
La vengeance est un plat qui se mange chaud pour Jannik Sinner: cinq semaines à peine après sa cuisante défaite contre Carlos Alcaraz en finale de Roland-Garros, le N.1 mondial a battu son grand rival pour gagner son premier titre à Wimbledon.
Dans un match moins spectaculaire qu'à Paris et disputé dans une chaleur moite, l'Italien s'est cette fois imposé 4-6, 6-4, 6-4, 6-4 contre l'Espagnol de 22 ans, qu'il n'avait plus dominé depuis la demi-finale du tournoi de Pékin début octobre 2023.
"Serrer ce trophée dans mes mains, ça signifie énormément pour moi", a déclaré un Sinner à l'émotion contenue lors de la cérémonie d'après-match, avant de s'adresser à son rival, vaincu pour la première fois en finale d'un Grand Chelem après cinq titres.
"Continue sur cette voie, tu vas soulever de nombreux trophées supplémentaires", a pressenti l'Italien. "D'ailleurs, tu en as déjà deux" à Wimbledon, a-t-il malicieusement fait remarquer, déclenchant les rires du public.
Lauréat de l'Open d'Australie en janvier, Sinner a remporté sur le gazon londonien son deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison et pris sa revanche sur Alcaraz, qui avait réussi in extremis à défendre son titre à Paris après avoir sauvé trois balles de match.
Premier vainqueur italien de Wimbledon, hommes et femmes confondus, il a aussi brisé l'invincibilité d'Alcaraz, vainqueur de 24 matches d'affilée depuis le mois d'avril, la plus longue série de victoires de sa carrière.
La rivalité "croissante" entre les deux champions est "un cadeau pour notre sport", a estimé sur X la légende australienne Rod Laver.
"Dans la victoire ou la défaite, ils s'affrontent avec bonheur, classe et fair-play, c'est ce qui fait d'eux des champions", a-t-il ajouté sur le réseau social, qu'a également choisi Billie Jean King pour féliciter Sinner.
La victoire de Sinner à Wimbledon est son deuxième titre sur gazon, après l'ATP 500 de Halle (Allemagne) en 2024, et son premier depuis son retour de suspension début mai.
Contrôlé positif à un anabolisant en mars 2024, le N.1 mondial avait négocié avec l'Agence mondiale antidopage (AMA) un bannissement du circuit pour trois mois, au vu du caractère reconnu comme accidentel de sa contamination.
Sinner n'est désormais plus mené que huit victoires à cinq dans ses duels avec son cadet. Les deux joueurs se sont partagé tous les titres du Grand Chelem depuis l'Open d'Australie remporté par Jannik Sinner en janvier 2024.
La belle à New York ?
"Je veux une nouvelle fois féliciter Jannik, c'est un trophée amplement mérité", a affirmé Alcaraz quelques instants après sa défaite. "Je suis très heureux de construire une belle relation hors du court (avec Sinner), et une grande rivalité sur le court."
Sur un gazon londonien dont il a fait son jardin depuis 2023, Alcaraz s'est fait breaker le premier, sous les yeux du roi d'Espagne Felipe et du prince de Galles William, de sa femme Kate et de leurs deux aînés George et Charlotte.
Mené 4-2, l'Espagnol a retourné la situation pour s'adjuger le set 6-4 sur un revers en bout de course qui a laissé sur place Sinner et a ravi les tribunes du Central avides de tennis champagne.
Quelques jeux plus tard, un bouchon a d'ailleurs atterri aux pieds de Sinner, contraignant l'arbitre de chaise Alison Hugues à rappeler aux spectateurs de ne pas déboucher leurs bouteilles au moment où les joueurs s'apprêtent à servir.
Imperturbable après avoir pourtant laissé échapper quelques rares signes d'impuissance dans la première manche, Sinner a gagné le jeu et préservé le break d'avance qu'il avait arraché dès le premier jeu du set pour remporter la manche 6-4.
L'intensité du bras de fer est montée d'un cran dans le troisième set, gagnée 6-4 par Sinner sur un énième service gagnant.
Dos au mur, une situation où il excelle généralement, Alcaraz se faisait à nouveau prendre son service à 1-1, un handicap rédhibitoire et synonyme de premier sacre londonien pour le placide Sinner, qui s'offrait tout de même un chaleureux conciliabule avec Alcaraz au filet avant d'aller enlacer ses proches.
Dans le duel des nouveaux maîtres du circuit, la belle promet déjà d'être passionnante. Dès l'US Open (24 août-7 septembre) ?
Avec AFP
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