
Les autorités turques ont visé de nouveau l'opposition en arrêtant plus de 120 membres de la municipalité d'Izmir, bastion du CHP dans l'ouest de la Turquie, lors d'une opération similaire à celle menée en mars contre la mairie d'Istanbul.
Au total, 157 mandats d'arrêt ont été émis, rapportent les médias locaux dont le quotidien Cumhuriyet et la chaîne de télévision privée NTV.
Murat Bakan, vice-président du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate), premier parti d'opposition qui gère la troisième ville du pays de longue date, précise sur X que l'ancien maire et de nombreux «hauts responsables» de la municipalité ont été arrêtés.
«L'ancien maire de la municipalité métropolitaine, Tunç Soyer, de hauts fonctionnaires de l'époque et notre président provincial, Senol Aslanoğlu, ont été arrêtés aux premières lueurs du jour. Nous sommes confrontés à un processus similaire à celui d'Istanbul», écrit Murat Bakan.
Les accusations portées contre ces personnes, selon lui, ont déjà «fait l'objet d'enquêtes» : «Leur adresse est connue (...) Si elles étaient appelées à témoigner, elles se présenteraient».
«Cette arrestation à l'aube n'est pas une obligation légale, mais un choix politique clair», dénonce-t-il dans un long message sur X.
Le porte-parole du CHP Deniz Yücel qui a annoncé se rendre à Izmir «par le premier avion» appelle «le Barreau d'Izmir à agir en solidarité contre d'éventuelles injustices et violations des droits».
Le 19 mars, une opération semblable pour «corruption» a été conduite contre le maire CHP d'Istanbul Ekrem Imamoglu, emprisonné depuis, qui fait figure de favori pour la prochaine présidentielle en 2028 face au président Recep Tayyip Erdogan.
Plus d'une centaine d'élus et de proches de l'édile ont été également arrêtés.
Ces arrestations avaient jeté des dizaines de milliers de manifestants dans les rues des principales villes de Turquie, dont Istanbul, Ankara et Izmir, d'une ampleur inédite depuis le grand mouvement de protestation de Gezi en 2013.
Des milliers de personnes avaient été arrêtées.
Dans le viseur
Outre les personnes déjà citées, la chaîne NTV mentionne un ancien secrétaire général de la municipalité métropolitaine, le responsable d'une compagnie locale de travaux publics, ou encore un membre de la chambre de commerce d'Izmir.
L'antique Smyrne, sur la côte égéenne, troisième ville de Turquie après Istanbul et Ankara par sa population (près de cinq millions d'habitants) est connue pour ses sites archéologiques, son riche passé culturel mais aussi son ouverture et sa diversité de population.
Sa région est en proie depuis plusieurs jours à de très violents incendies qui ont conduit à évacuer plus de 50.000 personnes dans les districts voisins.
Le CHP, parti fondé par le «père» de la république turque Mustafa Kemal «Atatürk» et première force d'opposition au Parlement, est par ailleurs dans le viseur du pouvoir qui l'attaque en justice pour «fraude» lors de son dernier congrès, risquant ainsi de destituer Özgür Özel, le leader actuel du parti qui y a été élu en novembre 2023.
Le CHP estime que le procès est destiné à le mettre sous pression et à le punir pour avoir initié la contestation en mars et en raison de son ascension continue dans les sondages.
Le procès qui s'est ouvert lundi devant un tribunal d'Ankara a été renvoyé au 8 septembre.
«Aucun complot contre notre parti n'est indépendant du coup d'État du 19 mars», a estimé M. Özel.
Avec AFP
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