
Un attentat suicide a fait au moins 20 morts et plus de 53 blessés dimanche dans une église chrétienne de Damas, selon les autorités syriennes, qui ont accusé un membre du groupe jihadiste État islamique d’en être l’auteur.
Les Nations unies comme nombre de pays, des États-Unis à la France, ont condamné cette attaque, la première de ce type dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes radicaux ont renversé l’ex-président Bachar al-Assad le 8 décembre 2024.
La sécurité reste l’un des plus grands défis pour les nouvelles autorités syriennes, que la communauté internationale a appelées à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition.
Le ministère de l’Intérieur a affirmé qu’un «kamikaze affilié au groupe terroriste Daech est entré dans l’église Saint-Elie, dans le quartier de Dweilaa à Damas, a ouvert le feu et s’est fait exploser avec une ceinture explosive».
Devant l’église, Umm George, en larmes, cherche son fils, qui faisait partie des fidèles quand le kamikaze est entré. «Mon fils priait dans cette église», dit-elle. «J’ai essayé de l’appeler mais son téléphone portable est hors service et je n’ai pas réussi à le trouver».
– «Plus jamais entendre sa voix» –
«J’ai peur de ne plus jamais entendre sa voix», souffle-t-elle.
Des correspondants de l’AFP ont vu les secouristes évacuer des fidèles de l’église, où des débris de bois et des icônes étaient éparpillés au sol, couvert de sang.
Selon le ministère de la Santé, cité par l’agence de presse Sana, l’attentat a fait 20 morts et 52 blessés.
Un témoin, Lawrence Maamari, a déclaré à l’AFP que «quelqu’un est entré dans l’église avec une arme» et a commencé à tirer. Puis des fidèles «ont essayé de l’arrêter avant qu’il ne se fasse exploser».
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a exprimé «son indignation» et appelé les autorités à mener une enquête approfondie.
La France a condamné un «attentat terroriste abject» et rappelé «son engagement en faveur d’une transition en Syrie qui permette aux Syriens et aux Syriennes, quelle que soit leur confession, de vivre en paix et en sécurité dans une Syrie libre, unie, plurielle, prospère, stable et souveraine».
L’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack, a dénoncé «un acte de lâcheté» qui n’a pas sa place «dans la nouvelle société de tolérance et d’inclusion que les Syriens sont en train de tisser».
La diplomatie turque, proche des nouvelles autorités syriennes, a dénoncé une «attaque perfide» visant à «semer le chaos».
«Saper la coexistence»
Pour le ministère syrien des Affaires étrangères, «cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays».
Mais le patriarcat orthodoxe de Damas a exhorté les nouvelles autorités islamistes à «assumer l’entière responsabilité» de l’attentat, les pressant d’assurer «l’inviolabilité des églises et la protection de tous les ressortissants» du pays.
Un homme de 40 ans, prénommé Ziad, qui se trouvait dans un magasin en face de l’église, a déclaré avoir entendu des coups de feu puis une explosion. «Nous avons vu du feu dans l’église et des morceaux de bancs en bois projetés jusqu’à l’entrée», a-t-il ajouté.
L’explosion a provoqué la panique dans l’église remplie de fidèles, parmi lesquels des enfants et des personnes âgées, selon un témoin.
Pour le ministre de l’Intérieur Anas Khattab, «ces actes terroristes n’arrêteront pas les efforts de l’État syrien pour parvenir à la paix civile».
M. Khattab avait déclaré récemment que le groupe EI avait opté pour «des attaques précises contre des cibles stratégiques» et annoncé que des tentatives d’attentat du groupe jihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et musulmane chiite avaient été déjouées.
En mai, il avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes.
Ces dernières avaient alors dit avoir arrêté des membres d’une cellule de l’EI près de Damas, accusés de préparer des attaques, tandis qu’une autre opération à Alep, dans le nord, s’était soldée par la mort d’un agent de sécurité et de trois membres de l’organisation jihadiste.
Le groupe État islamique avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d’un «califat» transfrontalier en 2014.
Les forces kurdes syriennes soutenues par les États-Unis l’ont vaincu en 2019, mais les jihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.
AFP
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