, mais grâce au président Trump, nos alliés et partenaires asiatiques devraient s'inspirer des pays européens, un tout nouvel exemple» en la matière, a-t-il déclaré.

«La dissuasion n'est pas bon marché», a-t-il rappelé.

Plusieurs pays européens, à commencer par l'Allemagne, ont annoncé une hausse drastique de leurs budgets militaires afin de les porter à 5% de leur PIB face à la menace du président américain Donald Trump de se désengager de la défense de l'Europe via l'Otan.

Également présente au forum, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a souligné que plusieurs pays européens avaient «réalisé depuis longtemps que nous devons investir dans la défense».

«L'Union européenne a changé de braquet et repensé son paradigme pour en faire un projet de paix soutenu par une défense solide», a-t-elle ajouté.

«Nouvelles alliances»

Les tensions entre les États-Unis et la Chine ont été ravivées par le retour au pouvoir de M. Trump, qui a notamment infligé à Pékin des droits de douane record et des restrictions technologiques.

Vendredi, le président américain a une nouvelle fois accusé Pékin de ne pas respecter les termes d'un accord de détente négocié il y a deux semaines entre les deux pays à Genève.

«Sans grande surprise, la Chine a totalement violé son accord avec nous», a-t-il dénoncé sur son réseau Truth Social, sans préciser quelles actions menées par Pékin il visait. «Cela m'apprendra à vouloir être gentil», a-t-il ajouté.

Premier représentant européen à tenir le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, le président français Emmanuel Macron avait appelé vendredi à «bâtir de nouvelles alliances avec ses partenaires asiatiques pour ne pas être «les victimes collatérales» des «décisions prises par les superpuissances».

Il a par ailleurs rappelé aux autorités chinoises ce qu'il considère être leur rôle dans la sécurité internationale.

«Si la Chine ne veut pas que l'Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen», où elle a déployé des soldats contre l'Ukraine aux côtés de la Russie, a affirmé le dirigeant français.

«La sécurité de l'Europe et celle du Pacifique sont étroitement liées», a elle aussi estimé Mme Kallas samedi.

Le forum, dont c'est la 22ᵉ édition, se tient jusqu'à dimanche.

Avec AFP

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