Kering choisit Luca de Meo pour relancer Gucci
Cette combinaison d'images créée le 16 juin 2025 montre (ARCHIVES) Luca De Meo, PDG du groupe Renault, arrivant à une audition à l'Assemblée nationale française à Paris, le 4 février 2025; et (ARCHIVES) l'homme d'affaires français François-Henri Pinault posant lors du photocall précédant les Kering Women In Motion Awards 2025 et le dîner présidentiel du Festival de Cannes, en marge de la 78e édition du Festival de Cannes, à Cannes, dans le sud de la France, le 18 mai 2025. ©Alain JOCARD and Bertrand GUAY / AFP

Luca de Meo, artisan du redressement de Renault, a été nommé directeur général du groupe de luxe Kering. Ce transfert inattendu du secteur automobile vers l’industrie du luxe intervient alors que Gucci, marque phare du groupe, traverse une période de repli.

Un départ surprise de l'automobile vers le luxe: couronné de succès chez Renault avec sa stratégie de montée en gamme, le patron du constructeur français Luca de Meo a été adoubé par François-Henri Pinault pour appliquer sa recette chez Kering.

Spécialiste de l'automobile, passé par Fiat et Seat, Luca de Meo a pris le volant en 2020 de Renault, alors aux abois, pour y mener pendant cinq ans sa «Renaulution».

Il a accéléré l'électrification du constructeur automobile mais aussi sa montée en gamme, à coups de lancements de nouveaux modèles et de campagnes de publicité pour que le Losange fasse de nouveau rêver.

Italien mais francophone, excellent communicant, expert en marketing, Luca de Meo est arrivé dans une entreprise traumatisée par plus d'un an de crise dans le sillage de l'affaire Carlos Ghosn, entre ventes en chute et cadres dépités qui claquaient la porte. Il quittera un groupe plus petit, centré sur l'Europe, et en bien meilleure santé financière.

Il arrivera dans un groupe de luxe aux multiples marques, Kering, dont le monogramme phare, Gucci, traverse une mauvaise passe.

«Je ne m'enfuis pas», a lancé Luca de Meo dans un mail à ses collaborateurs de Renault, que l'AFP a pu consulter. «Je reste cohérent avec la façon dont j'ai toujours abordé ma carrière: intervenir là où une transformation est nécessaire, construire des bases solides et garantir que l'organisation soit prête à prospérer au-delà de mon mandat».

«Ce mouvement semble plus bénéfique pour Kering que préjudiciable pour le constructeur automobile français», a commenté Valentin Mory de la banque Natixis, combinant «une gestion rigoureuse des coûts avec un marketing impactant» et «une aptitude à assembler des équipes performantes, reflétant l'approche de gestion horizontale qu'il a encouragée chez Renault».

Virage électrique

M. De Meo, 58 ans, a commencé sa carrière chez Renault. Ce quinquagénaire souriant, vêtu de costumes élégants, à la chevelure grisonnante bien rangée, a «un sens inné du marketing», affirme un ancien cadre du groupe qui l'a côtoyé dans les années 1990.

Il est ensuite passé à la direction de Fiat, où il a relancé avec succès la petite 500, avant de redynamiser Seat pour le groupe allemand Volkswagen.

Gageure qu'il a tenté de rééditer chez Renault avec les Renault 4 et 5 en version électrique. Un pari plutôt réussi, puisque cette nouvelle gamme de voitures associée à une forte réduction des coûts a permis au constructeur de dégager une rentabilité record en 2024 et de résister dans un secteur automobile au ralenti.

Ce plan stratégique, qui s'achève cette année, devait laisser place à un nouveau chapitre appelé «Futurama», selon M. de Meo, qui souhaitait que Renault réinvestisse l'argent gagné ces dernières années, notamment dans l'innovation technologique.

Principal caillou dans la chaussure de Renault, les difficultés de son partenaire japonais Nissan: les deux constructeurs ont déjà considérablement assoupli leur alliance, dont le périmètre avait été limité en 2023. Ils ont annoncé fin mars un accord pour pouvoir descendre à 10% du capital de l'autre au lieu de 15% actuellement.

«Un côté artiste»

«Il n'a rien d'un dictateur. Il a énormément d'éducation, c'est un manager qui ne hurle pas», disait de lui un ancien collaborateur de Seat, à sa nomination en 2020. «Il a un côté charmeur mais en même temps il sait garder ses distances».

Il a «un côté artiste» tout en travaillant ses sujets de façon «quasi-scientifique», ajoutait ce cadre, sous couvert d'anonymat.

M. de Meo est décrit comme impatient, jusqu'à en être pénible quand il a une idée en tête. «C'est son principal défaut», reconnaît un collaborateur.

Sous sa direction, Renault a connu un marché automobile mouvementé, touché par les pénuries de puces électroniques, puis par la guerre en Ukraine. Le groupe a notamment dû se séparer de sa filiale russe Lada.

Renault s'est également relancé dans les voitures de luxe en donnant de l'ampleur à sa marque Alpine, désormais connue mondialement via son écurie de Formule 1.

En parallèle, le groupe a limité les investissements dans les motorisations thermiques et hybrides, en lançant la coentreprise Horse avec le géant automobile chinois Geely pour produire et vendre des moteurs.

Par Taimaz SZIRNIKS / AFP

 

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