Kiev dit avoir frappé en profondeur une usine d'armement en Russie
L’Ukraine affirme avoir ciblé une usine de drones et de systèmes antiaériens à Ijevsk, en Russie, une attaque ayant fait des morts et des blessés selon Moscou. ©Russian Defense Ministry/AFP

La frappe ukrainienne sur une usine d'armement dans la ville russe d'Ijevsk a fait mardi au moins 3 morts et une trentaine de blessés, a annoncé un responsable local, après cette nouvelle attaque en profondeur en Russie.

"J'ai été auprès des blessés à l'hôpital: actuellement, 35 personnes sont hospitalisées, 10 d'entre elles sont dans un état grave (...) A notre grand regret, il y a trois morts", a indiqué sur son compte Telegram Alexandre Bretchalov, le responsable de la république d'Oudmourtie, dont Ijevsk, située à environ 970 km à l'est de Moscou, est la capitale.

Il s'agit d'une nouvelle frappe ukrainienne atteignant en profondeur le territoire russe. Récemment, Kiev avait juré de poursuivre ce type d'attaques en riposte aux bombardements russes massifs qui endeuillent le pays depuis 2022.

Cette fois, la ville russe d'Ijevsk, située très loin du front, a été ciblée.

«Des drones du SBU», les services de sécurité ukrainiens, «ont touché l'usine Koupol à Ijevsk qui fabrique des systèmes de défense antiaériens Tor et Osa, ainsi que des drones pour l'armée russe», a indiqué à l'AFP une source sécuritaire ukrainienne, sous couvert d'anonymat.

Plus tôt, Alexandre Bretchalov, le dirigeant de la république d'Oudmourtie, où est située Ijevsk, avait déploré «des morts et des blessés graves» lors de ce bombardement.

Selon cette source, une entreprise de cette cité de 640.000 habitants a subi une «attaque de drones menée par le régime de Kiev». Le responsable n'a, pour l'heure, pas fourni un bilan des victimes plus détaillé.

Hausse des frappes de drones russes 

La ville d'Ijevsk, à environ 970 km à l'est de Moscou, est connue pour accueillir plusieurs entreprises du complexe militaro-industriel russe et notamment une usine de drones d'attaque.

Des images, publiées par des médias russes et non authentifiées par l'AFP, montrent un panache de fumée s'échappant d'un bâtiment en feu et un drone traversant le ciel de jour et s'écrasant sur ce bâtiment.

Pour l'heure, les autorités ukrainiennes n'ont pas revendiqué cette attaque, mais elles mènent régulièrement des frappes sur des infrastructures en Russie, en riposte aux bombardements russes.

Ces dernières semaines, après deux séances des négociations de paix infructueuses à Istanbul entre des délégations russes et ukrainiennes, les frappes russes contre l'Ukraine ont augmenté.

Le nombre de drones longue portée lancés par la Russie a ainsi connu en juin une hausse de 36,8% sur un mois, selon une analyse de l'AFP établie mardi, des attaques mettant à rude épreuve les défenses antiaériennes et une population civile épuisée.

Selon les chiffres de l'armée ukrainienne, la Russie a envoyé 5.438 drones d'attaque longue portée contre son territoire en juin — le nombre le plus élevé depuis février 2022 — contre 3.974 en mai.

Il s'agit des drones envoyés de nuit contre l'Ukraine depuis la Russie et comptabilisés chaque matin par Kiev. Ces chiffres n'incluent pas les attaques d'autres types de drones utilisés massivement sur le front.

Frappes en profondeur en Russie 

Face à ces attaques, le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, avait assuré le 21 juin que l'Ukraine allait intensifier ses frappes contre des cibles militaires russes en profondeur en Russie.

Le 2 juin, à la veille de négociations entre Kiev et Moscou à Istanbul, l'Ukraine avait mené l'une de ses attaques de ce genre les plus audacieuses : Kiev avait frappé plusieurs aérodromes russes, jusqu'à des milliers de kilomètres de ses frontières, après avoir introduit clandestinement en Russie des drones explosifs.

Selon Kiev, de nombreux bombardiers utilisés pour frapper le territoire ukrainien avaient alors été détruits ou endommagés lors de cette opération complexe, un bilan qu'avait ensuite minimisé la Russie.

Interrogé sur la multiplication des bombardements russes en Ukraine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a, lui, affirmé lundi qu'ils faisaient partie des opérations militaires menées par Moscou.

«Kiev sait parfaitement ce qu'il faut faire pour mettre fin aux combats», a-t-il ajouté, en faisant référence aux exigences russes de cessez-le-feu.

Le Kremlin souhaite notamment avoir le contrôle complet de cinq régions ukrainiennes, dont la Crimée, et l'assurance que Kiev ne rejoindra jamais l'Otan. Des demandes jugées inacceptables par l'Ukraine.

Parallèlement, sur le front, les troupes russes, plus nombreuses, poursuivent une lente avancée dans certains secteurs, malgré de lourdes pertes.

Lundi soir, le responsable nommé par Moscou dans la région ukrainienne de Lougansk (est), Léonid Passetchnik, a affirmé à la télévision publique russe que toute cette région, dont Moscou revendique l'annexion, avait été conquise par les troupes du Kremlin.

avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire