Le Canada de nouveau confronté à une saison de feux d’ampleur exceptionnelle
Cette photo aérienne publiée par Alberta Wildfire montre les incendies de forêt qui ravagent le nord de Joussard, en Alberta (Canada), le 30 mai 2025. ©Alberta Wildfire / AFP

Deux ans après un été historiquement dévastateur, le Canada est de nouveau confronté à ce que les experts appellent une «grande saison» des feux, avec des surfaces brûlées qui dépassent en juin déjà la moyenne annuelle des dernières années.

Plus de 220 feux étaient actifs dans le pays mercredi, avec la moitié considérée comme hors de contrôle, et plus de 3,3 millions d’hectares ont déjà brûlé, soit la superficie de la Belgique.

Un début de saison précoce et violent

Ce sont d’abord deux provinces situées dans le centre du Canada – la Saskatchewan et le Manitoba – qui ont été touchées. Confrontées à leur pire début de saison des feux depuis des années, elles ont dû déclarer l’État d’urgence fin mai.

Depuis, chaque jour, plus d’une dizaine de nouveaux incendies sont constatés partout dans le pays, souvent déclenchés de façon accidentelle par l’homme, mais aussi parfois par la foudre.

Des mégafeux brûlent donc maintenant aussi dans l’ouest, en Alberta et en Colombie-Britannique, ainsi que dans le nord de l’Ontario, la province la plus peuplée du pays.

Et ces derniers dévorent les terres à un rythme jamais vu, à l’exclusion de 2023, année hors du commun. La superficie brûlée par les feux à l’échelle du pays a franchi les 2 millions d’hectares le 3 juin, un seuil qui n’est normalement atteint qu’à la mi-juillet en moyenne.

«C’est assez spectaculaire ce que l’on voit en ce moment», confirme Marc-André Parisien, chercheur au Service canadien des forêts.

Dans ce contexte, le pays est déjà en alerte maximale aux incendies avec tous les moyens possibles mobilisés, y compris l’armée pour les évacuations dans des zones reculées. Et Ottawa a fait appel à l’aide internationale : des pompiers australiens et américains sont déjà arrivés.

Des conditions météo propices aux feux

«Il y a des choses en commun avec la saison de 2023, notamment car nous avons de nouveau une très grande zone en fort déficit hydrique», continue Marc-André Parisien.

«Sans l’effet isolant de la neige, le sol s’est réchauffé, la végétation s’est asséchée plus rapidement et les conditions propices aux feux de forêt ont été réunies plusieurs semaines à l’avance», renchérit Hossein Bonakdari, professeur à l’Université d’Ottawa.

De plus, en mai, les températures ont été au-dessus de la moyenne dans une grande partie du pays.

Ces dernières années, le Canada a connu un réchauffement au moins deux fois plus rapide que le reste du globe.

Liée au réchauffement climatique induit par les activités humaines, la hausse des températures entraîne une diminution de la neige, des hivers plus courts et plus doux et l’apparition plus précoce des conditions estivales qui favorisent les incendies, expliquent les experts.

Quelles perspectives pour la suite de l’été ?

Dans ces conditions, les feux pourraient durer des semaines, voire des mois de nouveau, expliquent les chercheurs. En effet, les surfaces touchées sont si grandes que les feux peuvent couver dans le sol et réapparaître dès que les températures augmentent.

«Ce qui est assez inquiétant pour le pays, c’est que l’on vit une troisième année consécutive de feux intenses avec des conséquences sociales pour les milliers d’évacués, mais aussi écologiques importantes», ajoute Yan Boulanger, chercheur pour le ministère canadien des Ressources naturelles.

Car si l’écosystème de la forêt canadienne est adapté au feu, celui-ci revient trop rapidement et ne laisse plus le temps à la nature de se régénérer. Par endroits, la forêt commence à disparaître et à laisser la place à de la prairie, par exemple, explique le chercheur.

Autre source d’inquiétude pour les experts : la taille des feux, «énormes» pour un mois de juin, qui n’est pas le pic de la saison. Ainsi, en Saskatchewan, Shoe Fire dépasse déjà les 500.000 hectares. De ce point de vue-là, selon Yan Boulanger, «c’est même plus grave qu’en 2023».

Marion Thibaut / AFP

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