«Vollmond» de Pina Bausch: sous la pleine lune, l’eau danse l’amour et la solitude
«Vollmond» de Pina Bausch au Théâtre de la Ville, à Paris, mai 2025. ©Ici Beyrouth

À Paris, en mai, le Théâtre de la Ville a accueilli Vollmond, un des chefs-d'œuvre de Pina Bausch. Créée en 2006, cette pièce emblématique du Tanztheater Wuppertal explore les élans amoureux, la solitude et la nature humaine, au cœur d’un décor aquatique, aussi poétique que saisissant. Retour sur une performance hors temps et hors espace.

En mai, le Théâtre de la Ville à Paris est devenu le lieu d’un rendez-vous bouleversant avec Vollmond, œuvre emblématique de la chorégraphe allemande Pina Bausch. Créée en 2006, cette pièce onirique, où l’eau habite la scène, hypnotise les spectateurs en les plongeant dans une réflexion sensible sur les relations humaines, l’amour, le désir et la solitude. Fidèle à la mémoire de Bausch, Vollmond mêle émotion brute et précision corporelle dans une scénographie crue et poétique.

En mai 2006, Pina Bausch créait Vollmond, une œuvre marquante par son décor aquatique et lunaire. Une fois n’est pas coutume, la pièce avait un titre dès le départ et paraissait achevée dès la première. Elle s'inscrit dans une période où Pina Bausch, après ses voyages (Séoul pour Rough Cut, l’Inde pour Bamboo Blues), s’intéressait à l’exploration de l’âme humaine à travers la nature. Dans Vollmond, ses danseurs, libérés, forts et vulnérables à la fois, se confrontent à leur solitude et aux autres dans une scénographie de Peter Pabst, où l’eau est un élément intrinsèque et sensuel de la représentation. Des extraits de l’œuvre figurent dans le film Pina de Wim Wenders.

Pina Bausch, disparue en 2009, est la chorégraphe qui a développé et popularisé le concept de la danse-théâtre. Ses interprètes vont au-delà des prouesses physiques, tout en respectant une stricte précision due à des heures et des heures de répétition. Cependant, c’est leur univers émotionnel et intérieur qu’ils transmettent au public, conformément à une trame solide et structurée.
Dans Vollmond de Pina Bausch, joué tout récemment à Paris, au Théâtre de la Ville, l’élément essentiel est l’eau. L’eau est l’élément auquel se confrontent les personnages. Ils glissent, butent, tombent, se relèvent, s’éclaboussent, se frappent, se quittent, se retrouvent dans cette éternelle interaction. Chez Pina Bausch, il n’existe pas de dominant-dominé. Les êtres sont en perpétuelle quête de plénitude, dans la solitude ou à deux.
Une question essentielle traverse l’œuvre: «Qu’est-ce qui est meilleur, l’amour éternel ou un peu d’amour tous les jours?». C’est à cette énigme que tentent, en vain, de répondre les interprètes. À la fin de la représentation, les interminables ovations n’ont pas suffi à exprimer la reconnaissance et l’admiration du public.

Longues robes fluides, cheveux défaits, couleurs vives: telle est l’empreinte et le style de Pina Bausch, qui s’ajoute en forme au label de fond: l’expression humaine, l’émotion brute, la technique assidue et la précision corporelle.
Durant trois heures, les êtres se retrouvent face à eux-mêmes, aux autres. La nature leur sert de support artistique. L’eau et le rocher témoignent de leur vécu.
Cette danse transcende toutes les limites, enfreint toutes les lois. Elle exprime le cycle indissociable de la vie et de la mort par des corps qui se cherchent, se côtoient, se touchent et se quittent. Tel est l’esprit de Pina Bausch: des corps en mouvement, vibrants de vie, défiant le temps et l’espace.
Même après sa disparition, elle aura su insuffler à ses danseurs un hymne à la vie, une ode à la mort.

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