Le PKK prêt à embrasser la vie politique turque
La coprésidente du PKK, Bese Hozat. ©Shwan Mohammed / AFP

Le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui a procédé vendredi à un premier désarmement, se dit prêt à embrasser la vie politique turque à condition que son chef historique Abdullah Öcalan soit libéré.

«C'est notre exigence première et une condition fondamentale» pour poursuivre le processus de paix, a insisté la coprésidente du parti, Bese Hozat, dans un long entretien à l’AFP, à l’issue d’une première destruction d’armes dans le nord de l’Irak.

Si «une loi à cet effet» est rapidement promulguée, «nous rentrons et tout peut être réglé en une semaine» jure-t-elle.

Abdullah Öcalan, 76 ans, est détenu par la Turquie depuis 26 ans sur l’île prison d’Imrali, au large d’Istanbul.

«Tant que ce ne sera pas fait, il est très peu probable que (ce processus) se poursuive avec succès», insiste Mme Hozat, 47 ans, qui a rejoint la guérilla kurde à l’âge de 16 ans et a brûlé son fusil vendredi avec une trentaine de combattants.

«L’État turc doit garantir la liberté physique d’Apo (oncle, en kurde : surnom de M. Öcalan, ndlr). Il doit bénéficier d’une garantie juridique pour diriger et gérer ce processus librement », martèle-t-elle.

Le parti demande d’ailleurs des garanties de sécurité pour ses combattants repliés dans le nord de l’Irak, afin qu’ils puissent regagner la Turquie.

«Sans garantie juridique et constitutionnelle, nous finirons soit en prison, soit par être tués», fait valoir la responsable qui relève que le PKK «n’existe plus», puisqu’il a prononcé sa dissolution lors de son congrès en mai.

«L’État turc doit nous accorder le droit de participer à la politique démocratique (…) Nous sommes prêts et disposés à nous engager».

Pour «une politique démocratique»

Mme Hozat rappelle encore qu’à la demande de M. Öcalan – «le guide» – «nous (le PKK) avons abandonné la stratégie de guerre de libération nationale».

«Nous avons maintenant franchi une étape symbolique. Nous avons démontré notre détermination de la manière la plus forte possible. Nous ne voulons pas mener de lutte armée contre la Turquie».

«Nous voulons venir en Turquie et nous engager dans une politique démocratique».

«Si la Turquie prend des mesures concrètes, promulgue des lois et met en œuvre des réformes juridiques radicales, si elle change, se transforme et devient réellement démocratique, nous nous engagerons dans la lutte politique».

«Nous devons pouvoir nous organiser librement en Turquie et au Kurdistan», insiste-t-elle. «Mais il faut adopter des amendements constitutionnels, des réformes juridiques profondes et sérieuses».

La responsable salue également les évolutions positives en cours en Syrie, avec l’arrivée du président par intérim Ahmad al-Chareh.

Elle note tout d’abord que «les attaques turques contre le nord-est de la Syrie ont cessé et (que) l’Administration autonome (kurde) du Nord-Est syrien négocie actuellement» avec Damas.

Elle plaide pour que la future Constitution syrienne «inclue toutes les communautés vivant en Syrie, leur permette de vivre librement, sur un pied d’égalité».

«L’Administration autonome du Nord-Est syrien mène toutes ses négociations sur cette base. Peut-on parler de normalisation ? Je l’ignore, mais il y a eu une détente», approuve-t-elle.

Le dirigeant militaire kurde syrien Mazloum Abdi, qui dirige les Forces démocratiques syriennes (FDS) – le bras armé de l’administration kurde – a rencontré jeudi le président syrien.

Les FDS, qui contrôlent de vastes territoires du nord et du nord-est de la Syrie, y compris des champs pétroliers et gaziers, réclament une gouvernance décentralisée que rejette Damas, hostile au fédéralisme.

Enfin, fait valoir la responsable du PKK, «notre lutte vaut pour la liberté des peuples du Moyen-Orient».

«Si la question kurde est résolue, le Moyen-Orient pourra véritablement se démocratiser. C’est pourquoi nous aspirons à cette solution partout, y compris en Iran. L’Iran doit se démocratiser. La question kurde doit également y être résolue sur la base de l’autonomie», estime-t-elle.

Rouba El Hussein / AFP

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