Boualem Sansal condamné en appel: «une douche froide», selon Kamel Daoud
«Une douche froide» pour Kamel Daoud: deux jours après la confirmation en appel de la peine de prison de Boualem Sansal, l’écrivain réagit avec émotion et inquiétude. ©Wikipedia

Deux jours après la confirmation en appel de la condamnation à cinq ans de prison de Boualem Sansal en Algérie, l’écrivain Kamel Daoud déplore une «douche froide». Incarcéré depuis sept mois, Sansal, 80 ans et atteint d’un cancer, a été reconnu coupable d’«atteinte à l’unité nationale». La France continue de plaider pour sa libération, tandis que Daoud, également visé par des procédures, dénonce un climat de harcèlement.

L'écrivain franco-algérien Kamel Daoud a évoqué jeudi l'effet d'«une douche froide», deux jours après la condamnation en appel à cinq ans de prison ferme de Boualem Sansal, déjà incarcéré depuis sept mois en Algérie.

«Je garde espoir, comme tout le monde, et j'espère vraiment me tromper, j'espère vraiment me tromper et le revoir ici en France, libre et en bonne santé, mais, ce matin, c'est quand même une douche froide», a déclaré M. Daoud, lauréat en 2024 du prix Goncourt, la récompense littéraire la plus prestigieuse en France.

Mardi, la cour d'appel d'Alger a confirmé la peine de prison infligée en première instance à l'écrivain franco-algérien, reconnu coupable d'«atteinte à l'unité nationale» pour avoir déclaré que l'Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

La France, qui réclame depuis des mois sa libération, a «regretté» cette condamnation et espère désormais une grâce du président algérien Abdelmadjid Tebboune en faveur de M. Sansal, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer.

«Ce matin, en lisant la Une des principaux journaux algériens, c'est une douche froide», a détaillé Kamel Daoud à la radio France Inter. «C'est le même titre qui a été publié par pratiquement tous les journaux avec la même question: ‘De quoi se mêle la France ?’»

«Quand on a le même titre sur les mêmes Unes le même jour, ça veut dire que l'instruction est venue d'en haut et ça n'augure pas de quelque chose de bon», a-t-il poursuivi, dénonçant par ailleurs le «procès d'intention» intenté, selon lui, à Boualem Sansal en France où certains l'accusent d'être d'extrême droite.

«Ça, c'est douloureux, ça en dit beaucoup sur l'Algérie, ça en dit beaucoup aussi sur la France», a-t-il commenté.

Visé lui-même par deux mandats d'arrêt internationaux émis par l'Algérie, une plainte et une assignation en France, Kamel Daoud a redit son sentiment d'être «harcelé» en raison de ses critiques contre les autorités de son pays natal.

L'Algérienne Saâda Arbane l'attaque pour violation de la vie privée dans son dernier roman Houris, accusation que l'auteur rejette. Mme Arbane, qui est une ancienne patiente de l'épouse psychiatre de l'auteur, a, comme l'héroïne du livre, survécu à un massacre pendant la décennie noire de guerre civile en Algérie.

«Ceux qui me pourchassent et me persécutent aujourd'hui, ce n'est pas la démocratie norvégienne, c'est la dictature algérienne, et donc ça devrait rester en tête de ceux-là mêmes qui viennent faire les procès des écrivains algériens», a-t-il estimé.

Avec AFP

 

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